le Congrès de Kensington et les instituteurs Français

Newspaper
Year
1893
Month
8
Day
3
Article Title
le Congrès de Kensington et les instituteurs Français
Author
----
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
LE CONGRES DE KENSINGTON ET LES INSTITUTEURS FRANÇAIS. Selon le compte rendu de la convention qu'ont eue les instituteurs à Kensington, il ne parait rien de remarquable qui dénote que ce congrès ait eu pour but principal l'avancement de l'éducation du pays. Le programme tel que rapporté est assez maigre, et si nous jugeons à propos d’en faire mention ici, ce n'est que pour exprimer notre surprise de ce que pas un seul nom d'instituteur français n'y figure. Après avoir pris des informations de plusieurs des instituteurs de notre partie du comté, nous arrivons au fait qu'aucun d'eux n'a été invité à cette convention. Cette manière d'agir est, pour ne pas dire plus, peu courtoise et est loin d'être en accord avec l'esprit de libéralité qui semble en ce moment mouvoir les autorités en notre faveur. Sous de telles circonstances, ne serait-il pas désirable que l'Inspecteur des écoles françaises fit appel à tous les instituteurs français de la province, convoqua une convention ou l'on pourrait y discuter les principaux points qu'il importe de prendre en considération pour le meilleur avancement de l'éducation française dans nos écoles. Nous avons eu occasion, à maintes reprises, d'obtenir les opinions de personnes d'une autorité indubitable sur ce sujet, des personnes mêmes qui ont le plus contribué à faire placer l'étude de la langue française dans nos écoles sur un pied d'égalité avec celle des autres nationalités, et toutes ces personnes appuient fortement l’idée d'une telle réunion. Le gouvernement qui a reconnu la justice de nous accorder l’usage de livres français ne saurait méconnaître la propriété d'une telle réunion. Nous ne prétendons pas dicter aux instituteurs français convoqués en convention, le devoir qu'ils auraient à remplir; mais nous croyons qu'ils trou¬veraient beaucoup à faire qui tournerait à l'avantage de l'étude du français dans nos écoles. Jusqu'à présent, nous n'avons ni géographie ni histoire. Il est vrai que ces deux branches très importantes sont en usage dans nos écoles publiques; mais il est vrai aussi qu'elles nous sont présentées en langue anglaise. Or, il est constaté-que placer dans les mains d'un enfant français de neuf ou dix ans, l'histoire de Schmidts, la géographie de Collins ou Calkin est une absurdité à peu près analogue à celle qui serait de leur imposer la tache de traduire le latin ou le grec à cette âge. Soyons bien compris L'Histoire et les géographes dont nous venons de parler sont d'excellents livre; les enfants français mêmes les apprennent par cœur-la mémoire du jeune âge, ordinairement fidèle fait son œuvre sous ce rapport; mais l'instituteur qui prend la peine de s’en intéresser, arrive invariablement à la conclusion que quatre-vingt-dix-neuf sur cent ne comprennent pas ce qu'ils répètent si couramment par cœur et que même, le livre sous les yeux, ils sont incapables de traduire en français, l'anglais qu'ils lisent avec autant de facilité que les élèves anglais eux-mêmes. Il n'y a donc pas à si méprendre; si nous voulons en réalité nous perfectionner dans notre langue, si nous voulons que le français tienne le rang qui lui appartient dans nos écoles, tachons de placer dans les mains de nos enfants les livres qui leur conviennent.