Pas a notre langue

Newspaper
Year
1887
Month
12
Day
28
Article Title
Pas a notre langue
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
PAS A NOTRE LANGUE “It is the separatist spirit that we think is manifested in the ambition to maintain a French newspaper in our English-speaking colony of Nova Scotia that we object to, in our contemporary L’ÉVANGÉLINE, and not any antipathy to cette langue française si belle, si riche, etc.”— Windsor Tribune, dec. 24. La pauvre Tribune! ne faut-il pas qu’elle soit sans vergogne? Ce n’est pas à notre langue si belle, si riche, si sympathique qu’elle en veut, non, chante-t-elle sur sa lyre discordante, c’est à notre ambition qui est de faire maintenir en honneur le culte de la langue française chez les acadiens de cette Province. Ce n’est pas raisonnable, insinue-t-elle, nous sommes dans une colonie anglaise! Oui da! dans une colonie anglaise!?! Et les français de la Baie Ste-Marie, La Tribune voudrait qu’ils fussent aussi plus anglais que les anglais eux-mêmes? c’est ce qu’elle semble prétendre, mais, croyons-nous, elle caresse une utopie, les acadiens ne sont pas si mollement indifférents au culte des vieilles coutumes de leurs pères. Il y a des francophobes dans la Province d'Ontario, et d’après les agissements mal fondés de la Tribune de Windsor, il s’en trouve un certain groupe dans la Nouvelle-Ecosse. Allons, chère chouette! rengainez votre épée, vous sortez là tout simplement sur les rives enchanteresses de St. Michel; et avant que votre cause triomphe par la philosophie, vous serez enfoncée jusqu'au cou. Appelez Grand Pré, Windsor; Port- Royal, Annapolis; donnez toutes les couleurs de l'arc-en-ciel à votre égoïsme, la Nouvelle-Ecosse n’en restera pas moins une colonie mi française mi anglaise, et ce qu'il a de certain comme deux fois deux font quatre, les Acadiens ne seront jamais plus anglais que vous-même, pauvre sœur! Vos déductions sont trop abstractives, vous avez tout bonnement une philosophie de circonstances. Tâchez de vous composer une allure plus concrète, et après, au lieu de divagner in abstracto, vous raisonnerez en homme in concreto. Pour votre santé, faites une promenade rétrospective; à moins que vous ne soyiez pas familier avec l'histoire du pays, vous savez quelle direction prendre. Si vous êtes franc autant que vous voudriez l'être, vous serez bientôt de retour au bon sens et à la raison. Bon voyage et au revoir ma chère Tribune!