Un mot de réponse

Newspaper
Year
1888
Month
10
Day
17
Article Title
Un mot de réponse
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
UN MOT DE REPONSE En réponse à la question singulière autant qu’inattendue que nous posait M. l’abbé Quinan, dans une note jointe à son étourdissante réplique à “Cap-Breton,” nous n’avons que peu de chose à dire. En premier lieu, nous ne sommes pas tout-à-fait d’accord sur la teneur de la lettre de “Cap-Breton.” Ce dernier ne veut pas voir la langue française réléguée à l’arrière plan, et de là sa surprise, ses remarques. Nous ne croyons pas qu’il ait voulu “inaugurer un système d’espionnage sur la conduite du clergé de langue anglaise!” Le fait d’un sermon en anglais critiqué au point de vue de l’opportunité où des circonstances ne saurait être, selon nous, une critique de la conduite du clergé de langue anglaise. Le correspondant blâme le choix de la langue dans laquelle fut donné le sermon et non la conduite du prédicateur. Pareilles choses sont censurées dans les journaux catholiques de nos grandes villes, et pour cela on ne les considères pas excommuniés ipso facto. Critiquer la conduite morale d’un prêtre ou un point de sa doctrine appartient à l’ordinaire de son diocèse; comme simple citoyen, il a, sans doute, droit à plus de menagements, mais il ne saurait quand même échapper à la critique, même de la presse, s’il s’expose à la critique. Dans le cas de M. l’abbé Quinan, le correspondant s’est montré amoureux outré de la langue française et non pessimiste à l’endroit du clergé parlant la langue anglaise. Au reste, comme l’explique M. l’abbé Quinan, le sermon fut prêché en langue anglaise à la prière de M. le curé Macpherson et non pour satisfaire à un caprice national. Eut-il voulu prêcher dans la langue de son pays, son auditoire se fut trouvé aussi embêté que le sténographe qui voulait copier le discours de Daniel O’Connell; il eut entendu parler l’orateur dans la belle et poétique langue celtique!?! Une preuve du dévouement de M. l’abbé Quinan se traduit dans sa connaissance parfaite de la langue de nos ancêtres, et nous croyons réellement qu’un cœur français bat dans la poitrine de ce noble et courageux irlandais. Lui contester son zèle et son dévouement ne serait pas reconnaître ses plus beaux titres de gloire. Règle générale, sans excepter M. l’abbé Quinan, le clergé Irlandais est très sympathique au peuple Acadien. Quant au rôle de L’EVANGÉLINE, il est entre les mains de son fondateur. L’Editeur-Propriétaire dirige le journal et non nos correspondants. Les colonnes de L’EVANGÉLINE ont été ouvertes à la critique, mais elles ont rendu même justice à la réplique. Si les choses ont été mal représentées, tant pis! Le public intéressé sait à quoi s’en tenir maintenant. C’est notre ultimatum.