Le Chant national des Acadiens

Newspaper
Year
1900
Month
8
Day
2
Article Title
Le Chant national des Acadiens
Author
Benjamen Sulte
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
Le Chant national des Acadiens La colonie française de la Nouvelle Ecosse ou Acadie est à peu près aussi ancienne que celle du Bas-Canada, mais toutes deux se sont formées indépendamment l’une de l’autre, de sorte qu’il n’y a pas eu de parenté entre ces deux groupes, du moins au dix-septième siècle. En 1713, l’Acadie fut cédée à l’Angleterre. Quarante-deux ans plus tard [1755], la guerre se déclarant entre les deux couronnes, les administrateurs de l’Acadie, tous gens du Massachusetts, enlevèrent les Acadiens, les mirent dans des vaisseaux et les dispersèrent en France, en Virginie, en Louisiane. Il s’en sauva un contingent au bas Canada. Plus tard un certain nombre de ces exilés retournèrent à la baie de Sainte-Marie, partie sud ouest de la péninsule qui n’avait jamais reçu d'habitants, et ils y prospérèrent d’une manière étonnante, si bien qu’ils constituent à présent un peuple dont l’avenir est assuré. Leur esprit d’organisation se manifeste constamment depuis une quarantaine d’années et produit des œuvres qui leur font le plus grand honneur. Ce peuple malheureux oublié dans le monde, nous fut révélé, vers 1855, par M. Edme Rameau de Saint Père qui n’a cessé depuis de s’en occuper. Il a inspiré aux Acadiens la conviction que leur destinée pouvait devenir meilleure, et la semence de sa parole a fructifié comme par miracle. Cent ans après la grande déportation, il leur disait : “Vous n’êtes pas une race morte; agissez, il en est temps; l’heure est sonnée de reparaître au soleil! “Ils se sont levés comme un seul homme et les voilà maintenant qui prennent part à la vie publique de leur province. L’un de leurs hommes politiques, l'honorable M. Pascal Poirier, sénateur, à contribué pour une large part à mettre ses compatriotes sur la voie qu’ils parcourent glorieusement aujourd’hui. Il vient de publier un livre—ce n’est pas son premier— où il raconte le réveil des Acadiens. C’est une étude des plus étonnantes. Nous devons nous en occuper, d’autant plus que les Acadiens et les Canadiens sont déjà en quelque sorte fusionnés depuis 1755 et que le développement de cette race énergique va prendre une importance de jour en jour, plus grande dans la confédération canadienne. Signalons, pour commencer, un fait curieux ; c’est l’adoption d'un chant national dans une convention qui remonte à 1883. Et qui pensez-vous, a eu l’honneur du choix? Gérin Lajoie. On a pris son "Canadien Errant”, qui est si caractéristique de l’expulsion des Acadiens, et on y a seulement changé un mot : Un ‘‘acadien’’ errant, Banni de ses foyers Parcourait en pleurant Des pays étrangers Un jour, triste et pensif, Assis au bord des flots, Au courant fugitif Il adressait ces mots : Si tu vois mon pays, Mon pays malheureux, Va dire à mes amis Que je me souviens d’eux. Pour jamais séparé Des amis de mon cœur, Hélas! oui je mourrai, Je mourrai de douleur M. Poirier, qui avait [mot illisible] Gérin-Lajoie, est celui qui a dû faire adopter ce chant par la population française de la Nouvelle Ecosse, du Nouveau Brunswick du Cap Breton et de l’ile du Prince-Edouard. Ces quatre groupes sont enrôlés sou la bannière dite des acadiens. BENJAMEN SULTE.