M. l'éditeur

Newspaper
Year
1889
Month
6
Day
12
Article Title
M. l'éditeur
Author
Wm. McLeod, Ptre.
Page Number
02
Article Type
Language
Article Contents
M. l’Editeur, Comme je crois que cela serait intéressant pour les lecteurs de L’EVANGÉLINE, je vous inclus un court récit relatif aux Acadiens écrit par moi pendant que je demeurais à Météghan en 1854. Le long de la rive sud de la Baie- Ste. Marie, en descendant à peu près 20 milles vers Yarmouth est situé Clare dont la population est de plusieurs centaines d’Acadiens, les descendants de ces neutres qui furent autrefois bannis de la province, mais qui revinrent dès qu’ils purent au pays cher à leurs cœurs d’une affection qui date de leur berceau. Pendant leur exil, ils visitèrent souvent la Nouvelle- Ecosse, et y venaient sur des chaloupes qu’ils s’étaient construits dans le Massachusetts; et quand ils obtinrent après plusieurs tentatives la permission de revenir, ils vinrent sans plus de délai en cette partie du comté, ou plusieurs se sont établis et ont prospéré. Ils occupent certainement une belle portion de la province, le sol de laquelle est fertile et sur les rivages de laquelle la mer dépose de l’engrais en abondance pour enrichir le sol quand cela devient nécessaire. Le poisson donne aussi sur cette côte. Et bien que les Acadiens dépendent surtout sur l'agriculture ils sont pêcheurs en certaines occasions, et ils transportent le surplus de leurs produits de la terre et de la mer de l’autre côté de la Baie de Fundy pour les vendre à St. Jean, N.-B. Ils subviennent facilement à leurs besoins; et heureux, contents et sans ambition, conservant les mœurs et coutumes, la langue et la religion de leurs pères, ils semblent n’avoir rien à désirer, et ils jouissent probablement d’autant de bonheur que permis à la nature humaine. Ici a vécu et a présidé pendant à peu près trente ans, un homme que le démon de la révolution a chassé de la France : “Happy Acadia! Scarce eighty summers yet have blessed thy clime; (How short a period In the page of time!) Since savage tribes, with terror in their train, Rushed o’er thy fields and ravaged all thy plain; And now how changed the scene!" LE 10 DE SEPTEMBRE A CLARE. Le 10 du courant, le centième anniversaire de la cruelle expulsion des Acadiens de cette province par les Anglais, le 10 septembre, 1755, l’église de St. Martin, à Météghan, était remplie comme en un jour de fête sollennelle par un grand concours de peuple, prouvant ainsi combien désireux ils étaient de se conformer à la requête de la dernière et magnifique lettre pastorale de Mgr l’archevêque; et combien fermement attachés ils sont à la foi catholique pour la quelle leurs ancêtres ont souffert tant de persécution, et la perte de tout ce qui leur était cher. Les femmes méritent beaucoup de louanges et de crédit pour l’élégance qu’elles ont mise à cette occasion, dans les décorations de l’autel et de l’église. L’autel était de fait enjolivé de nombreuses lumières et quantité de fleurs, et cela avec beaucoup de bon goût. Les Litanies de la Ste. Vierge furent récitées avant la messe d’actions de grâces, à laquelle un grand nombre de fidèles se sont approchés de la table-sainte. Pendant l’éloquent sermon prêché par l’abbé McLeod, un grand nombre paraissaient beaucoup touchés, surtout quand il fit allusion à feu l’abbé Sigogne, qui a été pendant plus d’un demi-siècle leur pasteur, leur ami et leur bienfaiteur. Après la messe il y eut procession au cimetière adjacent, où reposent les cendres de beaucoup des exilés de 1755 qui revinrent, et qui est à une courte distance des vagues alors ensoleillées de la magnifique Baie, à laquelle leur piété donna, de leur vivant, le beau nom de Marie, celui de l’Immaculée et de la glorieuse Reine du ciel. Là, comme ils entraient on entendit les cloches sonner des notes tristes qui semblaient invoquer les esprits des exilés morts ici, pour qu’ils se réjouissent à la vue d’une telle multitude de leur descendants priant et pleurant sur leur tombes mélancoliques. Comme avec une croix brillante réfléchissant les lumières du soleil, et de gentilles bannières se déployant aux précoces brises automnales, nous retournions à l’église pour clore les cérémonies du jour, je me souvins de ces lignes d’un poète bien connu, écrites à “ la mémoires des morts : “Forget them not! though now their name Be but a mournful sound, And their image dim the sky, Yet, yet forget them not! Nor where their love and life went by Forsake the spot!” Les Acadiens des districts de Clare sont des gens vraiment bons et pieux. Ils sont fermement attachés à la foi, “ une fois donnée aux saints,’’ malgré les nombreux vains efforts qui ont été tentés de temps à autre de faire du prosélytisme parmi eux. Ils prennent plaisir à faire l’hospitalité aux étrangers, et, la charité aux pauvres, quelque soit la nationalité ou la croyance de ces derniers. Au milieu des jouissances d’heureux foyers, et sur des terres aussi fertiles et belles qu’on en puisse trouver dans la Nouvelle-Ecosse, ils ont peu de raisons de regretter la perte de la bien aimée Acadie de leurs ancêtres. On peut dire qu’ils ont jusqu’ici conservé beaucoup de la simplicité de manières et de la douceur de caractère dont parle l’histoire en faisant allusion à leurs pères, les bons vieux Acadiens. WM. MCLEOD, Ptre. [A suivre]