Par-ci Par-là

Newspaper
Year
1907
Month
3
Day
14
Article Title
Par-ci Par-là
Author
Sylvain
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
Par-ci Par-là Sylvain Voilà la Mi-Carême qui nous arrive. La "Mi carême" vous a-t elle" fait des présents quelques fois? Moi je me souviens l'avoir vue plusieurs fois pendant mon enfance. Elle me fit présent d'un gros "pain d'suc" une fois en m'avertissant qu'il se changerait en savon si je faisais encore mon [illisible]. La bonne Dame, sous sa grosse "couverte", me parlait dans un langage dont le timbre de voix ressemblait étrangement à celui de ma tante Marguerite. Mais lorsqu'elle allongea le bras pour me présenter le précieux cadeau, mes doutes furent confirmés par l’apparition de la main si familière de ma tante, surtout par sa bague d’argent dont elle était si fière, et que mon oncle Laurent lui avait apporté de la "Ville" il y a bien longtemps. Ces bonnes vieilles coutumes disparaissent trop vite, hélas! de parmi nous. Les exigences de la vie moderne ne nous laissent plus de loisir pour perpétuer ces belles légendes du "bon vieux temps". Nos enfants deviennent de plus en plus précoces. La poésie et les inoffensives illusions du jeune âge cèdent le pas à la ru le prose et le réalisme du vingtième siècle. Peut-être en est-il mieux ainsi : laissons le fait à discuter aux éthologistes; mais tous, nous voyons les[mot illisible] et coutumes de nos ancêtres disparaître avec regret. Vous avez sans doute lu le rapport annuel des officiers de la Société de l'Assomption. Cinquante deux succursales; 2.658 membres; un déboursé de $5,762.92 en bénéfice de marche; $1,054.92 pour la caisse écolière; $4 421.64 pour l'administration, et il reste encore 5,7000.00 en caisse! On nous fait remarquer de plus que le nombre de membres enrôlés depuis le 1er sept. 1906 s'élève à 1,232. Nous avons lieu d'être fiers du progrès de notre Société Nationale. L'énergique Secrétaire financier Général y est pour beaucoup dans ce succès, car depuis 12 mois, il a fait un travail de géant en parcourant les principaux centres acadiens et en y fondant des succursales nombreuses et florissantes. Bravo! M. LeBlanc. Honneur à M. le Président Général Gaudet et ses vaillants collègues. On a pu avoir ses doutes aux débuts de notre Société, mais ce rapport eu fait assurément disparaître les derniers vestiges, et tout vraie patriote ne peut refuser d'en faire partie, s'il a à cœur les intérêts religieux et sociaux de la race acadienne. Nous sommes heureux d'apprendre, parce même rapport, que la prochaine assemblée générale du 15 août 1907, aura lieu à la Pointe de l'Eglise, N. E. Nous nous y rendrons tous pour fêter l'Assomption de notre glorieuse Protectrice et pour fraterniser avec nos co sociétaires des Etats Unis. En avant l'Assomption, et vive l'Acadie. Si nos compatriotes de la Nouvelle Angleterre nous ont dotés d'une Société Nationale, les acadiens de notre Ile St. Jean ne sont pas en arrière en organisant une Société de sécours mutuel. Depuis plusieurs mois L'IMPARTIAL annonce le prospectus de l’Association Acadienne et mutuelle ce Bénéfice en Maladie", incorporée sous les lois de la Province de l'Ile du P. E. Le but est d'unir tous ses membres par des liens de confraternité et de protection mutuelle. Pour devenir membre, il faut être Acadien-Français : ne pas dépasser l'âge de 70 ans, et n'avoir pas moins de 18 ans, et payer la somme de 25 centins par mois. Les bénéfices sont $3.00 par semaine, pour 4 semaines, en cas de maladie, et $5,00 à la mort. On peut être admis membres sociétaires pour ceux dont l'âge serait trop avancé pour être membre à bénéfice, et c'est la seule association qui reçoit des membres à bénéfice jusqu’à l'âge de 70 ans. M, Benoit Richard en est le Président et M. Sylvain F. Gaudet, Secrétaire. Adresse : Tignish, Ile du P. Edouard. Mardi le 19 mars, il y aura une conférence sur la Mutualité à Tignish sous les auspice de cette Association. Le vingtième siècle est à la mutualité. Les associations de ce genre foisonnent partout dans les deux Amériques. Plusieurs sont ouvertement anti-chrétiennes, les autres se disent neutres; mais toutes, elles constituent un danger plus ou moins éloigné pour notre foi Catholique. Puisque l'Evangile