Dédicace de l’Eglise du Sacré-Cœur à Saulnierville, Comté de Digby.

Year
1881
Month
10
Day
6
Article Title
Dédicace de l’Eglise du Sacré-Cœur à Saulnierville, Comté de Digby.
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Page Number
4
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Language
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Dédicace de l’Eglise du Sacré-Cœur à Saulnierville, Comté de Digby. L’Archevêque, quatre Evêques, un grand nombre de Prêtres, et trois mille personnes présentes. Mercredi, 14 septembre, le florissant canton de Saulnierville, comté de Digby, était le théâtre d’une imposante cérémonie. L’archevêque et les évêques d’Halifax s’y assemblaient pour bénir et dédier au culte divin la nouvelle église. Plusieurs anciens pasteurs, parmi les évêques et le clergé, participèrent à la cérémonie. La foule était immense. L’église était remplie, elle débordait littéralement, et les abords en étaient couverts d’une multitude qui ne pouvait trouver place à l’intérieur. L’assistance ne comptait pas moins de trois mille personnes. L’atmosphère religieuse de la Baie Sainte-Marie est encore considérablement imprégnée de la mémoire du bon vieil abbé Sigogne. De 1798 à 1844 ce héros exerça le saint ministère parmi les Acadiens revenus d’exil. Sa juridiction s’étendait sur toutes les populations catholiques des comtés de Digby et de Yarmouth. Neuf prêtres peuvent aujourd’hui s’appeler ses successeurs dans les diverses parties de sa vaste mission. Pas n’est besoin de rappeler aux lecteurs de l’histoire de la Nouvelle-Ecosse la place d’honneur qu’y occupe l’abbé Sigogne dans ses prières. Son influence était bien grande et comme prêtre, et comme conseiller, et comme magistrat. Il vit encore de ses amis parmi les autres dénominations, pour rendre témoignage au bien que ce vieux pasteur a opéré dans ces comtés. La dédicace de l’église dont il est question est une preuve pratique de fait que ces populations intéressantes n’ont pas été sans profiter de la présence et de la direction d’un pareil chef. La foi règne ici avec elle les bonnes œuvres. Juger l’arbre à son fruit est peut-être une expression banale, mais comme bien d’autres semblables, elle est juste. Nous voyons ici cent familles en circonstances bien ordinaires se mettre à l’œuvre sous les ordres d’un pasteur zélé qui, comme l’abbé Sigogne, vient de la mère-patrie. En deux années bien employées l’église est levée et construite, avec des bancs, un autel, on achète des vases d’or et d’argent, on fait venir de l’aris de magnifiques vêtements et met en place un orgue à tuyau,–et nous voici en face de cet édifice, sur lequel il ne reste pas un soude dette. Honneur donc aux dignes descendants de ceux qui ont eu le privilège d’avoir pour guide spirituel un homme comme l’abbé Sigogne; honneur aussi au digne pasteur qui suit si sagement et si bien ses traces! Avec ces pensées à l’esprit, il convient de commencer la description des solennelles cérémonies de mercredi. L’arrivée sur le terrain en face de la nouvelle église, de Monseigneur l’archevêque et de NN. SS ses assistants, fut des plus touchantes. Deux longues rangées de peuple s’agenouillèrent pour laisser passer la procession des évêques et des prêtres qui se rendait à la porte pour commencer la cérémonie de la dédicace. Sa Grandeur Mgr l’archevêque prédisait, accompagné de Leurs Grandeurs les évêques de Charlottetown, Mgr McIntyre; de Chatham, Mgr Rogers, ancien curé de cette paroisse; d’Arichat, Mgr Cameron, qui fit le sermon de l’avant-midi; et du Hâvre de Grâce, Mgr McDonald, qui a l’air tout jeune à côté de ses frères de l’épiscopat. On procéda d’abord à la cérémonie de la bénédiction de l’église à l’extérieur et à l’intérieur. Vint ensuite une grande messe, coram pontifice, célébrée par le Très Révd. Monsignor Power. Après la communion, Sa Grandeur l’évêque d’Arichat prononça un magnifique sermon. Prenant pour texte la prédiction concernant la supériorité du nouveau temple de Jérusalem sur l’ancien, l’éminent orateur fit l’exposé de cette supériorité. Le nouveau temple allait être sanctifié par la présence d’un Messie dans les bras de la Vierge Marie. De même que le Christ y allait réellement présent, de même Il le sera ici. Il entra ensuite dans une série de preuves fortes, logiques, de la doctrine catholique sur la présence continue de Dieu dans les églises. Trois quarts d’heure durant l’éloquent orateur tint l’immense auditoire suspendu à ses lèvres. Pour ceux qui ont entendu Mgr Cameron, un résumé serait superflu; pour ceux qui ne l’ont pas encore entendu, qu’il suffise de dire qu’ils ont encore un grand plaisir devant eux. Après la messe, la