Correspondance

Year
1881
Month
8
Day
11
Article Title
Correspondance
Author
M. F. Richard, Prêtre
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances. Monsieur le Rédacteur, Puisque vous voulez bien ouvrir les colonnes du Moniteur à M. le Touriste de Cacouna, qui se dit étranger et qui l’est en effet en ce qui regarde la délicatesse et les convenances ; puisque ce touriste, dis-je, a droit de se servir de notre seul journal acadien pour insulter tout un peuple, représenté par ses délégués dans une convention générale, il me sera permis de tirer et de publier les conclusions qui découlent naturellement de cette correspondance, que je considère plus passionnée que raisonnée. Laissez-moi vous féliciter, M. le rédacteur, de votre note éditoriale à propos de cet article. C’est bien assez de l’avoir publiée sans en prendre la responsabilité. Ce touriste qui peut être aurait droit à certains égards à cause de la position qu’il occupe, ne peut y prétendre parce qu’il n’a pas eu le courage de signer son nom et prendre la responsabilité de ses avancés. Aussi, il doit être jugé d’après sa correspondance. Il nous dit qu’il est étranger et qu’il s’est trouvé à Memramcook lors de la convention acadienne, et c’est après avoir été admis dans toutes les délibérations de la convention et avoir reçu tous les égards qui étaient dûs à un frère, qu’il se permet de vilipender les démarches et les résolutions de la convention. « C’est aimable et sympathique, n’est-ce pas? » Il accuse les Acadiens d’être exclusivistes, de vouloir faire un peuple à part; de manquer de sincérité dans leurs protestations d’amitié et de bon vouloir envers leurs frères du Canada, etc., etc. Il nous dit que les Canadiens éminents invités à la convention ont été étonnés et déconcertés de notre conduite. Voyons si ces accusations sont fondées en raison. Nous étions réunis en convention pour « affirmer notre existence comme peuple » et non pas pour faire un peuple à part. Cela ne dépend pas ni de M. le Touriste ni de nous de vouloir l’être en vue. Nous le sommes de fait et nous voulons qu’on le sache et qu’on le comprenne clairement. Est-ce un crime? est-ce être plus exclusiviste pour un enfant de l’Acadie de se dire acadien, que pour un enfant du Canada de se dire canadien? Est-ce raisonnable d’accuser les Acadiens d’être malveillants et ingrats envers leurs frères les Canadiens, parce qu’ils ont cru bon de choisir une fête nationale autre que la Saint Jean-Baptiste ? Je proteste, comme Acadien, contre une telle interprétation de nos sentiments envers les Canadiens. C’est nous calomnier que de faire de tels avancés, et je ne saurais croire ce que nous dit M. le Touriste des personnes éminentes du Canada, qu’elles ont étonnées de nous et déconcertées par cette convention. Pour ceux qui étaient présents lors de la séparation le 21 au soir, et qui ont entendu les discours de MM. Rhéaume, Chouinard et Dr Dionne, ils ne sauraient concilier leurs paroles sympathiques et élogieuses à l’adresse des délégués acadiens, avec les avancés de M. le touriste. Comment l’un des plus chauds oppositionnistes à l’adoption de la Saint-Jean-Baptiste pour fête nationale des Acadiens, aurait-il reçu de la part du président du Cercle Catholique de Québec, le titre de membre honoraire de cette [illisible] institution, avant la séparation? Non, [illisible] Canadiens intelligents et désintéressés nous féliciteront de notre conduite, et au lieu de nous déprécier nous tiendront gré de notre esprit de corps et de patriotisme. M. le touriste aime à croire que les idées émises dans la discussion n’étaient pas celles de la masse du peuple. Alors les délégués des provinces ont trahi leur mandat. Tous ceux qui ont voté à cette occasion pour la fête de l’Assomption ont été dupés de coterie, etc. C’est une insinuation maligne et tout à fait insultante à tout le clergé acadien, ainsi qu’à plusieurs prêtres canadiens, et à tous les délégués. Je proteste donc contre de telles accusations, et j’aime à penser que les opinions émises par M. le touriste ne sont pas celles de tous nos frères du Canada ; autrement, je ne considérerais pas nos intérêts en sûreté entre les mains de personnes si peu charitables et si dépourvues de sentiments de justice. M. F. RICHARD, Ptre.