Tignish 22 juin 1893

Newspaper
Year
1893
Month
6
Day
22
Article Title
Tignish Juin 1893
Author
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Page Number
1
Article Type
Language
Article Contents
L’IMPARTIAL TIGNISH 22 JUIN 1893 Aujourd'hui, pour la première fois dans les annales de l'Ile du Prince Edouard, un journal français présente ses salutations aux familles acadiennes de notre province. C’est un ami sincère et dévoué, attendu depuis longtemps, qui vient prendre sa place au foyer pour nous entretenir et nous raconter en notre langue ce que, jusqu'à présent nous avons été obligée d'apprendre en ayant recours aux journaux écrits en une langue d'origine étrangère. On entend dire quelque fois, que le peuple acadien nourrit une certaine apathie pour la lecture et pour l'instruction en général. Nous croyons exprimer les sentiments de nos nationaux en répudiant cette assertion fausse et erronée. Si les Acadiens de notre province n'ont pas toujours donné à l'éducation française l'attention qu’ elle mérite, c'est que des circonstances adverses s’y opposaient. Soumis à un régime gui ne tenait aucun compte de notre nationalité, force nous a été d'étudier et d'apprendre la langue anglaise pour pouvoir nous tenir au courant des affaires du pays où nous vivons, et disons aussi que cette langue étrangère, nous nous en sommes rendus maitres d'une manière qui souvent a fait l'étonnement des Anglais eux-mêmes. Mais, avouons le avec franchise, les progrès que nous avons faits dans cette étude nous ont presque valu l'oubli complet de la langue que nous ont léguée nos pères. Des personnes dévoués à nos intérêts, constatant que de tels résultats devaient finalement nous être funestes, ont pris les moyens nécessaires pour faire revivre la langue française au milieu de nous. Les progrès déjà opérés sont notables, Nous avons à présent l'usage de livres purement français dans nos écoles; nous avons un Acadien comme membre du corps enseignant à l'Ecole Normale, et encore nous avons un Inspecteur français qui s'occupe d'une manière toute spéciale à ce que le français soit soigneusement enseigné dans tous les centres ou les écoles sont fréquentées par la jeunesse acadienne. C'est un grand pas que nous venons de faire dans la voie du progrès; c'est un bienfait que notre population acadienne reçoit avec reconnaissance et dont elle saura mettre à profit les avantages, nous en sommes certain. Mais, n’oublions pas que jamais le besoin de nous unir, de nous supporter les uns et les autres, ne s'est fait plus vivement sentir qu’au commencement de cette ère nouvelle pour nous. Si nous avions à exprimer notre opinion sur ce sujet de toute importance pour la famille acadienne, nous dirions sans hésiter: assurons-nous les services d'instituteurs et d'institutrices français dans nos écoles. Tout en reconnaissant les ca¬pacités supérieures des instituteurs de nationalité étrangère, il faut avouer que l'expérience rend témoignage que leurs efforts n'ont jamais été couronnés de succès dans l’enseignement de la langue française dans nos écoles publiques. De même que dans les écoles ou la langue anglaise prédomine, il faut nécessairement parler l'anglais, ainsi le même besoin devient urgent dans nos écoles françaises qu'on y entretienne les élèves en la langue que l'on parle en famille si l'on veut parvenir au but désiré. Donc, ne nous méprenons pas. Servons-nous des avantages mis à notre disposition. L'intelligence ne fait pas défaut parmi nos jeunes instituteurs et institutrices français. L'encouragement mutuel, voilà tout ce qu'il faut. Les occasions favorables que nous avons énumérées dans ce rapide aperçu étant mises à la portée de notre population acadienne, nous croyons que le temps est propice pour introduire parmi, nous un organe français, dont le but principal est de contribuer, autant qu'il sera en son pouvoir, à l’accomplissement d'une tache si noble, si digne d'encouragement et la plus précieuse pour nous après notre religion.