Correspondance - les Ecoles Publiques

Newspaper
Year
1902
Month
3
Day
6
Article Title
Correspondance - les Ecoles Publiques
Author
Andre C. Doiron
Page Number
5
Article Type
Language
Article Contents
Correspondance Les Ecoles Publiques PAR ANDRE DOIRON Je ne parlerai pas de son zèle, tout le monde le reconnaît. Le deuxième a été nommé pour le remplacer et tout marche bien. Tout a été arrangé au gré de chacun d'eux après quelque temps et quand les plus intéressés sont contents c'est à nous de dire CORRECT. Et cet inspecteur français fut nommé à la suite d'une requête des curés des paroisses françaises. Je nommerai personne de peur d'en oublier. Après la nomination de M. Arsenault, L'IMPARTIAL dans une de ses premières livraisons commença l'agitation qui produisit nos Conventions Accadiennes. Je me rappele, M. le Rédacteur, de vous avoir entendu dire dans votre bureau en conversation avec le D. Doiron : "Il nous faut avoir une convention des instituteurs acadiens." Et quelques jours plus tard vous lanciez cette proposition dans un article de fond. Aussitôt un appel fut fait aux instituteurs de se réunir à Ch. Town dans la Salle Philharmonique, M. Arsenault, l'inspecteur présidait et M. Joseph G. Blanchard l'inspecteur actuel était secrétaire. Et c'est à peine si nous, les instituteurs, pouvions mettre ensemble une vingtaine de mots. Mais le clergé des paroisses françaises nous assista et tout fut arrangé à l'agréable. Et depuis cela les conventions se sont succédées sans interruption et toujours elles ont été profitables. Voilà. M. le Rédacteur, comment nous avons réussi à faire du progrès. L'union fait la force. Si nous avons eu des difficultés en matière d'opinion nous avons su laisser le dessus à la majorité et j'ai moi-même, je le confesse, opposé des mesures, soit de méthode ou autre, qu'après une longue réflexions j'adoptais sans me faire violence. Car on apprend toujours. Je ne suis pas de ceux qui s'obstinent à dire que les hommes qui dirigent notre système scolaire sont nos ennemis. Le surintendant actuel n'est certainement pas du gout de beaucoup de gens et il doit y avoir un peu de vrai dans tout ce bruit qui se fait autour de lui. Mais s'il existe des injustices, comme s'en plaint un Acadien, il me semble que nous pourrions obtenir une entente agréable par des voies plus paisibles que celle de la sévère critique. Ce n'est pas que je veux faire la leçon à notre Acadien, il m'a déjà fait assez souffrir, il a fait mourir Andréas à petit feu, mais qu'il consulte ses meilleurs sentiments acadiens et il verra que une plume plus douce ferait plus de bien. Que notre nationalité se distingue par le sang froid et si nos causes sont justes elles obtiendront justice. Un entêtement provoqué par des paroles jetées dans un moment d'indignation peut être la cause qu’une injustice se continue longtemps. Encore un mot, M. le Rédacteur, et je termine. ! C'est ici ma pensée principale. Nos écoles sont réputées être des écoles sans religion. Pourquoi en serait-il ainsi? Les livres de doctrine chrétiennes ne sont pas adoptés sur le cours d'éducation des écoles publiques. Mais nos livres de lecture française sont des excellents livres où tout respire la religion. Nos grammaires françaises sont celles des Ecoles Chrétiennes et les instituteurs ont assez d'occasion d'inculquer l'esprit religieux à leurs élèves : vous êtes bien heureux, n'est-ce pas, d'avoir de tels livres entre vos mains. Vous avez des exemples de dévouement héroïque d'hommes, de femmes, d'enfants mêmes et vous admirez souvent avec les larmes aux yeux, tellement est grande votre admiration. Nous avions dans ma jeunesse, la tigresse défendant son petit pour nous enseigner l'amour maternel;[mot illisible] veillant auprès du petit enfant au lieu de son ange gardien; l'amour d'Ami pour sa chèvre pour nous montrer que l'amour l'amour inspire la confiance : Perrette et le pot au lait pour nous empêcher d'avoir des chimères, et la vieille histoire de Washington pour nous faire aimer la vérité. Et nos livres d'aujourd'hui sont des livres irréprochables. Les occasions de parler de Dieu et de ses grandeurs, de la confiance que nous devons avoir en lui et du respect avec lequel nous devons prononcer son Saint Nom et observer ses commandements, tout cela peut se faire sans nuire à la validité du serment que l'instituteur doit prêter; car nos livres français sont adoptés par le bureau d'éducation pour les écoles françaises. Et après les heures de classe on peut encore trouver le temps d'enseigner la doctrine catholique. L'école est aujourd’hui ce qu'en fait l'instituteur. Si je n'ai pas enseigné la morale chrétienne comme j'aurais dû le faire, je ne veux guère blâmer autre que moi-même. Et mes confrères sauront comme moi qu'après les heures de classe, on peut enseigner par le mauvais exemple, un peu autre chose que du catéchisme. Le dévouement des prêtres pour l'éducation, leurs visites fréquentes aux maisons d'école, l'encouragement qu'ils donnent par leur appréciation, témoignent de la vérité de l'assertion que je fais que nos écoles ne sont pas des écoles sans Dieu. On pourrait, certes, dire que je viens un peu tard dire ces choses mais je ne suis pas né avec les connaissances que ma longue expérience m'a fait recueillir. Et je ne dis ces choses que pour démontrer que nos écoles ont fait du progrès, non seulement sous le rapport intellectuel, mais encore religieux. Et cela est dû à l'introduction des livres français et purement français, et si les instituteurs font chaque jour leur devoir, nos écoles publiques acadiennes ne seront pas longtemps inférieures aux écoles chrétiennes, si elles ne peuvent y être comparées aujourd’hui. ANDRE C. DOIRON. Ce 16 février 1902.