Grande Démonstration à Witney Pier

Year
1909
Month
9
Day
2
Article Title
Grande Démonstration à Witney Pier
Author
Observateur
Page Number
01
Article Type
Language
Article Contents
Grande Démonstration à Witney Pier Dimanche, le 15 août, Whitney Pier était le théâtre auguste de démonstrations grandioses et magnifiques. Rien n’avait été épargné pour donner à cette imposante fête à la fois religieuse et patriotique le plus magnifique aspect possible. Jamais il n’a été donné aux Acadiens de cette partie de l’île du Cap-Breton de participer a des manifestations aussi patriotiques, et nous pouvons dire avec joie qu’elles ont été couronnées d’un grand succès, même au-délà de nos espérances. Peut être qu’elles ne furent pas aussi sublimes que celles de Shédiac ou autres, mais ce fut avec le même feu sacré du patriotisme acadien. Le matin, à la messe, les assomptionistes allaient en corps à la table sainte recevoir Jésus-Hostie. Oh! qu’il était imposant de voir ces fiers acadiens se prosterner humblement au pied de l’autel pour invoquer leur patronne, l’Immaculée Conception. Sans doute, ils ne manquèrent pas d’invoquer cette bonne Mère, elle qui est “l’Etoile providentielle” des Acadiens et qui surveille du haut du ciel nos destinées ici-bas, afin que dans cette vallée de larmes elle les éclaire et les dirige comme elle a éclairé et guidé nos nobles ancêtres dans les nombreuses tempêtes qu’ils ont eu à essuyer, et qu’elle répande sur cette vaillante race acadienne ses précieuses bénédictions. Dans l’après midi, il y eut grande réunion publique, dans la salle “Imperial”, des trois succursales suivantes : la succursale Bras d’Or, de Whitney Pier, la succursale G. M. LeBlanc, de Glace Bay. Ces deux dernières, invitées par la succursale Bras d’Or, se firent un point d’honneur de venir ici chômeur avec nous la grande fête de l’Assomption, afin de réchauffer le feu sacré du patriotisme acadien et resserrer davantage les liens de fraternité qui existent entre ces trois succursales. La salle s’ouvrit à 3 heures, sous la direction de M. Alexandre J. Doucet. L’assemblée commença par un morceau de musique qui fut exécuté par la fanfare de la Ligue de la Croix. Cette pièce de musique fut exécutée avec entrain et harmonie. M. Doucet lut trois lettres de regrets de ne pouvoir assister à cette réunion publique : une du Révd A. H. Cormier, professeur : une du Révd A. H. Cormier, professeur au collège d’Antigonish, une de M. l’abbé P. LeBlanc, curé de Chéticamp, et une troisième de M. Thomas Gallant, avocat à Port Hood. Il fut beaucoup regretté que ces hauts personnages se trouvaient dans l’impossibilité de prendre les places qui leur avaient été désignées; mais si leurs personnes étaient absentes, leurs cœurs étaient avec nous. M. Doucet fut interrompu par l’arrivée du Révd Père McInnis, curé de la paroisse. Une acclamation forte et sincère démontra le plaisir que causait sa visite. Il nous adressa la parole en anglais, ne sachant le français, et félicita les Acadiens de leur dévouement à la bonne cause. M. Charles Gallant fut ensuite invité à occuper le siège présidentiel. M. le président adressa la parole et après avoir parlé dans des termes choisis, il présenta à l’auditoire M. Joseph C. Boudreau, agent de compagnies d’assurance. Ceci provoqua une salve d’applaudissements. L’orateur, avec l’habileté qu’on lui connaît, égaya l’auditoire. Il parla d’une manière éloquente touchant la fête de l’Assomption, les Acadiens, leur histoire, la Société Mutuelle de l’Assomption et la grande importance d’y être enrôlé. Il insista beaucoup sur ce dernier point. Inutile de dire qu’il fut chaleureusement applaudi. M. Adélard Chiasson fut ensuite invité à porter la parole. Il fit un discours fort éloquent. Il expliqua le but pour lequel cette noble et généreuse Société l’Assomption a été introduite dans nos paroisse, l’état où en étaient rendus les Acadiens sans éducation, et parlant de la Société l’Assomption, il appuya fortement sur la caisse écolière. M. A. J. Doucet, avec l’éloquence qu’on lui connait, prononça un discours fort bien pensé et réfléchi. Il parla de nos ancêtres, les premiers qui ont colonisé le Nouveau Monde, le passage douloureux de l’évènement de 1755, et sur la nécessité de continuer dans l’avancement de la Société l’Assomption. Il parla aussi sur un point capital : mêler la politique dans les assemblées assomptionnistes. Faisant allusion à certaines succursales, il dit que c’était pénible de voir qu’on mêlait la politique à l’Assomption. Nous sommes très reconnaissants à M. Doucet de nous nous avoir suggéré cette bonne idée, et nous sommes certainement de sons avis. Vouloir mêler la politique à l’Assomption? Mais dans quel but, est-ce pour fraterniser? Ce que nous voulons, ce n’est pas la discorde, non, c’est la concorde. Rappelons-nous que concorde et discorde ne sont pas synonymes, mais bien anonymes. Il y a un temps pour la politique, et ce n’est pas là le temps. Que ces membres là comprennent la philosophie de la vie : “Chaque chose a son temps”. En introduisant ainsi la politique, ils risque de voir leur succursale tomber en décadence, ce qui serait bien malheureux. Mais ceci est une digression. M. Doucet termina en félicitant les visiteurs d’avoir répondu si généreusement à son appel. Le dernier à porter la parole fut M. Placide LeBlanc, élève assomptionniste au collège de Memramcook, N. B. Il parla d’une manière à ranimer le patriotisme de tout l’auditoire. Il donna un bref exposé des Acadiens et de la Société Mutuelle de l’Assomption, le bien qu’elle accomplit. Il parla avec éloquence sur l’émigration de nos Acadiens à l’étranger, ce qui est, dit-il, un grand obstacle à l’avancement du progrès matériel et spirituel dans notre chère Acadie. Après ces discours terminés, chacun sentit dans son cœur le patriotisme se réveiller. L’assemblée se termina par le chant national de l’Ave Maris Stella. Chacun s’en alla emportant avec soi un glorieux souvenir de cette journée. Observateur.