Sainte Anne en Acadie

Year
1881
Month
9
Day
8
Article Title
Sainte Anne en Acadie
Author
Un serviteur de Ste Anne
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Sainte Anne en Acadie La dévotion à sainte Anne qui, tous les jours, donne lieu à de nombreux miracles dans la province de Québec, y a multiplié les sanctuaires consacrés à la mère de Marie. Les lieux de pèlerinage, où les fidèles des divers diocèses du Canada peuvent invoquer leur Bonne Patronne, sont un sujet de légitime orgueil pour tous les vrais Canadiens. Ces sanctuaires, outre leur nombre, sont en effet remarquables pas leur ancienneté, leur beauté, la foi qui les rends si populaires et l’étonnant concours de dévots pèlerins qui aiment à les visiter. Nos frères du Canada ont dressé des longues listes de tous ces lieux bénis. Dans une de ces listes, dont le vénérable auteur a droit à tous nos respects, il s’est glissé une erreur involontaire qu’il appartient à votre journal de signaler. Mgr Lafleche, mentionne l’église Ste-Anne de Richibouctou comme la seule église dédiée à sainte Anne chez les Acadiens. Ceci, faute de renseignements suffisants, est tout à fait inexact. On peut ajouter à l’église Ste Anne de Richibouctou Ste-Anne du Madawaska, Ste Anne de Caraquet, Ste Anne de la Grande Rivière comté de Kent, Ste Anne des Beaumont sur la paroisse de Memramcook, et Ste Anne de la baie Ste-Marie (paroisse du Ruisseau). Il est plus que probable qu’il doit y avoir aussi d’autres églises sous le vocable de cette grande sainte dans les paroisses françaises de l’île Madame, du Cap-Breton et de l’île du Prince Edouard. L’Acadie, proportion gardée, peut donc être fière aussi des sanctuaires qu’elle a érigés à la Thaumaturge qui vient d’être proclamée patronne ecclésiastique de la province de Québec. Ces sanctuaires sont bien inférieurs en richesse à ceux du Canada. Trois d’entre eux appartiennent aux Indiens. Cependant le culte de sainte Anne est en honneur en Acadie comme au Canada et sa fête y est célébrée avec pompe et dévotion. Cette année, le jour de la fête de la bonne sainte le sanctuaire de Ste-Anne de Caraquet, qui n’est qu’une toute petite chapelle, remarquable par le charme de sa situation, était entouré de près de 2,000 pèlerins. Deux messes basses, auxquelles eurent lieu de nombreuses communions, y furent dites. Il pleuvait à torrents, mais malgré la pluie, les fidèles voulaient satisfaire leur dévotion et consacrer toute la matinée à celle qu’ils étaient venus invoquer avec une confiance des plus touchantes! Heureux témoin d’une foi si vive, M. le curé de Caraquet, qui présidait ce pieux pèlerinage, décida que la messe solennelle aurait lieu dans le charmant bocage qui entoure le sanctuaire. Une estrade dressée la veille, protégée par l’ombrage des grands arbres et des voiles de navire fut ornée en quelques instants et le R. M. Trudel, curé de Shippagan, y célébra le Saint Sacrifice. Sous la direction du R. M. Doucet, curé de Grand Anse, un chœur nombreux soutenu par l’harmonium faisait entendre des chants parfaitement exécutés. Après l’office, le M. Biron, directeur du collège St Louis fit une instruction sur sainte Anne, modèle des mères de famille. Malgré l’abri tout à fait insuffisant que les feuilles des arbres offraient à cette nombreuse assistance, ces pieux pèlerins restèrent jusqu’à la fin de la cérémonie. Il est question de remplacer ce pieux et joli sanctuaire dont les dimensions trop restreintes ne répondent plus aux besoins actuels par une vaste chapelle dont les travaux commenceront bientôt. Cet édifice rendra témoignage à la dévotion des Acadiens envers sainte Anne et répondra aux pieux désirs de tous ses fidèles serviteurs. Il sera digne de cette paroisse de Caraquet aussi dévouée à Marie qu’à sa mère et qui, après avoir célébré si pieusement la Sainte Anne, a voulu aussi quelques jours plus tard, manifester sa dévotion envers la sainte Vierge, en solennisant l’Assomption fête nationale des Acadiens. Tous les sanctuaires acadiens de sainte Anne, au 26 juillet, voient se reproduire les mêmes démonstrations qu’on a pu admirer à celui de Caraquet et nous aussi nous pouvons nous proclamer les enfants de sainte-Anne et les pieux [illisible] de nos frères du Canada et de la Bretagne. UN SERVITEUR DE STE ANNE.