Correspondances

Newspaper
Year
1900
Month
4
Day
26
Article Title
Correspondances
Author
Instituteur
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances Monsieur le rédacteur Comme vous attiriez l'attention des instituteurs sur les soirées de Paul et Andréas, dans l’IMPARTIAL du 5 de ce mois, j’ose espérer que vous me donnerez un petit espace dans les colonnes de votre intéressant journal, pour dire à Monsieur Paul de ne plus monter sur une chaise à l’avenir quand il voudra redire aux Instituteurs que l'enseignement de la grammaire française fait plus de tort que de bien, car il pourrait se faire dégringoler. --"Quiconque s’élève sera abaissé" En vérité je ne peux comprendre M. Paul quand il dit du haut de la tribune où il s'est perché: “Ces jeunes personnes, sachant qu’il est pour ainsi dire impossible de parler correctement le français quand on ne connait pas la grammaire &c." Donc il est absolument nécessaire d'apprendre la grammaire puisqu’il nous faut parler correctement; et plus loin il dit : "La grammaire fait plus de tort que de bien." Alors si tel est le cas, il faut donc bannir cette intruse de nos écoles. M. Paul dit aussi que “la grammaire est enseignée d'une manière très insensée. Beau compliment à faire aux instituteurs. C’est tout clair que M. Paul n'est pas instituteur, car il n’aurait pas insulté ainsi cette classe d'ouvriers si utile à la société. Ce qui est étonnant c'est que M. Andréas qui est, lui, probablement instituteur, ne lui ait pas arraché les cheveux en l'entendant lancer une telle injure aux instituteurs. Je comprends maintenant pourquoi il s’était si haut perché. Est-ce que Monsieur Paul a visité toutes les écoles pour savoir la manière dont se fait l’enseignement de la grammaire française? Monsieur Paul, je dois vous dire qu’il y a certainement quelque chose de bien dans votre allocution sur l'éducation, je vous en félicite; mais ayez donc la bienveillance de ne rien dire à l’avenir qui puisse décourager les instituteurs dans l’enseignement de la grammaire française. Moi je crois que l'enseignement de cet art fait beaucoup de bien au lieu de faire du tort. Car avant que les enfants aient appris la grammaire, ils disent tous, sans exception, quand ils parlent : —ils ou elles chantons, jouons, mangeons, ainsi des autres verbes, disent- ils aussi les garçons courons, sautons, dansons et ainsi de tous les verbes; c'est-à-dire qu'ils emploient toujours la première personne du pluriel pour la troisième. Après qu'ils ont étudié la grammaire il voient qu’on doit écrire et dire : ils ou elles chantent, mangent, sautent ou dansent, &c. Ainsi la grammaire leur aide donc à parler correctement. INSTITUTEUR. Cap Rouge 16 Avril 1900