Correspondances

Year
1881
Month
9
Day
29
Article Title
Correspondances
Author
variés
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances. M. le Rédacteur, Il m’est très agréable d’annoncer, aux patriotes acadiens, que nous sommes prêts à recevoir leurs souscriptions à l’œuvre, éminemment nationale, de la colonisation des forêts vierges de l’Acadie. Une copie des règlements de notre Société, sera envoyée, à messieurs les zélateurs, avec prière de remettre, le plus tôt possible, à M. le Trésorier, les contributions des membres, dans leurs paroisses ou missions respectives. Nos seigneurs les Evêques, ont bien voulu approuver et bénir notre noble entreprise. J’ose espérer, que la regrettable polémique, qui rage aujourd’hui, au sujet du choix de la Fête Nationale des Acadiens, n’affectera en rien les progrès de notre société Acadienne de colonisation. N’oublions point, que nous nous sommes réunis en convention le 20 juillet dernier, pour nous connaître, nous compter et nous unir, afin de travailler plus efficacement, au bonheur futur de la nation acadienne! Que les Allemands du pays, se déchirent entre eux, à propos des bottes, s’ils le désirent; mais pour nous, vrais acadiens et amis sincères de l’Acadie, travaillons avec énergie et persévérance, au bonheur présent et futur de nos chers colons! Plus tard, la Patrie reconnaissante, bénira et vénèrera les noms de tous ceux qui auront contribué loyalement à la rendre heureuse et prospère! A l’œuvre donc, braves Acadiens, envoyez vos souscriptions et que l’avenir prouve, que vous êtes en tout, les dignes fils des fondateurs de la vieille Acadie! Agréez, M. le rédacteur, les sympathies de I. JOS. OUELLET, ptre, Président de S. centrale Acadienne de colonisation. Ste. Marie, comté de Kent, N. B. Septembre 24 1881. M. le rédacteur, N’est-il pas bien regrettable de voir que votre correspondant d’Egmont Bay est encore à s’amuser à la moutarde? Il avait avancé sur l’autorité d’un pauvre mortel comme lui que les anciens Acadiens fêtaient fort solennellement la St. Jean-Baptiste, et sa logique lui avait fait conclure qu’ils la chômaient comme leur fête nationale. Comme il est ordinairement dans l’ordre de prouver ce qu’on affirme, je lui ai suggéré l’idée d’amener ses pièces, et pour toute preuve il se contente de me dire que je n’ai pas refuté son avancé. Je suis persuadé qu’il n’en fera pas plus tant qu’il aura le moutardier à la main. Je sais bien ce qui l’empêche maintenant d’aborder résolument la question. C’est qu’il a le « cerveau pas trop faible » pour comprendre que si toutes les fêtes que l’on chôme « fort solennellement » étaient par là même des fêtes nationales, il y aurait autant de fêtes nationales–que de fêtes que l’on chôme fort solennellement! Quant à « l’engagement pris par nos délégués à Québec en 1880, » les membres de notre dernière convention n’ont pas eu à s’en occuper, car ils avaient autre chose à faire. A Québec il a été question d’adopter la Saint-Jean-Baptiste comme fête nationale propre de toute la race française en Amérique, ce qui a été fait et ratifié de toutes parts. A Memramcook, les membres du comité de la convention ont proposé l’adoption d’une fête nationale propre des « Acadiens des Provinces maritimes, » et un « nombre respectable » des membres de la convention ont fait un choix qui a été immédiatement approuvé à l’unanimité … « Je vous le demande, M. le rédacteur, fut-il conduite plus singulière que celle d’un certain nombre de nos délégués qui critiquent aujourd’hui ce qu’ils ont approuvé hier? » A. B. B. Gloucester, 17 septembre 1881. Cher Moniteur, Les reproches amers étrangères que vous me faites gratuitement dans votre dernier numéro, me force de rompre le silence. Depuis quelques temps j’ai été l’objet des insultes les plus grossières de la part de certains correspondants anonymes, qui ont trouvé dans vos colonnes plein et entier accès; mais comme ces articles ne contenaient que des injures personnelles et que vous refusiez d’en prendre la responsabilité, je pris le parti de tout endurer pour l’amour de la paix. Maintenant que vous prenez la responsabilité de ces articles et que vous voulez les justifier, je ne saurais permettre à ce que mon caractère et ma position soient ainsi compromis impunément. C’est un ami de seize ans qui se déclarer contre moi, et je dois manifester combien je ressens profondément les reproches que j’en reçois. Ce n’est pas seulement pour me justifier moi-même que je prends la plume; mais pour présenter au public les choses sous leur véritable point de vue, afin qu’il soit en état de passer un jugement juste et équitable. J’aurais bien des griefs à signaler en ce moment contre certains personnages, qui n’ont cessé par