Correspondance

Newspaper
Year
1900
Month
4
Day
5
Article Title
Correspondance
Author
Insulaire
Page Number
4
Article Type
Language
Article Contents
Correspondance M. le Rédacteur, Dans l'IMPARTIAL de la semaine dernière M. “Un qui veut savoir” me pria de lui donner un mot d’explication à propos d’une certaine expression dont je me suis servi dans ma correspondance précédente. Je m’empresse donc d’acquiescer a sa demande, car je ne voudrais pas pour tous les biens du monde déplaira a cet aimable monsieur. D’abord, je dois le remercier bien cordialement de ce qu’il a eu l'extrême bienveillance de ne s’attaquer qu’a un seul mot de ma correspondance, car certainement, il devait y avoir d’autres points d'attaque. M. “Un qui veut savoir”, admet tous le, vous avez une plume féconde et forte. Je vous en félicite; mais peut-être mêlez-vous sans nécessité aucune, trop de fiel avec votre encre. N’importe, passons a notre explication : “Si nos espérances étaient moins humaines, peut-être serait-il moins facile d’en faire les obsèques” ai-je dit. Par espérances moins humaines j'entends des espérances moins appuyées sur des motifs purement humains. Quels doivent être nos motifs, quelles fins devons-nous nous proposer en demandant un évêque de notre langue et de notre race si ce n'est l'intérêt de l'Eglise et le bien-être de la religion? Est-ce que ce sont des fins humaines celles-là? Assurément non. Voilà donc l’idée que j’ai voulu exprimer. Ai-je réussi? C’est a vos lecteurs d’en juger. Quant a vous, M. Catholicus, j’ai trop de respect pour un bon catholique tel que vous et trop d’admiration pour vos écrits si bien pensé, si plein de bon sens pour ne pas regretter beaucoup de vous avoir causé de la peine par ma sortie intempestive. Toutefois j’ai a vous dire que si Observateur et Acadien jugeaient a propos de ne pas pardonner volontiers mon indiscrétion et mon manque de prévoyance, cela ne m'empêchera pas de faire mes Pâques. Vous voudrez bien admettre, entre nous, que vous- même par votre ton modéré, résigné et conciliatoire, avez donné au moins indirectement maintes bonnes leçons a Observateur, et a ses semblables. Acadiens, Priez, cherchez, frappez avec persévérance et résignation. La patience et la résignation sont divines” avez-vous dit. Nulle part rencontre-t-on dans vos écrits ces mots “rebellions, insurrections” mots qui ne doivent pas entrer dans le vocabulaire d’un vrai Acadien. Enfin. M. Catholicus j’espère que vous me pardonnerez volontiers comme c'est carême si j’ose vous faire remarquer que même avec toute votre discrétion et votre prévoyance vous vous êtes approché bien près des bords de cet abîme, —le servillisme, que vous désirez si ardemment faire éviter aux autres, quand nous écriviez dans La ‘‘Presse’’. Les Acadiens sont exclus de ces honneurs, il est vrai, mais aussi ils sont exempts de la charge et des responsabilités. Insulaire.