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Newspaper
Year
1899
Month
2
Day
16
Article Title
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Author
Un Electeur
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
M. le Rédacteur,— Evidemment, à l’entendre depuis une semaine, on peut dire que le Moniteur Acadien est dans la plus grande jubilation. Son grand ami de cœur, l'étoile qui depuis plusieurs années guide ses pas à travers la voie étroite et tortueuse du torysme outré, M. O. M. Melanson, vient d’être choisi candidat par quelques conservateurs pour faire la lutte à Thon. A. D Richard. Pauvre Moniteur! Toujours la même tactique, toujours la même franchise!! Qu’il est franc ce cher et suave Moniteur. Lui qui, pas plus tard que l’hiver dernier encore, élevait l’hon. M. Richard jusqu’aux nues, l’encensait, publiait sa photogravure, et le proclamait l’un de nos plus grands législateurs. En effet, dans son numéro du 15 février, 1898, le Moniteur en parlant de la nomination de l’hon. M. Richard au poste de ministre du cabinet Emmerson, disait : “Nous nous permettrons d’offrir nos félicitations et au gouvernement, qui a fait preuve de discernement, et à l’honorable M. A. D. Richard, le nouveau titulaire, qui mérite bien l’honneur que viennent de lui faire ses amis. M. Richard, pour le présent, n’est que ministre sans porte-feuille, mais c’est compris qu’il deviendra solliciteur-général après la session, alors que, selon toutes les probabilités, la législature sera dissoute et appel fait au peuple. Le nouveau membre du gouvernement Emmerson est un homme de talent, doué de remarquables qualités. Bel orateur, bon debater, il n’élève jamais la voix sans faire d’impression. Il saura faire bonne figure dans sa nouvelle position. Sa nomination est, en général, bien vue de la presse, etc.” Voyez donc la franchise de ce journal! Après avoir employé sa plus belle prose à l’honneur de M. Richard le voilà maintenant, qu’il le vilipende, cherche à le lapider, lui tourne le dos et supplie à deux genoux son parrain, M. O. M. Melanson de faire la lutte à M. Richard simplement parce que ce dernier appuie le gouvernement dont il est l’un des ministres. Electeurs du beau comté de Westmorland, que pensez vous d’un tel fourbe? allez-vous vous laisser guider par le Moniteur, et ses adeptes de l’opposition. Savez vous que c’est la jalousie et la vengeance qui ont présidé au choix de M. Melanson pour combattre M. Richard. A bas les traîtres! Le Moniteur, ou plutôt son rédacteur, qui prétend être l’un de nos plus grands patriotes a certainement manqué son coup cette fois ci et s’est rangé du côté des renégats. Comme vous le savez, électeurs intelligents de Westmorland, deux candidats acadiens dans ce comté c’est trop; c’est risquer de les perdre tous les deux, ce qui est arrivé en 1892, alors que l’hon. M. Blair offrait à l’hon. M. Richard le porte feuille de solliciteur-général dans son gouvernement. Le Moniteur et sa clique jalousant M. Richard, lui cherchèrent un adversaire qui ne tarda pas à paraître. Armés d’une baguette magique, le Dr. Beiliveau et M. Robidonx en frappèrent tour à tour le rocher de la Batture et il en sortit—oh miracle—un individu qui brigua les suffrages du peuple contre l’hon. M. Richard. Qu’est-il arrivé? Il n'y eut pas de ministre acadien et l’étoile de Shédiac, métamorphosée en comète, s’éclipsa. Voyez maintenant, électeurs de Westmorland, le patriotisme de ces grands hommes. Sans eux nous aurions en un Acadien dans la cabinet Blair, mais la basse jalousie qui les aveuglait leur fit faire ce faux-pas. Cette fois encore, le Moniteur vient d’immoler sa victime, et Olivier est monté de plein gré, quoiqu’à tatous, sur le bûcher. Le voilà maintenant qu’il gigote et qu’il se démène dans les réunions politiques de deux sous qu’il tient dans le comté, avec le concours pitoyable du Dr. Belliveau et de M. Robidoux, deux orateurs politiques manqués. Il a peur; il regrette sa folie, mais une fausse modestie et les regards courroucés de ses immolateurs le décident à rester sur les rangs. Tas d’anti-patriotes que vous êtes! Vous savez qu’en suscitant un adversaire à M. Richard tous deux risquent d'être mis de côté. De plus, M. Melanson n’est pas le choix des Acadiens, mais n’a été choisi que par quelques badauds sans vergogne, et partisans outrés des Foster, des Pitts, des Clarke Wallace et autres maîtres organistes. Arrière les traîtres! Si par votre faute nous perdons notre représentant acadien, le choix de 1a grande convention de Dorchester, les Acadiens de Westmorland et surtout de Moncton, vous tiendrons compte de votre déloyauté, de votre trahison, de votre esprit d’injustice et de votre manque de patriotisme. Si M. Melanson avait à cœur le bien de son comté, s’il était patriote, il ne se lais serait pas leurrer par le MONITEUR et son grand lieutenant. Faisons maintenant une courte comparaison entre les deux hommes. L’hon. A. D. Richard est un de nos plus habiles avocats, et qui s’est fait depuis longtemps une réputation d'orateur de première force. C’est un homme aux idées larges, un politicien redouté de ses adversaires et un debater parlementaire d’une force peu commune. Le Moniteur lui-même, ce grand organe des Pitts, des Clarke Wallace et des Tupper, disait pendant la dernière session de la législature que l'hon. M. Richard avait prononcé le plus beau, et le plus fort discours en Chambre, à l’exception peut-être de Stockton et Sivewrigbt. Pourrait il en dire autant de Melanson?....... Maintenant, Acadiens de Westmorland, piquez vous de patriotisme; nous avons parmi nous un homme qui nous fera le plus grand honneur si nous le portons à la victoire. Votons tous pour lui; c’est le candidat des Acadiens, il est le choix du peuple. Si comme c’est assuré d’ailleurs, l’hon. M. Richard est élu, alors nous aurons l’honneur d'avoir un député Acadien, un ministre du gouvernement et un homme capable de nous représenter dignement. Donc, votons tous pour lui, sans exception. UN ELECTEUR Moncton, N. B., ce 11 février, 1899.