Notre convention!

Year
1881
Month
5
Day
19
Article Title
Notre convention!
Author
----
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
NOTRE CONVENTION ! Monsieur le Rédacteur, Vous ne sauriez croire combien j’éprouve de plaisir à écrire ces mots « notre convention. » En effet, n’est-ce pas la première fois qu’il est donné aux Acadiens de se grouper, de s’assembler, de se rallier en convention pour discuter les questions qui les concernent et y mûrir les projets qui peuvent assurer leur bien-être, favoriser leur avancement sous le triple rapport moral, intellectuel et matériel. Les revers que notre peuple a essuyés à son berceau, la dispersion qui a arraché nos pères à la patrie et les a jetés sur tant de rivages étrangers, l’abattement moral qui fut la conséquence de tant d’infortunes, nous ont tenus jusqu’à tout dernièrement sous des étreintes que rien moins que l’intervention de la Providence et un profond [illisible] à notre origine et à notre foi n’ont pu surmonter. Grâce à la diffusion de l’éducation dans nos rangs, nous en sommes arrivés au point où nous pouvons nous arrêter un instant pour repasser en commun les péripéties de notre carrière, étudier les leçons du passé, afin de tracer les sentiers de notre avenir. Ce travail sera l’œuvre de la convention, et nous pourrons en attendre des fruits précieux si les différents groupes que notre race compte sur les rivages des provinces du Golfe comprennent leur devoir et savent jouer le rôle qui leur appartient, et pour ma part, j’ai trop de confiance dans l’intelligence et le patriotisme de mes compatriotes pour douter un instant de leur empressement à prendre une part active à l’organisation de cette délégation. L’appel si chaleureux que le comité exécutif vient de faire aux Acadiens par l’entremise de son honorable et digne président, mérite donc la plus sérieuse attention de tous nos compatriotes, à quelque province qu’ils appartiennent, et j’espère qu’il sera entendu, que l’écho s’en répercutera dans tous les cœurs. Qu’il sera consolant, le spectacle, que nous offrira la convention, de frères issus d’une même famille depuis longtemps par des infortunes sans nom, isolés par la proscription, se retrouvant après près d’un siècle et demi de séparation et renouant les liens sacrés de leur enfance, retrempant leur courage dans l’amitié la plus sincère, l’union la plus fraternelle! Oh! que les mânes de nos aïeux qui ont souffert l’exil pour l’amour de la France, tressailliront d’allégresse en contemplant le rapprochement de leurs descendants. Nous irons donc en foule, de la Nouvelle-Ecosse, de l’Ile St-Jean, des Iles Madelaine, rencontrer nos frères du Nouveau-Brunswick, travailler en commun à l’avancement de nos intérêts les plus chers et retremper nos forces pour les combats de l’avenir. ACADIEN, Ile St-Jean, 15 mai 1881. Du Courrier du Canada. Nous devons augurer, un grand bien de cette Convention des Acadiens ; [illisible] est arrivée où ils peuvent et doivent se compter. Quand on connaît enfin l’histoire de cette vaillante poignée de braves, on est surpris de voir qu’ils n’aient pas eu plus d’affluence au milieu de l’élément étranger qui les entoure. Mais conclure de ce fait à l’absorption du peuple acadien, ce serait méconnaître, toute sa vitalité et les éléments de force et de grandeur qui en ont fait un peuple héros. Le temps de compter leurs forces est donc arrivé, et nous croyons qu’avec un peu de patience et de courage. Les Acadiens ont devant eux un avenir glorieux; dans tous les cas, ils ne seront jamais anéantis; leur passé est là comme une garantie pour l’avenir. (Du Canada d’Ontario) La convention acadienne qui doit avoir lieu à Memramcook au mois de juillet prochain promet d’être un véritable succès. Nous en éprouvons une vive satisfaction. Les Acadiens sont nos frères et rien de ce qui les touche ne saurait nous trouver indifférent. Pour plusieurs d’entre nous, il y a même plus que des sentiments fraternels. Tel et tel qui se croient aujourd’hui Canadiens pourraient en remontant la ligne de leurs ancêtres se réclamer de ce petit peuple, si petit qu’on put l’enfermer un jour à fonds de cale, si vaillant qu’il a rempli de son nom certains états de la république voisine. Le Moniteur nous assure que les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse, ne seront pas oubliés dans la convocation des délégués, nous espérons que ceux de Québec de le seront non plus.