A propos “d’Acadia”

Year
1909
Month
4
Day
15
Article Title
A propos “d’Acadia”
Author
O. H.
Page Number
8
Article Type
Language
Article Contents
A propos “d’Acadia” M. J. E. Prince, avocat et professeur à l’Université Laval, a fait hier soir, dans la salle des Cours littéraires de l’Université, devant un public attentif et nombreux, une fort intéressante conférence sur l’auteur “d’Acadia”, Edouard Richard, et son œuvre. Les sujets varient, mais l’intérêt ne faiblit point aux jeudis de l’Université. La conférence de M. Prince su l’auteur “d’Acadia” faisait une excellente suite à l’étude sur la Tuberculose, si précise, si claire et d’une langue merveilleuse limpide, de M. le docteur Rousseau. Le sujet était profondément intéressant à plus d’un titre. L’histoire de l’Acadie est l’un des drames les plus passionnants, les plus tragiques que l’on puisse imaginer. Il nous touche de très près, puisque les Acadiens sont nos frères par le sang et par la foi et que les fils des déportés de 1755 constituent un élément important de notre population actuelle. Il est peu de familles canadiennes françaises qui n’aient dans les veines quelques gouttes de sang acadien et qui n’en soient très fières. D’autre part, la vie de l’auteur “d’Acadia” est à peu près ignorée et son œuvre trop peu connue dans les milieu canadiens français. Elle a obtenu pourtant dans les milieux anglais un retentissant succès et contribué, dans une large mesure, à rectifier, sur la question acadienne et sur la Déportation en particulier, l’opinion anglaise. Par là, elle a rendu aux Acadiens et à la race française tout entière un immense service. Richard avait sacrifié au succès immédiat et pratique, j’entends à la destruction de préjugés funestes, les acclamations qui lui seraient venues de ses compatriotes si l’ouvrage avait d’abord été publié en français. Il l’avait tout de suite jeté dans le public de langue anglaise, parce que c’est là surtout qu’il important de rétablir les faits. Le texte français “d’Acadia” n’a pas été publié malheureusement. Espérons qu’une main pieuse accomplira bientôt ce que Richard, pressé par la mort, n’a pu faire lui-même. L’œuvre n’est point parfaite, M. Prince l’a critiquée avec une très louable liberté, mais elle marque une date dans l’étude des sources de l’histoire acadienne. Pièces et documents en main, Richard a cloué au pilori deux individus au moins qui ne s’en échapperont point : Lawrence, l’auteur principal de la Déportation, et Akins, le falsificateur des Archives acadiennes, l’homme qui, chargé de recueillir les documents relatif à l’histoire de l’Acadie, à supprimé ou arrangé une partie des pièces. Cette seule exécution, et elle ne résume point tout le livre, loin de là, suffirait à assurer à Richard la reconnaissance de ses compatriotes. Petits fils de déporté, il a pu se dire aussi qu’il avait noblement acquitté sa dette envers ses pères. Nous remercions M. Prince d’avoir rappelé sur l’auteur “d’Acadie” l’attention d’un public canadien français. Nous espérons que son étude sera intégralement publiée, pour que l’effet en soit plus général et plus profond. O. H. L’Action Sociale