Correspondances au rédacteur du Moniteur Acadien

Year
1881
Month
10
Day
13
Article Title
Correspondances au rédacteur du Moniteur Acadien
Author
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Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances Au rédacteur du Moniteur Acadien MEIN HERR, Les « Allemands du pays » saluent respectueusement M. le président de la société centrale acadienne de colonisation, et le prient de croire que, vu que ce n’est qu’à propos de bottes qu’ils se déchirent entre eux, » comme il paraît en être convaincu, il ne doit avoir rien à appréhender de leur part pour les progrès de la société qu’il préside. En même temps il osent espérer, nonobstant la profonde spathie pour le bonheur présent et futur des colons acadiens dans laquelle leur polémique enragée doit les avoir irrévocablement plongés, qu’ils auront eux aussi, avec bien d’autres encore, au moins une petite part aux bénédictions futures de la patrie reconnaissante, car ils ne sont pas encore assez allemands pour donner à penser qu’elle reconnaitra comme ayant contribué loyalement à la rendre heureuse et prospère et comme ayant droit au titre de « vrais Acadiens et amis sincères de l’Acadie, » ceux-là seulement qui auront travaillé à ouvrir ou à faire ses forêts vierges, quelque large que soit la mesure de reconnaissance qu’ils auront droit d’attendre de sa part. LES ALLEMANDS DU PAYS. UN DERNIER MOT À M. A. B. Monsieur le Rédacteur, Décidemment, votre cas est grave, mon cher A. B. La moutarde vous trouble le cerveau et vous embrouille péniblement la vue. Voilà que vous ne voyez plus que « moutardier » et sinspisme. Ce qu’il y a de dangereux pour tous, c’est que vous ne vous rendez pas compte de votre état fiévreux. Vous ébréchez furieusement le bon sens, par exemple, quand vous vous efforcez de tirez les conclusions des prémisses boiteuses que vous posez. Vous me faites là un galimatiss à propos de fêtes religieuses et nationales, à faire crever de rire, si votre état n’inspirait des craintes. Je vous cite des autorités, v. g. M. Fontaine qui écrit sur le sujet avec parfaite connaissance de cause, et vous appelez cela « des article de journaux ». Je vous renvoie à M. Chouinard relatant ce que nos délégués à la convention de Québec, ont statué et accepté tant en leur nom qu’au nom de ceux qu’ils représentaient, vous me répondez par un salmigondis des mieux conditionnés. C’est un parti [illisible] chez vous de faire la guerre au sens commun. Grand bien vous en fasse. Mais il n’en restera pas moins avéré que la conduite tenue par un certain nombre de nos délégués à la convention de Québec et à celle de Memramcook est radicalement contradictoire. Pour eux il n’y avait pas deux chemins à suivre, ni deux conclusions à tirer. Pour rester fidèle à leur parole de gentil-homme ils devaient ratifier ce qu’ils avaient consenti, et voilà ce qu’ils n’ont pas fait. Sur ce, mon cher A. B., permettez-moi d’imiter mon aîné, en vous tirant ma plus aristocratique révérence. Egmont Bay, 1er octobre 1881. Aux vaincus!! Pauvres gladiateurs! c’est à vous que je viens m’adresser aujourd’hui. Vous voyant terrassés aux pieds de vos victimes, sur lesquelles vous déchaîniez toute votre rage et votre fureur, et dont la patience a ainsi fait retomber sur vous vos balles et vos mitrailles; vous voyant, dis-je, ainsi épuisés et hors de combat, je n’ai pu m’empêcher de jeter sur vous et sur les blessures que vous avez eu la folie de vous infliger vous-mêmes, un regard de pitié. N’allez pas vous imaginer que je désire entrer dans l’arène de vos combats si déplacés. Bien loin de là! Mais voulant suivre le conseil du père de la satire, « Un sage ami, toujours rigoureux, inflexible, « Mer vos fontes, jamais ne vous laisse paisible. » Mon intention est de vous dire en peu de mois ce que pense la masse de notre peuple affligé par vos « élucubrations » lâchement lancée, par la voix de la presse, à certains personnages qui, eux en moins, sont dignes de la position qu’ils occupent, et qu’une vaine jalousie et un stérile regret mettent en butte à toutes vos ignominies; et surtout ce que tous les vrais Acadiens pensent de vos débordements. Je n’essaierai pas de dire mot sur l’hilarité qui agite vos frères du Canada depuis que votre langage « mirobolant » s’est fait entendre. Ils étaient loin de penser qu’ils avaient de tels polichinelles à leur service. Remarquez bien, ils rient à vos singeries et à vos bêtises, mais non à vos victimes, non des Acadiens, ce jeune peuple renommé pour ses mœurs