tous les moyens possibles de me détruire personnellement, afin d’atteindre et d’anéantir l’objet de leur haine, les établissements de St-Louis; mais la charité m’ordonne de me taire. Lorsque je fis appel aux Acadiens, à l’occasion des noces d’or de Pie IX, les invitant à se faire représenter à Rome par quelques délégués; on s’efforça d’empêcher la réalisation de ce projet, et on m’accusa des intentions les plus basses et les plus mesquines à ce propos. On commençait à craindre l’influence des Acadiens, et on ne voulut pas leur reconnaître le droit de se faire représenter comme peuple aux pieds du St-Siège. Malgré tous les obstacles, les Acadiens ont présenté leurs hommages au saint Père comme peuple, pas avec autant d’honneur et de distinction que si la chose eût été généralement encouragée; mais au moins assez dignement pour porter le saint Père à nous bénir comme peuple et reconnaître notre existence. Le premier pas était fait, nous établissons notre existence comme peuple catholique. La France, notre mère patrie, fut fière de ses enfants en contemplant ce touchant spectacle, et la presse française constata ce fait dans les termes les plus flatteurs. Il s’agissait ensuite de nous faire connaître comme peuple loyal au drapeau britannique, et à l’occasion du passage du marquis de Lorne et de la princesse Louise, nous leur présentâmes nos louanges dans une adresse spéciale et dans notre propre langue, ce qui nous mérita les éloges de tous nos véritables amis. Plus tard, nous fûmes invités à la convention de nos frères les Canadiens à Québec, et nous fûmes heureux de nous y rendre en grand nombre pour leur témoigner notre attachement et notre admiration. La pompe religieuse et les manifestations patriotiques dont nous fûmes les témoins, nous décidèrent à convoquer une convention acadienne à Memramcook, et un comité fut nommé pour son organisation. Ce comité, fidèle à sa mission, organisa donc cette convention, nomma des commissions spéciales chargées de s’occuper des diverses questions qui pouvaient intéresser les Acadiens, au nombre desquelles se trouvait la question du choix d’une fête nationale. J’eus l’honneur d’être de cette commission, ainsi que le Rév. Père Bourgeois et plusieurs autres prêtres et laïques. La question était donc ouverte à la discussion, aussi elle fut longuement, habilement et chaudement discutée par les deux partis. La discussion terminée et le vote pris, le choix unanime tomba sur l’Assomption de la sainte Vierge comme fête nationale, et les délégués retournèrent dans leurs localités respectives emportant la bonne nouvelle. Quelques jours plus tard, un soi-disant touriste prend la liberté de se servir de vos colonnes, et, non content, de critiquer notre choix, se permet de dire que les délégués ont été dupés de coteries, d’influence indue, etc, voulant ainsi insinuer que tous ceux qui avaient voté pour l’assomption étaient une bande de bouffons. Je crus bon de lui répondre et de lui dire que la convention acadienne était digne de respect, et qu’il n’avait pas le droit de nous injurier ainsi. M. Pascal Poirier, qui a eu le malheur de ne pas penser comme ses adversaires, ressentant l’injure faite à ses compatriotes lui répond aussi, et depuis lors vos colonnes sont remplies de correspondances les plus insultantes à notre adresse.–Comme M. Poirier a pris lui-même sa défense je ne me mêlerai pas dans sa cause; mais il a eu tort d’essayer de me justifier; car cela est assez pour préjudicier sa propre cause aux yeux de plusieurs. Maintenant, après la convention, qui est-ce qui a commencé les attaques? –M. le Touriste & C. e. D’après vous, M. le Moniteur, il avait raison d’en agir ainsi; et vous dites que c’est moi qui ai provoqué ces correspondances par ma réplique à l’adresse de mes paroissiens, et cependant Touriste, XXX, Bénédict, etc., ont tous écrit avant que mon discours ait été publié.–« Voyons donc » M. le Moniteur, vous vous trahissez. La question de la fête nationale étant une chose réglée, il n’est plus permis d’en faire une question de discours. Cette question a été librement discutée et la fête librement adoptée; il faut donc s’en tenir là. Il n’est pas défendu de critiquer de notre choix; mais lorsqu’on nous accuse de coterie, influence indue, d’intrigues, etc., et cela dans la presse et à tout propos, c’est bien la forcer la note. Oser parler d’influence indue, d’intrigue, etc. Depuis quinze ans que vous M. le Moniteur, vous nous invitez, nous Acadiens, à aller ici et là fêter votre fête nationale, la Saint Jean-Baptiste, et cependant le peuple ne l’a jamais adoptée. Vous avez poussé même l’indélicatesse jusqu’au point de publier dans une de vos colonnes, au mois de juin, que le choix d’une fête