Un Collège Acadien sur l'Ile St-Jean

Newspaper
Year
1906
Month
5
Day
24
Article Title
Un Collège Acadien sur l'Ile St-Jean
Author
un Acadien
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
Un Collège Acadien sur l'Ile St-Jean Mons le Rédacteur :— Cette question, il me semble, est d'une si grande importance pour nous acadiens de l'Ile St-Jean, que je ne puis me résoudre à la laisser de nouveau tomber dans l'oublie et devenir encore une fois lettre morte. Donc, avec votre bon vouloir, Monsieur le rédacteur, je reviens à la charge afin de tâcher d'infuser dans le cœur de mes compatriotes un peu de ce patriotisme et de cet esprit de sacrifice qui caractérisaient jadis, ces nobles pionniers de l'Acadie, nos glorieux ancêtres. Amis et compatriotes de l'Ile ! Nous tous qui sommes fiers d'être acadiens, qui aimons tous le doux parler de la France; nous tous qui sommes les descendants des martyrs de 1755, et dans les veines desquels circule le sang français, réveillons-nous de notre léthargie ! Trop longtemps déjà nous avons languit, éloigné des bienfaits d'une éducation supérieure nationale. L'heure est sonnée ou nous devons conquérir notre place, comme peuple, au soleil des nations. Trop longtemps déjà nous sommes resté à l'arrière plan et essuyer les injustices, que semblent se plaire les autres nationalités qui nous entourent, de nous accabler. On nous conspue, on nous qualifie d'ignorants, de manque de savoir et d'incapacité. On se rit de nos juste réclamations, et nous tolérerions plus longtemps un état de choses aussi abject? Non, mille fois non. Il faut nous instruire, il nous faut un collège coûte que coûte ! Nous avons besoins d'hommes dans toutes les professions libérales. Il nous faut en premier lieu un clergé acadien pour sous instruire de notre religion dans notre langue maternelle. Il nous faut des hommes dans le barreau, dans la magistrature, dans la médecine, dans le journalisme, dans la politique, dans le commerce et l'enseignement. Que de belles vocations perdues parmi nous peut-être, faute d'une maison d'éducation, Supérieure, Nationale ! Et encore considérons le prestige et la force d'un peuple que les bienfaits de l'éducation a discipliné et policé. Ouvrons les pages de l'Histoire et à chaque feuillet nous trouvons des exemples frappants de ce que je viens d'avancer. L'éducation seule peut développer les talents et les facultés latentes d'un peuple et lui donner accès à toutes les positions sociales. Un collège acadien nous donnerait des hommes qui veilleraient à nos intérêts les plus chers, et qui seraient toujours prêts à défendre nos droits les plus sacrés. Un Collège Acadien sur l'Ile St Jean ouvrirait pour nous une ère nouvelle; une ère de progrès et d'avancement social. Allons-y donc de bon cœur et unissons nos bras et tous d'un commun accord poussons l'œuvre à bonne fin; et, notre patronne, la Vierge Marie, sous le vocable de lequel nous devenons placer notre collège, si jamais nous avons le bonheur de le fonder, saurait nous aider dans l'entreprise et la conduire à un brillant succès. En terminant, Monsieur le rédacteur, je suggérerais que nous eussions une réunion, de tous les amis de l'éducation et du progrès, le 15 août prochain, jour de l'Assomption et fête nationale des Acadiens, à Mont-Carmel, afin de délibérer sur cette question d'une importance majeure et afin de s'organiser. Qu'en dites-vous bons amis de l'éducation? Et vous, Monsieur le rédacteur, qu'en pensez-vous? Ne serais-ce pas une bien bonne chose? Vous remerciant de l'espace que j'occupe dans vos colonnes je me souscris votre dévoué etc. UN ACADIEN Mont-Carmel I. P. E. Ce 17 mai 1906.