paisibles, honnêtes, et étranger (grâce à Dieu) toutes ces bouffonneries. Je ne prétends pas guerroyer contre le jeune québecquois qui fleurit sur les bancs d’huitres de Caraquet et de ses confrères des environs de Shédiac, là où se trouve le vrai « Québec » d’un Touriste, Bénédict, & Cie. Mais soyez assurés, chers Turlupins, que vos masques sont depuis longtemps tombés; vous-mêmes en avez tranché la corde. La jeunesse et l’inexpérience de l’imprudent Bénédict (??) est déjà depuis longtemps connue. Je le remercie publiquement d’avoir voulu ainsi se faire connaître en se vantant de son chef-d’œuvre : « Tel vous semble applaudir qui vous raille et vous joue. « Aimez qu’on vous conseille, et non pas qu’on vous loue. » Le Touriste impudent a été poursuivi dans sa tanière, et on l’a vu se détachant avec ses turlupins et menus « fretins. » Mal faire ne peut durer, dit le proverbe : Messieurs le Touriste, Bénédict & Cie, sauvez-vous! car les coups qui pourraient survenir, la honte de voir vos noms bientôt affichés, et l’ignominie qui en résultera pour vous pourraient bien rendre funeste votre court séjour chez les Acadiens, que vous êtes venu abuser, et qui pourtant ont toujours été vos bienfaiteurs! En effet, qui pourrait croire qu’un peuple encore naissant put posséder dans son sein des enfants aussi rebelles? s’il y en a eu un par hasard, ce n’est pas l’Acadianisme qui a pu agir en lui : mais obligé d’être imbu d’un esprit différent (au moins pour un temps) il a cru bon se décider d’embrasser le Canadianisme. « L’occasion fait le larron, » aussi notre peuple déplore-t-il ses écarts inconsidérés : la grande voix de l’avenir nous dira quels sont les vrais sentiments de ce jeune patriote qui semble s’être fourvoyé sous un autre étendard. Oui, tout le monde, en Acadie, déplore cette polémique insensée qui dévore le Moniteur depuis notre convention. Tous les vrais Acadiens sont indignés de voir leur première réunion aussi vilipendée par quelques faquins qui, comme le loup sous la peau de l’agneau, cherchent à s’appeler Acadiens. Heureusement l’opinion populaire est déjà au courant, et sait que les frères d’Evangeline n’ont pas la douleur de reconnaître parmi eux ces « fretins » de désordre, de cabales, de sots qui toujours cherchent d’autres sots pour se faire admirer. L’exemple trop saillant des attaques personnelles livrées à la publicité depuis si longtemps en donne malheureusement trop la preuve. En effet, quel homme respectable osera se revêtir d’un masque pour aller insulter plus librement un semblable?? …… Répondez, Touriste, Bénédict & Cie.; non comme toutes vos réponses aux victimes de votre haine, lesquelles ne contenaient qu’un amas d’insultes et non de réfutations–mais en gens consciencieux de tout ce que vous dites et faites. Sinon. Mais, achevons. Tous les Acadiens et amis du Moniteur regrettent beaucoup les premières attentions témoignées à ces loups-garous. Mieux aurait-il été de rire de ces vrais étourdis qui se sont bien désignés en s’appelant « Touriste & Cie » (gens qui tournent sans cesse) sans doute leur coco s’en sent. Et vous, Touriste Bénédict & Cie., vous qui étiez pour donner l’exemple de la paix plutôt que de la discorde, rougissez et cachez-vous en emportant sur vos épaules le poids énorme de la responsabilité que vous avez acquise (outre celle que vous aviez déjà) en étant ainsi cause de toutes ces dissensions et ces scandales que vous avez semé publiquement. Avez-vous oublié la parole divine qui nous dit : « Malheur à celui par qui le scandale arrive? » Et que vous dire de ces amitiés rompues ce qui peut-être pourrait avoir des suites plus ou moins graves pour notre bonheur et notre avancement! A vous Touriste surtout, vous qui avez daigné vous déclarer grand chef de cette cohorte flamboyante d’épithètes et d’insultes, c’est à vous de vous dépêcher à faire un acte souverain de réparation. Si vous ne vous en sentez pas capable, eh bien! cachez-vous et ne provoquez plus ceux que vous avez déjà trop irrité. Craignez, craignez car le jour n’est pas éloigné où vous serez poursuivi dans votre marécageux séjour. Bientôt, si vous continuez, vous verrez votre nom, déjà trop connu pour votre honneur, livré à cette publicité dont vous avez abusé. Et vous zélateurs de notre cause, si vous vouliez m’en croire, vous laisseriez là toutes ces inutiles correspondances qui, malgré votre noble dévouement, ne serviront qu’à formenter la dissension. Le public ne demande plus qu’une chose, c’est que l’on fasse enfin justice de ces insulteurs anonymes. INOS.