nationale sera soumis à la convention, et dans le même numéro, vous invitiez les Acadiens d’aller fêter leur fête nationale à Memramcook le 24 juin. Parlez d’influence [illisible] lisez le discours du Rév. Père [illisible…] [illisible…], qui nous dit que « notre fête nationale a été choisie à Québec l’année dernière avec beaucoup d’enthousiasme, que nous avons accepté comme patron le saint précurseur du Christ en s’enrôlant sous la bannière de la Saint Jean-Baptiste. Consultez les délégués de Québec, que l’on voudrait faire supposer comme indisposés contre nous; ils sont certainement désappointés, et ils ont raison de l’être, car, comme me le disait l’un d’eux, en allant à Memramcook, on nous a écrit de venir faire des discours sur la Saint Jean-Baptiste, nous donnant à penser que la question était réglée, etc. Ce n’est pas les délégués de la convention qui ont voté pour l’Assomption, qui ont indisposé les délégués canadiens. Certes, non! mais bien ceux qui ont pris sur eux la responsabilité de trancher les questions à leur goût sans respecter les opinions et les sentiments des Acadiens. J’en appelle au comité de régie de notre convention nationale, avez-vous agi sincèrement et franchement lorsque vous avez tracé le programme des questions délibératives? Ou bien le choix était déjà fait à Québec ou il ne l’était pas. Si oui, alors vous vouliez faire des dupes des délégués acadiens. Si non, vous devez vous défendre et nous défendre contre les attaques qui sont faites contre nous. Maintenant, cher Moniteur, je ne vous reconnais pas l’autorité d’interpréter mes écrits ou mes discours suivant votre gré et d’en tirer les conclusions que vos préjugés vous suggèrent. Si M. Pascal Poirier vous a attaqué, défendez-vous avec vos propres armes, et laissez ceux qui vous laissent tranquille en paix. Je ne vous ai pas attaqué, malgré que vous m’ayez beaucoup mortifié; et tant qu’au Père Bourgeois, MM. les abbés Pelletier, D’Amour, le Père Lefebvre, l’hon. M. Landry et l’hon. M. Arsenault, que vous signalez comme ayant été injuriés par ma réponse à l’adresse de mes paroissiens, je proteste contre une telle liberté de traîner ainsi des noms aussi respectables dans les feuilles publiques pour servir des intérêts privés, pour ne rien dire de plus. Je prie ces messieurs de vouloir bien relire mon discours cité par le Moniteur comme injurieux pour vous et en même temps prendre la peine de lire l’explication suivante. Les paroles citées sont de moi. J’ai dit que si je n’eusse adopté la ligne de conduite que j’ai suivie, je n’aurais pas osé revenir au milieu d’eux et me dire l’ami des Acadiens. Je parlais d’après mon point de vue et d’après mes convictions. Or, si j’étais sincère dans mes démarches, n’avais-je pas raison de dire ce que j’ai dit, et si j’eusse agi contrairement à ces convictions n’aurais-je pas eu raison d’avoir honte de paraître devant eux et de me dire leurs amis? Peut-on raisonnablement inférer de là que tous ceux qui n’ont pas pensé comme moi, mais qui cependant étaient sincères et convaincus dans leur manière de voir, sont des traîtres, des judas, etc.? Ces messieurs pourraient adresser leurs paroissiens de la même manière et dans les mêmes termes d’après leur point de vue, sans pour cela blesser personne. J’ai ajouté, « nous n’avons fait que notre devoir, et ceux qui ne l’ont pas fait sont les plus à plaindre. » Remarquez que c’est en parlant des correspondants anonymes que je me suis servi de ces paroles. Je prétends avoir fait mon devoir ainsi que tous ceux qui ont partagé mes vues; mais je dis aussi que tous qui ont agi avec conviction et sincérité dans le but de promouvoir les intérêts des Acadiens, et qui n’ont pas pensé comme nous, ont fait aussi leur devoir et s’ils avaient agi autrement, ils auraient été véritablement des traîtres, des judas, des prévaricateurs, et j’ajouterai des hypocrites. Mais si ces mêmes messieurs ou d’autres, après la convention, ne se plaisent qu’à vilipender mes démarches et semer la zizanie dans notre camp et le germe de la désunion et la discorde–je prétends que ceux là ne font pas leur devoir et qu’ils sont véritablement à plaindre. Je regrette amèrement que notre convention nationale, qui est destinée à nous réunir et à nous fortifier, soit empêchée de produire ce beau résultat par la malice ou l’impudence de ces correspondants anonymes, qui ne peuvent avoir nos vérifiables intérêts à cœur. J’espère que pour le bien général, les esprits vont se calmer et que la charité et la justice reprendront leur place légitime dans tous les cœurs, et que vous, chers lecteurs, vous resterez fidèle à votre mission, qui est de défendre et de sauvegarder les droits du peuple acadien. Votre, & c, M. F. RICHARD, Ptre.