Le comité executif aux Acadiens

Year
1881
Month
5
Day
12
Article Title
Le comité executif aux Acadiens
Author
P. A. Landry
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
LE MONITEUR ACADIEN Shédiac, Jeudi, 12 Mai 1881. Le Comite Executif aux Acadiens. Amis et chers compatriotes, Depuis plus d’un siècle la population acadienne-française, enveloppée du sombre voile de l’ignorance, languissait péniblement sur le sol défriché par ses valeureux ancêtres, et subissait les dédains de ses vainqueurs. Traitée avec mépris, considérée comme une race inférieure, froissée dans ses sentiments les plus chers, paralysée dans ses plus légitimes aspirations, elle courbait tristement son noble front sous le joug d’une force majeure et subissait les conséquences de circonstances impérieuses indépendantes de sa volonté. Mais dans ces dures et fâcheuses épreuves, jamais elle ne désespéra de la légitimité et de la sainteté de sa cause. La conscience de ses droits lui fit toujours croire au succès de ses légitimes efforts. Cette persévérance, peut-être unique dans l’histoire des peuples malheureux, voit ses efforts couronnés de succès. Ce petit peuple secoue vaillamment le joug asservissant de l’ignorance et du quasi-esclavage où s’étiolait et prend courageusement sa place au soleil de l’intelligence et du progrès. Frémissant au glorieux souvenir de l’invincible courage de ses valeureux ancêtres, et favorisé par des circonstances providentiellement heureuses, il s’apprête à sortir de l’ornière où il languissait depuis trop longtemps, et réclame la place qui lui est dûe au sein de la nation. Grâce à nos maisons d’éducation, nos jeunes gens, soutenus et fortifiés dans leurs nobles aspirations et sagement dirigés dans les lumineux sentiers du progrès intellectuel, arrivent rapidement et en grand nombre aux professions les plus honorables de la société, positions, qu’ils honorent autant par leur science que par la noblesse de leur conduite. Ce sont ces vrais amis de leurs compatriotes réunis en comité d’organisation, à Shédiac, afin de mettre à exécution la grande et patriotique résolution de la convention acadienne réunie à Québec, l’an dernier, qui font appel à tous leurs co-nationaux, les priant instamment de se faire représenter à la convention acadienne devant se réunir au collège St. Joseph de Memramcook le 20 juillet prochain, dans le but de cimenter l’union indispensable qui doit faire des Acadiens-français un peuple affirmant son existence et sa force, ami du progrès et sérieusement soucieux de son avenir. Trop longtemps on a semblé nous ignorer, pour nous la force a primé le droit, il est temps de faire valoir nos titres à une égalité de justice que le sens droit et pratique de nos vainqueurs ne saurait nous refuser plus longtemps. A l’œuvre donc, chers compatriotes, formez vos comités d’organisation particuliers, choisissez sans retard vos délégués à la convention générale du 20 juillet, réunie au collège St-Joseph de Memramcook, venez passer quelques jours sous le toit hospitalier de cette noble Institution, source première de notre renaissance intellectuelle. Que la Nouvelle-Ecosse, le Cap Breton, Arichat, la Baie Ste-Marie, l’Ile du Prince Edouard, les Iles de la Madeleine, nous envoient leurs représentants avec lesquels nous serons si heureux de fraterniser et de lier une amitié forte et indissoluble, cimentée par ce qu’il y a de plus sacré, l’amour de notre foi et de notre chère Acadie. Pour le comité exécutif de la Convention Acadienne Française, P. A. LANDRY, Président. Shédiac, ce 10 mai 1881. On trouvera plus loin le procès verbal de la réunion du comité exécutif de la Convention Nationale, qui a eu lieu avant hier en cette ville, et à laquelle assistaient tous les membres, moins un; M. Paulin, et plusieurs amis de la cause, entr’autres les RR. PP. Lefebvre, Belliveau et Lefloch. Tout en reconnaissant la grandeur et les difficultés de la besogne qui leur a été confiée à Québec, les membres du comité se sont mis à l’œuvre avec un courage et une détermination qui ne manqueront pas de faire porter à la convention des fruits durables pour l’avenir des populations acadiennes. Il a été décidé que la convention ne devait pas seulement être une réunion de plaisir, stérile en résultats pratiques; mais, au contraire, que les intérêts sociaux, matériels et nationaux de ce petit peuple que le revers de son berceau n’ont pu étouffer, et que plus d’un siècle d’abandon et d’isolement n’a pu détruire, devaient recevoir de ce congrès une puissante impulsion, un élan nouveau, et que les délégués qui y prendront part pourrons retourner dans leurs foyers avec la douce conviction d’avoir fait faire un grand pas à une cause chère, d’avoir contribué au développement de sentiment national, et à l’adoption de mesures propres à l’avancement de la race acadienne dans la voie du progrès matériel, moral et intellectuel. Des commission ont été chargées d’étudier les sujets qui [illisible] plus particulièrement le présent et l’avenir de nos nationaux. De l’étude de ces questions importantes jaillirent nécessairement des connaissances qui en assureront la solution dans le sens de nos intérêts les plus chers et du progrès bien entendu dans l’ordre intellectuel et matériel. Le comité compte sur l’appui actif, le concours bienveillant du clergé pour assurer le succès de la convention, et, à cette fin, a nommé tous les curés membres de la convention ex efficio. C’est le clergé qui a soutenu notre petit peuple dans les assauts qui lui ont été livrés, c’est lui qui l’a conservé à travers les épreuves, c’est encore lui qui l’a réveillé de sa léthargie et lui a ouvert l’arsenal de l’éducation : ce sera le clergé qui assoira notre avenir sur des bases solides. Il a naturellement le premier rôle dans les organisations telles que la convention. Aussi comptons-nous ses lumières pour faire de cette réunion nationale une fête dont les résultats laissent des traces ineffaçables dans la vie du peuple acadien.