nous dit que celui qui aime le danger y périra, quelle folie inqualifiable, donc, ne commet-il pas, l'acadien qui s'enrôle les yeux fermés dans ces sociétés suspectes ? Quelle nécessités peut-il invoquer, puisque l'Assomption et l'Association Mutuelle sont là pour rencontrer son louable désir de se protéger et les siens, contre des mauvais jours ? Voyons, soyons patriotes et catholiques avant tout. Faisons la sourde oreille aux propositions alléchantes des sociétés suspectes, et emôlons-nous bien vite dans nos sociétés nationales et catholiques, qui nous offrent des guaranties de bénéfices, sinon aussi considérables pécuniairement, au moins nous protègent du bouclier de la folie nos pères;—car, à quoi nous servirait-il de gagner tout l'univers, si nous venions à perdre notre foi, et perdre notre récompense éternelle à la fin de nos jours ? Il y a quarante ans, nous n'avions pas de collèges ni même d'écoles pour l'éducation supérieure de nos jeunes gens—Aujourd'hui, nous avons l'Université St, Joseph de Memramcook, le Collège Ste. Anne de Church point et le Collège Sacré- Cœur de Caraquet. Résultat, — une trentaine de prêtres, trois sénateurs, un juge de la Cour Suprême, des députés, des avocats, des médecins, des instituteurs, et nombre d'hommes instruits qui font honneur à leur nationalité et leur pays dans toutes les sphères de l'agriculture, du commerce et de l'industrie. Longtemps,—trop longtemps, —l'Acadien fut timide-même peureux, surtout du grand cauchemar, les Anglais. Peut-être nos bonnes mamans y étaient-elles pour quelque-chose, car qui ne se souvient d’avoir été épeuré par la terrible menace que "l'anglais lui couperait les oreilles s'il n'était pas bien tranquille et obéissant." La persécution, la misère et l'ostracisme quasi-complets, doublés du manque d'éducation, même élémentaire, l'avait rendu presqu'esclave des autres nationalités et une quantité négligeable dans la régie de la chose publique. Avec l'arrivée en scène du Rev. S. E. Poirier, cet état de chose commença à disparaître. Ensuite vint la fondation du Collège St. Joseph et du Collège St. Louis dont l'influence se fit sentir immédiatement au Nouveau Brunswick et, d'une manière plus ou moins sensible, dans les provinces soeurs de la Nouvelle-Ecosse et de l'Ile St Jean. Cette époque mémorable marqua la régénération intellectuelle du peuple Acadien. Les Lafrance, les Lefebre et les Richard en furent les apôtres dévoués et infatigables. L'élan était donné, et, comme conséquence, il nous fut donné de saluer la pléiade de compatriote éminents que j'ai énumérés plus haut. Est-ce à dire que nous devons en rester là, et qu'il n'y a plus qu'à jouir du fruit des sacrifices de nos pères ? Non, certes! A vraie dire l’œuvre ne fait que de commencer, surtout pour nous Acadiens de l'Ile St. Jean. Nous avons, il est vraie, gagné du terrain en arrachant des concessions notables pour l'enseignement du français dans nos écoles depuis vingt ans; mais n’allons pas nous imaginer qu'il ne reste plus rien à faire excepté jouir des quelques bribes de justice que l'on nous a concédées à regret. Le succès obtenu par nos frères de la Grand terre nous est possible, à proportion gardée, si nous nous imposons les mêmes sacrifices et si nous montrons la même bonne volonté. L'éducation supérieure pour nos jeunes gens s'impose—à nous de mener la chose à bonne fin. A quoi bon des beaux sentiments, des belles phrases, des discours patriotiques le jour de notre fête nationale. Si cela n'aboutit à rien faute d'encouragement pratique pour les beaux projets qui font le thème de nos si belles démonstrations à l'occasion de la célébration de l'Assomption tous les ans. Patriotes montrez votre zèle pour l'éducation de vos enfants en inscrivant vos noms sur la liste ouverte par L'IMPARTIAL dans ce but. Si les moyens ne vous permettent pas de souscrire $t100 ou $50, souscrivez en $ 25, $10, $5 ou même un dollar. Tout le monde sait que les acadiens ne sont pas fortunés, mais ils sont nombreux, et l'union fait la force. "Qui veut la fin prend les moyens". J'espère pouvoir être plus régulier à l'avenir, M. Buote. Inutile pour mol de faire des excuses pour mon long silence : "qui s'excuse s’accuse". Au revoir, à la semaine prochaine. SYLVAIN.