Church Point

Newspaper
Year
1898
Month
5
Day
19
Article Title
Church Point
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
CHURCH POINT. Voici le texte de l’adresse lue par le Dr. F. Gaudet au Très Révd. Père LeDoré, Supérieur Général des Eudistes, au nom des Acadiens de Clare. Cette adresse dont il était fait mention dans l’EVANGELINE de la semaine dernière, a été présentée au R P. LeDoré le 9 du courant : Très Honoré Père, En ce jour, où tous nos cœurs battent à l’unisson pour vous d'un inviolable amour, je viens, au nom de mes concitoyens de ces rivages, ou, plutôt, ou nom de l’Acadie elle même, déposer à vos pieds le tribut de nos plus respectueux hommages, de notre plus vive reconnaissance. Je viens, à mon tour, vous redire, dans toute la sincérité de mon âme : “Merci pour nos aïeux, qui out si ardemment désiré voir se lever le jour béni où la Baie Sainte-Marie jouirait, elle aussi, de l’immense bienfait d’une maison d'éducation. Merci pour nos enfants qui pouvant, à présent, trouver à Sainte-Anne cet inappréciable trésor des sciences humaines, si indispensable à notre époque. Très Honoré Père, depuis votre dernier voyage, votre œuvre, dans la Nouvelle Ecosse, a toujours été se développant de plus en plus. Sans parler du grand Séminaire d’Halifax, d’où vont sortir, dans quelques mois, deux jeunes acadiens marqués au front, du sublime caractère du sacerdoce, le collège, où nous vous fêtons aujourd’hui, n'a pas cessé un seul instant de prospérer et de grandir. Vous avez pu le constater par vous-même depuis votre arrivée parmi nous, le nombre de ses élèves s’est considérablement accru, à tel point qu’il est devenu nécessaire d’élargir ses murs. Ce développement si rapide que je mentionne en ce moment est si évident qu’il frappe tous les yeux. Aussi, la bonne réputation de vos deux maisons où travaillent, avec une si généreuse abnégation, les fils que vous nous avez envoyés, se répand-elle en tous lieux, et va-t-elle réjouir tous ceux qui ont à cœur de voir l’Acadie se relever complètement des ruines, sous lesquelles on la croyait, il y a cent ans, ensevelie à jamais. Permettez moi ici, Très Honoré Père, d’associer à votre nom celui du Révérend Père Blanche, Supérieur de cette maison et curé des paroisses de Sainte-Marie et de Saulnierviile, pour les confondre l'un et l’autre dans un même sentiment de vénération, de gratitude et d'amour N’est-ce pas, en effet, ce fils de votre cœur et de votre pensée, qui, par sa confiance dans la Providence, par sa prodigieuse énergie à triompher de tuas les obstacles, à su imprimer à Sainte Anne cette marche ascendante vers tous ces remarquables progrès dont nous sommes si tiers; car l’honneur et la gloire de notre collège font surabonder nos âmes de consolation et du bonheur. Oui, Très Honoré Père, honneur au Révérend Père Blanche, pour tous les trésors d’intelligence et de courage qu’il a déployés dans la direction de l'œuvre que vous lui avez confiée! Honneur aussi à tous ses dévoués coopérateurs, eux aussi les fils de votre tendresse, qui le secondent avec tant de sollicitude et de zèle. Laissez-moi encore attribuer à une autre cause le développement de l’œuvre des Eudistes parmi nous. Il y a deux ans, un deuil cruel, que vous ressentîtes plus que tout autre, frappait votre chère congrégation et lui enlevait l’un de ses membres les plus recommandables par ses vertus, sa grande expérience des hommes et des choses. La mort, Très Honoré Père, vous ravissait soudainement le Père Pierre Marie Cochet, premier supérieur de votre grand Séminaire d’Halifax. Père, nous pleurâmes avec vous celui que nous regardions tous comme un saint. Mais sur sa tombe ont germé des fleurs d’espérance, et, depuis le jour ou ce modèle du prêtre et du religieux expirait, vos enfants ont ressenti bien des fois l’heureux effet des prières qu'il adresse à Dieu dans la gloire du ciel, pour le succès d'œuvres qui loi forent si chères ici-bas. Ayant pour inébranlable base la tombe d’un saint, ces œuvres ne peuvent que prospérer encore davantage. Il y a quelques années, plusieurs d’entre nous, en voyant si humbles et si petits les commencements de Sainte-Anne, se demandaient parfois. “Que deviendra ce collège? Répondra-t-il aux exigences pour lesquelles il a été établi? Pourra-t-il faire bonne figure à côté des florissantes maisons d’éducation, si nombreuses au Canada? Donnera-t-il à l'Acadie des hommes de devoir, des chrétiens convaincus et fortement trempés qui sauront arborer bien haut le drapeau de notre nationalité?’' Très Honoré Père, le temps a déjà répondu en partie à ces questions et le passé nous est un sûr garant de ce que l’avenir nous promet. Daignez agréer nos plus sincères remerciements, notre gratitude à tous, pour les nombreux sacrifices que vous vous êtes imposés pour assurer le succès de cette œuvre, acadienne avant tout, mais où l'on bénira toujours votre nom et votre généralat tout lequel elle a pris naissance. L on nous dit quelquefois qu’en France l’on persécute les congrégations religieuses et le culte catholique. Très Honoré Père, si, en qu’a Dieu ne plaise, les hommes, conjurés contre le Christ et son église, vous obligeaient un jour de quitter votre bien aimée Patrie dont vous êtes en ce moment l’une des gloires les plus pures, vous et vos enfants trouverez toujours en Acadie des cœurs reconnaissants et dévoués pour compatir à vos épreuves, pour vous prouver leur inaltérable amour.