foule sortit sur le terrain, où on avait dressé des tables pour remplir, moyennant considération, les estomacs vides. Les évêques et les prêtres, au nombre de vingt-quatre, prirent une somptueuse collation fournie par le digne pasteur, le Père Guay, et les paroissiens de Saulnierville. Le terrain présentait le spectacle d’un tour de fête, mais un jour de fête bien ordonné. A quatre heures la cloche rappelait les fidèles à l’église, où Mgr l’évêque de Chatham chanta les vêpres. Après celles-ci, le Père Richard fit une éloquente instruction en français. Le premier temple de Dieu ut la terre avant la chûte d’Adam. L’homme s’étant montré infidèle, son orgueil lui ayant fait perdre sa haute position, le Créateur ordonna que des hommes spécialement choisis pourraient seuls offrir des sacrifices pour le genre humain dans des lieux spécialement choisis. Après avoir référé à la construction des temples par les Juifs sur l’ordre de Dieu, l’orateur parla des divers points de vue d’où l’on peut envisager les lieux consacrés au culte. Par rapport à Dieu, ils sont ses demeures. Il y est par son omniprésence et par d’autres attributs. Par rapport à l’homme, Dieu veut qu’on lui rende grâces. L’orateur termina son instruction d’une heure par des avis pratiques à l’adresse de ses compatriotes les exhortant à pourvoir à leurs nécessités spirituelles et temporelles, à encourager l’éducation, et à se livrer à l’agriculture et à la colonisation. Le Père Richard est fait pour diriger. Il existe à Saint-Louis, N.B., de nombreuses preuves de son zèle et de ses bonnes œuvres. Ses dernières remarques firent une profonde impression sur ses auditeurs. La bénédiction du Très Saint Sacrement termina la cérémonie de la dédicace. Sa Grandeur Mgr l’archevêque exprima ensuite en quelques mots bien choisis sa vive gratitude envers Leurs Grandeurs pour leur présence, envers le clergé de son diocèse et des diocèses voisins pour leur assistance, envers les fidèles et particulièrement ceux de Saulnierville pour la manière édifiante dont la fête avait été célébrée. La collecte usitée a eu un grand succès. En somme, le souvenir de cette cérémonie ne s’effacera pas de sitôt. Les étrangers louent hautement tout ce qu’ils ont vu et entendu pendant leur séjour au milieu des pieux et hospitaliers habitants des côtes de la Baie Sainte-Marie. Ci suit une liste des prêtres qui ont officié à la messe : Célébrant–Très Révd. Monsignor Power. Diacre– Révd. M. F. Richard. Sous-diacre–Révd. D. J. G. McDonald. Maître de cérémonies–Révd. E. F. Murphy. Thuriféraire–Révd. W. J. Mihan. Ass. Acolytes–Révd. J. A. Manning et Révd. J. C. Bernard. Exorciste– Révd. M. J. Driscoll. Les décors de l’autel,–fleurs, etc.,–étaient magnifiques, à la messe et aux vêpres. Le père Guay avaient eu la bonne fortune de s’assurer les services d’un habile assistant, et d’un spécialiste dans cette branche, dans la personne du Père Brown, curé de Yarmouth. Cet homme énergique avait travaillé beaucoup, et son travail lui fait honneur. Les fleurs ont été fournies par quelques paroissiens. En face de la grand’porte était une belle marche de verdure surmontée d’un cœur, et des drapeaux flottaient à profusion du clocher ainsi que partout sur le terrain. La salle à manger du clergé était un bijou, les murs et le plafond étant couverts de verdure entremêlée de fleurs. La nouvelle église est de style gothique, pourvue d’une double galerie pour le chœur. Il faut ajouter que tous les travaux de charpenterie ont été exécutés par des ouvriers de Clare. Les gens de Saulnierville peuvent à bon droit être fiers de leurs église neuve. Liste complète du clergé présent : Sa Grandeur l’Archevêque, Sa Grandeur l’Evêque de Charlottetown, Sa Grandeur l’Evêque de Chatham, Sa Grandeur l’Evêque d’Arichat, Sa Grandeur l’Evêque de Hâvre-de-Grâce, Très Révd. Monsignor Power, Ste. Marie, Halifax, Révd. M. F. Richard, président du collège de St. Louis, N. B., Révd. Jas. M. Quinau, curé, Arichat, C. B., Révd. D. J. G. MacDonald, curé, Bear River, I. P. E., Révd. Dr. O’Brien, curé, Indian River, I. P. E., Révd. W. MacLeod, curé, Pubnico. Très Révd. Chanoine Madden, curé, Chezzetcook, Révd. P. Danaher, St. Joseph, Halifax, Révd. E. F. Murphy, secrétaire de l’Archevêque, Ste. Marie, Halifax, Révd. R. Kearns, président collège Ste. Marie, Halifax, Révd. S. S. Biggs, St. Patrick, Halifax, Révd. J. M. Guay, curé, Ste. Marie, Clare, Très Révd. J. Daly, curé, Meteghan, Révd. W. J. Mihan, curé, St. Bernard, Révd. P. W. Brown, curé, Yarmouth, Révd. J. M. G. Manning, curé, Tusket Wedge, Révd. D’Hommée, curé, Eel Brook, Révd. M. J. Driscoll, curé, Port Gilbert. Révd. J. C. Bernard, curé, Salmon River.