Collège français A l'Ile.

Newspaper
Year
1907
Month
1
Day
31
Article Title
Collège français A l'Ile.
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Collège français A l'Ile. Je constate avec un extrême plaisir que la question, d'un Collège acadien, qui fut émise il y a bientôt cinq ans, prend du corps, commence à se destiner sur l'horizon national du jardin du Golfe. Plusieurs bonnes suggestions ont déjà été faites, ayant chacune leur mérite respectif; je comprends par là que le projet est étudié au moins par un certain nombre de zélateurs. Ne pourrait-on pas faire ce nombre plus grand, intéresser plus de nos bons Acadiens à cette œuvre capitale pour notre Province-sœur? En avant, patriotes de l'Ile! L'édification d'un Collège coûterait, l'ameublement compris, cinquante mille dollars, disons. Combien de temps, si tous les Acadiens de votre prospère Province se mettaient à l'œuvre, leur clergé en tête, faudrait-il pour amasser cette somme? Il est reconnu que les fêtes champêtres ou pique-niques ont de très-grands succès financiers chez-vous. Ou m'a dit souvent qu'on réalisait dans les quinze cent dollars en un jour. Des pique-niques s'organisent à peu de frais, sans qu'il en coûte gros aux paroissiens autre qu'un peu de temps et de fatigue. Qu'on s'organise pour le prochain été et qu'on essaie ce plan. Dans toutes les paroisses françaises, ou à peu près, il y a déjà les sociétés de la C. M. B. A. et de l'Assomption— cette derrière doit tenir à tout cœur acadien. Pourquoi les membres zélés de ces succursales ne s'organiseraient-ils pas, sous l'égide de leurs pasteurs pour avoir, dès l'été prochain, chacune leur pique-nique, dont les recettes inaugureraient, avec les quelques souscriptions déjà reçues, un fond pour votre futur Collège. A ce capital en voie de prospérité, viendraient nécessairement se joindre les souscriptions des plus à l'aise, des amis sincères de l'éducation, de chez-vous et des autres Provinces qui ont hâte de voir votre charmante Ile gratifiée d'une maison d'éducation supérieure. N'est-ce pas que pour faire quelque chose que ce soit, il faut tout d'abord le commencer; et on est toujours surpris de voir comment bien on réussit, le violon étant bien accordé. C'est là l'histoire de la construction de toutes nos églises acadiennes que l'on bâtit et que l'on paie au fur et à mesure qu'avancent les travaux. Pourquoi cette réussite? Parce que tous les paroissiens travaillent avec leur curé pour un but unique, pour une œuvre qui les intéresse. Ils souscrivent, ils font des pique-niques, ils travaillent à la corvée, jusqu'à ce que le tout soit terminé. Allez voir quand ils ont terminé ces travaux qui coûtent souvent dans les vingt mille dollars, s'ils sont plus pauvres. Au contraire, j'ai toujours vu là plus de bien-être, plus d'entente, plus de courage pour toute autre entreprise. C'est à l'école qu'on apprend à lire. On apprend de même à construire, à payer les édifices qui nous sont chers : telles les églises, les écoles paroissiales, les salles publiques. Les collèges ne se bâtissent pas autrement. Le temps est venu, braves Acadiens de l'Ile, choisissez le terrain du futur Collège. Plantez y une grande croix qui en marquera le lieu à tous les passants. Dieu, devant y être glorifié, fera germer l'arbre géant à l'ombre duquel viendra bientôt, il faut l'espérer s'abriter notre vaillante jeunesse. Sursum corda, gens de l'Ile! Vous avez déjà montré beaucoup d'énergie et de savoir faire pour vos écoles primaires : vous avez même devancé la Province du Nouveau Brunswick. Faites aussi bien pour votre Collège, le succès vous attend.