Correspondances

Year
1881
Month
9
Day
29
Article Title
Correspondances
Author
X
Page Number
1
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances Monsieur le Rédacteur, Les citoyens de Petit Rocher ont eu dimanche dernier la visite de leur représentant aux communes, l’hon. M. Anglin, il a, nous supposons, voulu compléter sa campagne politique dans les provinces maritimes en venant exposer à ses électeurs ses vues sur la question de la protection et du libre-échange. M. Anglin a parlé à sa manière ordinaire sur les droits imposés sur les effets de consommation, les cotons et les lainages en particulier. A l’entendre, si on parti était au pouvoir, il n’y aurait pas de taxes, pas de droits à payer; tous ces droits sont imposés par le gouvernement actuel pour faire la fortune de quelques manufacturiers, dont le peuple est appelé à payer pour les carrosses, les chevaux et le luxe dont ils jouissent. C’était vraiment attrayant de l’entendre. Qu’avons-nous besoin, disait-il de ces manufactures, de ces manufacturiers, puisque nous procurer les mêmes effets en Angleterre et aux Etats-Unis? Quel avantage y a-t-il pour vous que ces manufactures donnent de l’emploi à cinquante mille hommes de plus dans la Puissance? A l’entendre, ces manufactures sont la peste du pays. Cependant, il a admis que la prospérité nous revenait, mais se reprochant immédiatement d’avoir laissé échapper ce fait, il s’est écrié : Qui devons-nous en remercier? Une voix :–Sir John A. MacDonald et Sir Léonard Tilley! –Non! non! répliqua-t-il; la providence. Il s’étendit ensuite fort longuement sur le contrat du Pacifique et le syndicat, mais ce ne fut qu’une ennuyeuse répétition de ce qu’il a dit ailleurs et de ce que son journal réédite toutes les semaines. Heureusement, M. Anglin n’eut pas tout à lui. M. Turgeon, le vaillant et intrépide défenseur du gouvernement dans ce comté, se trouvait présent, et aux appels presqu’unanimes des électeurs présents, il prit la parole. Jamais je n’ai remarqué autant d’enthousiasme parmi les Acadiens de cette paroisse, qu’en cette occasion, on croirait déjà que la récente convention acadienne porte ses fruits, et vraiment c’est d’un bon augure pour la campagne de ’83 dans ce comté. Le discours de M. Turgeon a été bref mais il a frappé juste et fort. Il a démontré par un argument fort bien raisonné, que la politique nationale avait ramené la prospérité au pays, que le gouvernement de M. McKenzie, si protecteur envers M. Anglin, s’était obstiné à en éloigner; qu’elle inspirait beaucoup de confiance à l’étranger, et que, contrairement aux avancés de M. Anglin, le riche portait le poids des droits, tandis que le fermier était protégé, et recevait beaucoup plus pour ses produits que sous le libre-échange. Il fit aussi la remarque que les Irlandais, lui semblait-il, devraient être les derniers à trouver à redire contre la présente administration, vû le montant libéral voté pour venir en aide à leurs compatriotes et frères de la belle Erin, ainsi que le vaste territoire que le pays leur offre pour asile. Après avoir parlé environ trois quarts d’heure, il termina au milieu des acclamations répétées des auditeurs, chacun s’en retournant convaincu que M. Turgeon était resté maître du terrain. En voulant bien, M. le rédacteur, donner publicité à ces quelques lignes vous obligerez votre dévoué. X