Salut aux Acadiens de la Louisiane!

Year
1910
Month
8
Day
4
Article Title
Salut aux Acadiens de la Louisiane!
Author
------
Page Number
02
Article Type
Language
Article Contents
Salut aux Acadiens de la Louisiane! Plusieurs représentants du rameau acadien de la Louisiane sont, cette semaine, à Québec, en qualité de délégués à la convention générale des Chevaliers de Colomb. Sous le titre « Salut aux Acadiens », L’Action Sociale de lundi leur consacre un sympathique article de bienvenue, que nous nous empressons de reproduire : Avec les Chevaliers de Colomb, nous arrive, aujourd’hui, de la Louisiane, un groupe assez considérable de descendants des fiers exilés de 1755. Des Caillouet, des Bourgeois, des Landry, des Mouton, des Hébert, entre autres noms qui nous sont chers – tous fils de cette race immortelle qui donna au monde, il y a cent cinquante-cinq ans, l’exemple d’une fidélité admirable à son Dieu et à sa langue maternelle, -- seront les hôtes de Québec, pendant les quelques jours que durera la convention des Chevaliers de Colomb. On connaît par cœur, dans tout le Canada français, les péripéties de cette lamentable odyssée de tout un peuple à travers le continent américain. Pas un élève de nos collèges qui ne soit capable de raconter, en détails, l’histoire émouvante de l’expulsion des Acadiens par l’infâme émouvante de l’expulsion des Acadiens par l’infâme Lawrence. Ce que l’on sait peut-être moins bien, c’est l’histoire, très belle aussi, de l’établissement en Louisiane, très belle aussi, de l’établissement en Louisiane, de 1764 à 1785, d’un groupe considérable de ces mêmes exilés, venus de la Nouvelle-Angleterre, du Maryland et de St-Domingue. Le 28 février, le commissaire de France en Louisiane, M. Foucault, écrivait à son ministre : « J’ai l’honneur de vous informer qu’il est arrivé ici, il y a peu de jours, plusieurs familles acadiennes, faisant nombre de cent-quatre-vingt-treize personnes. Elles ont passé de l’Acadie à St-Domingue où elles se sont embarquées sur un bâtiment marchand pour se rendre ici. » Dix années durant, des groupes d’immigrés acadiens se succédèrent ainsi sur les places publiques de la Nouvelle-Orléans. Leur pauvreté et leur affliction émurent nos frères français de la Louisiane, et les secours ne manquèrent pas aux malheureux enfants d’Acadie. Il en vint jusqu’à près de 4,000. Deux colonies acadiennes se fondèrent à leur arrivée, en Louisiane : l’une à la paroisse St-Jean-Baptiste, sur le Mississippi, à peu de distance au nord de la Nouvelle-Orléans; l’autre, au poste des Attakapas, aujourd’hui Saint-Martinville, à cent-cinquante milles environ à l’est de la Nouvelle-Orléans. M. Edouard Richard, dans son bel ouvrage « Acadia », donne le chiffre de 40,000 comme étant celui des Acadiens de la Louisiane, aujourd’hui. Ce groupe Acadien se tient bien encore, malgré la terrible poussée américaine et l’absense d’écoles françaises en Louisiane. Ce qui fait, surtout, qu’ils aient pu subsister comme Acadiens, dans cette fournaise gigantesque des Etats-Unis où se fusionnent presque toutes les races de la terre, c’est leur groupement autour du clocher paroissial, comme aussi leur attachement à la terre. Fidèles à la foi des ancêtres, terriens dans l’âme, les Acadiens de la Louisiane forment, aujourd’hui, la majorité dans un bon nombre de paroisses de l’ancienne colonie française. Ils ont même gardé, non seulement la langue maternelle, qu’ils parlent même encore à la campagne surtout, mais même le pittoresque parler du terroir acadien. Ils disent couramment encore, -- nous l’avons entendu de nos oreilles, -- « naviguer » pour voyager, « partance » pour « départ », « chandelles » pour « cierges », « drés » pour « dès que », « amarrer » pour « attacher », un chemin « méchant » pour un chemin « mauvais », « être dans les fardoches » pour être dans l’embarras, « fretta » pour « froid », etc. L’émotion nous gagnait, malgré nous, lorsque nous entendions sortir de la bouche de ces braves campagnards louisianais, ce vieux parler des ancêtres, qui est aussi beaucoup le nôtre et qui nous rattache si fortement, Acadiens et Canadiens-Français, à ce passé chargé de gloire qui est notre patrimoine commun. La race acadienne a l’honneur d’avoir fourni à la Louisiane des hommes d’Etat comme les gouverneurs Thibodeau, Mouton et Hébert, et des magistrats distingués comme MM. Jos. A. Breaux, juge en chef actuel de la Cour Suprême de l’Etat, Aucoin, de la Nouvelle-Orléans, et Caillouet, de Thibodeaux. Nous ne croyons pas commettre une indiscrétion en disant qu’aujourd’hui même, nous avons l’honneur d’avoir pour hôtes, à Québec, MM. les juges Caillouet, Mouton et Laîche, trois des plus distingués Acadiens de la Louisiane. A tous ces vaillants enfants des fiers exilés de 1755, « L’Action Sociale » est heureuse d’offrir, au non des Canadiens-Français, une sympathique et fraternelle bienvenue. Qu’ils sachent bien qu’ils sont chez eux, dans notre vieux Québec. Plusieurs d’entre eux, qui n’avaient jamais foulé encore le sol français de notre chère province, font, en ce moment, avec leur famille, un véritable pèlerinage national. Depuis longtemps, aux foyers acadiens de la Louisiane, on parlait de la future Convention de Québec en 1910. Comme d’une occasion extrêmement propice pour aller revoir le « vieux pays ». Nul doute que plusieurs d’entre ces nobles héritiers de la légendaire fidélité des enfants d’Acadie se rendront au Basin des Mines, pour jeter un regard attendri sur la terre consacrée par le sang et les larmes des ancêtres. A eux, encore une fois, ainsi qu’à tous les fils de la Louisiane française qui les accompagnèrent, nous sommes fiers d’adresser un fraternel salut. Espérons que les honorables juges Caillouet, Mouton et Laîche, et leurs compagnons acadiens de la Louisiane, feront à leurs frères du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse l’honneur d’une visite. Quel bonheur se serait pour nous tous de leur serrer la main à la grande assemblée de Memramcook, le 16 août, et à la convention de l’Assomption, à Church Point!