M. l'éditeur

Newspaper
Year
1889
Month
6
Day
5
Article Title
M. l'éditeur
Author
Henri L. D'Entremont
Page Number
02
Article Type
Language
Article Contents
M. l’Editeur, C’est avec infiniment de plaisir que j’ai lu la communication d’Alpha et que j’ai constaté l’opportunité de ses suggestions. En passant, sa collaboration sous n’importe quelle forme, que l’écrivain soit poète ou prosateur, est toujours intéressante. Comme une suggestion en fait naître une autre et que de bonnes suggestions ont pour tendance naturelle d’améliorer les choses, j’ose croire qu’on ne trouvera pas déplacé que je fasse aussi une suggestion. Et pourquoi en jugerait-on ainsi quand je sais que mes compatriotes, les Acadiens ne manqueront pas d’endosser de telles suggestions, car on est l’enfant de l’héroïque Acadie qui n’ait pas répondu généreusement à l’appel quand il s’est agi de la promotion de la plus noble des causes. C’est maintenant pour la nation l’occasion favorable de donner des preuves de sa générosité, et de montrer en même temps à l'univers entier qu'elle n’a pas oublié la mémoire d’un homme qui fut un apôtre parmi les Acadiens de son temps ; un homme qui a travaillé pendant de longues années comme un bon Samaritain, au Salut des âmes, ci et là dans l’étendue de son petit territoire, prêchant les lumières de l’évangile à tous et donnant partout l’exemple constant de la charité et du devoir accompli. L’abbé Sigogne,—Combien de fois n’ai-je pas lu ce nom bien-aimé dans les annales de notre histoire (combien de fois n’ai-je pas entendu ma mère en parler avec respect) et quelle vénération instinctive nous nous sentons-nous mêmes pour ce saint homme? Nous pouvons porter cette vénération plus loin, et je me permets d’en appeler à tous mes compatriotes pour considérer ma proposition. Ouvrons une souscription en vue de réaliser la somme nécessaire pour l’achat d’un monument digne de cet homme illustre, de cet apôtre qui a été un si grand, un si dévoué protecteur des Acadiens. Il y a au delà de 100,000 français dans les provinces maritimes, tous descendants de ces “quelques Acadiens exilés qui retournèrent au milieu de leur malheureuse patrie, et si chacun de ces 100,000 individus contribuait 10 centins, nous pourrions élever au prix de $10,000 un beau monument à la mémoire de cet intrépide apôtre. Que les curés de paroisse demandent à chacun des membres de leur troupeau de contribuer leur obole en faveur de cette œuvre de gratitude, et je suis convaincu que par ce moyen, un monument digne des enfants de l’Acadie et de la mémoire de feu l’abbé Sigogne, leur ancien aviseur dans les bons et les mauvais jours, brillera bientôt au soleil du pays où il a répandu ses bienfaits. Et, M. l’Editeur,—Je ne vois nulle personne mieux qualifiée pour prendre possession du gouvernail de la barque acadienne dans cette entreprise, que votre vaillant collaborateur Alpha. Qu’en pensez-vous, M. l’Editeur? Qu’en pensent mes compatriotes? Je sais qu’un appel en vue de cette grande et noble entreprise ne serait pas en vain. Sursum corda ! HENRI L. D’ENTREMONT. Peabody, Mass., 24 mai.