la Langue Française dans les Eglises

Newspaper
Year
1911
Month
7
Day
4
Article Title
la Langue Française dans les Eglises
Author
Observateur
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
LA LANGUE FRANCAISE DANS LES EGLISES Les plaintes légitimes qui se répètent partout, surtout en Acadie, par rapport à l’abstention du parler français dans les églises où la majorité est française et même où il y a un contingent considérable d’Acadiens, quoique non en majorité, causent un grand mal à la religion. Le refus de reconnaître aux Acadiens le droit d’entendre la prédication évangélique dans leur langue maternelle, dans les églises qu’ils ont bâties, et des pasteurs qu’ils supportent de leurs deniers, est une injustice d’abord et contraire à l’esprit de l’évangile cela est clairement démontré depuis la fondation de l’Eglise par Notre-Seigneur lui-même : “Allez enseignez toutes les nations”; et les Acadiens ne doivent pas faire exception. Le Divin Maître en autorisant de parler et d’agir en son nom, a voulu que tous les membres de l’Eglise catholique fussent initiés à la foi et la conservassent par la prédication, c’est pourquoi il avait accordé aux apôtres le don des langues. Tous ceux qui entrent dans la milice du Seigneur doivent s’y préparer en apprenant les langues du pays où ils sont appelés à exercer le ministère pastoral. Un pasteur n’est pas pasteur véritable à moins qu’il ne soit en état de donner à ses brebis la nourriture qui leur convient. Le Saint Pére, en autorisant la communion de ces jeunes enfants, veut sans doute qu’ils comprennent ce qu’ils font et leur refuser le pain de la parole au moment où ils reçoivent le pain eucharistique c’est s’écarter de son devoir. De plus d’un siècle, les Acadiens ont été privés, dans les villes épiscopales et dans de nombreuses paroisse, du droit acquis par la loi naturelle et divine, de recevoir l’instruction religieuse dans une langue qu’ils comprenne. Dans plusieurs cas, des curés connaissant la langue française (ils devrait au moins la connaitre) ne disent pas un mot dans la langue de la majorité de leurs auditeurs, avides d’entendre la parole de Dieu, lorsqu’ils sont acadiens. Maintenant que dire des minorités considérables de cette population dans nos compagnes. On prétend par ce moyen barbare, assimiler nos populations. Est-ce que par hazard il faut absolument parler l’anglais, pour arriver au ciel? Ce n’est pas ce que prétend l’Eglise catholique, apostolique en romaine. On dira : pas de distinction dans l’Eglise, pas d’exception pas de préférence non plus. Surtout en Acadie, c’est ingratitude, c’est un crime de refuser à cette bonne et dévouée population le pain qu’elle réclame avec tant de droit, et de lui offrir que des pierres en échange. On donne comme un fait que, à l’occasion de l’ordinaire de trois prêtres acadiens (ils étaient les seuls candidats), leurs parents, venus de loin, avec les amis, pour assister à cette imposante cérémonie, furent nourris de deux instructions en anglais; pas un mot en français. Pourtant ces lévites avaient reçu leurs éducation complète aux dépens de leurs pauvres parents qui s’étaient imposé de nombreuses privations pour donner des ministres à l’Eglise. Pas un remerciement. N’est-ce pas décourager le zèle et le dévouement pour l’éducation du clergé, pour la construction des cathédrales, des évêchés, des collèges des églises, etc. Le mépris pour des bienfaiteurs ne saurait attacher des sujets à la religion, à l’Eglise et aux pasteurs de l’Eglise. Les Acadiens sont de fervents catholiques; qu’ils soient traités comme tels, et non comme des parias dans leur propre pays, et l’Eglise y trouvera son profit. Observateur.