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Newspaper
Year
1894
Month
11
Day
22
Article Title
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Author
les élèves du college St Joseph
Page Number
2, 3
Article Type
Language
Article Contents
Vendredi soir, avait lieu à la salle Sissiboo, l’assemblée conservatrice que nous annoncions la semaine dernière. Quatre orateurs ont pris la parole, sir C. H. Tupper, les Honorables Ouimet, Bergeron, et M Mills, M. P., d’Annapolis. Monsieur Tupper est connu pour sa facilité à aligner des mots et, il en a dévidé pendent une heure à l’assemblée de Weymouth. M. Bergeron est l’orateur (speaker) à la Chambre; il a du souffle. Il parle l’anglais avec facilité. M. Ouimet, soit dit entre nous, a pataugé pitoyablement, s’est embourbé, s’en est foutu par dessus les yeux. Il ne savait que dire à la poignée d’Acadiens qui tâchaient de deviner où il en voulait venir. Ce que nous en avons compris, est qu’il blâmait les Acadiens de Clare de se laisser berner par les histoires des libéraux. Il n’a pas prouvé bien entendu, ces mensonges des libéraux; il n’a pas la moindre idée même pourquoi les Acadiens libéraux sont libéraux, il ignore les raisons particulières qui les y amènent, indépendamment des intérêts généraux dûs à leur position géographique. Cependant, ce déploiement de forces conservatrices sur notre territoire est une preuve de notre importance en temps d’élections. Beaucoup de comtés n’ont pas l’insigne honneur de se faire catéchiser par des docteurs de ce volume. Toutefois ils ont fait peu de conversions, nous craignons même pour eux qu’ils n’aient jeté le doute dans l’âme de quelques uns de leurs adeptes. Ils ont encensé, embaumé, adoré, baisé le gouvernement tout a leur aise. Comme nous l’avons déjà dit, les libéraux se chauffaient les pieds— at home—pendant ce temps là, et la médiocre assemblée des amis du parti se sentait manifestement mal à l’aise des tirades décousues de notre Ministres des Travaux Publics. Parfaitement inutile messieurs, de prêcher ici des doctrines dans lesquelles nous n’avons pas confiance; parfaitement maladroit, les amis, de nous croire ignorants de nos intérêts, très comique aussi, de votre part, de vouloir nous faire tourner nos vestes si facilement. Voilà une assemblée aisément expédiée, qui s’annonce, qui arrive, qui passe, est oubliée. Amen, ainsi-soit- Collège St-Joseph. Les personnages distingués qui visitent de ce temps ci les Provinces Maritimes devaient se rendre au collège St. Joseph le cinq du courant. Les circonstances les avaient obligés de remettre cette visite à lundi dernier. Inutile de dire l’anxiété des étudiants, et surtout de ceux qui chérissent certaines prétentions plus ou moins politiques. Lundi, un autre obstacle empêchait leur arrivée. Mais un télégramme nous assurait, pour mardi soir, l’arrivée de M. LeBlanc, orateur de 1’assemblée Législative de Québec ainsi ique de M. Girouard, M. P. Les tristes dégâts de la dernière tempête retenaient l’hon. M. Ouimet sur les côtes de la Nouvelle-Ecosse. Mardi dernier, enfin, à 8hrs. p. m. MM. LeBlanc et Girouard faisaient leur entrée dans la grande salle du Collège St. Joseph. Les élèves leur ont présenté deux adresses, dont l’une en français par M Ferd. Robidoux, rhétoricien-président de l’Académie St-Jean-Baptiste; et l’autre, en Anglais, par M. Wm. Barry, élève de rhétorique. Voici l’adresse française : Aux HONORABLES MESSIEURS GIROUARD ET LEBLANC : Honorables Messieurs, Vous n’ignorez pas que—jusqu’à ce dernier instant—nous attendions quelques-uns des honorables ministres d’Ottawa dont la visite nous avait été promise avec la vôtre lorsque vous reviendrez tous de la Nouvelle-Ecosse. Les circonstances qui empêchent ce soir l’honorable Ministre des Travaux Publics ainsi que quelques autres de vos amis de s’arrêter un moment dans la vallée de Memramcook, nous ont laissé toutefois une belle consolation. C’est celle de recevoir dans les murs de cette institution l’honorable orateur de la chambre de Québec et l’honorable député des Deux Montagnes à la chambre fédérale. A la nouvelle de votre arrivée, nous nous sommes demandé si vous n’étiez pas tous deux des descendants de ces déshérités qui dans la tourmente de 1755 sortirent de l’Acadie pour aller se fixer dans la province de Québec! Si c’était le cas—et vos noms nous le font croire—nous saluerions maintenant en vous plus que des hommes de mérite et de haute j influence,—nous accueillerions en votre personne des frères par l'origine et par le sang. Dans l’institution que vous visitez vous voyez, Honorables Messieurs, la première maison de haute éducation qui ait été érigée dans ce pays en faveur des Acadiens. Vous avez, en même temps, sous vos yeux, 1 établissement religieux le plus prospère des provinces maritimes. Notre Alma Mater a fourni et fournit encore aux deux chambres d’Ottawa et à notre chambre locale des représentants dont elle n’a jamais eu l’occasion de rougir jusqu’aujourd’hui : nous en sommes surs. Ajoutons que notre collège jouit aussi, Messieurs, d’un privilège rare parmi les institutions du Canada— celui d’avoir conservé à sa tête, comme guide, son même supérieur depuis la fondation de cet établissement, qui remonte au-delà de trente ans. Le Très Révérend Père Lefebvre, qui vous reçoit à bras ouverts, a jeté ici la semence de l’instruction et du bien. Il a vu cette semence croître par la suite : il en a vu les fruits mûrir à l’honneur du sol qui les avait produits et de la main qui les avait arrosés. Dans une circonstance comme celle qui nous groupe autour de vous, messieurs, son grand cœur, assurément, se réjouit de voir son œuvre honorée de votre sollicitude et de votre bienveillante visite. Aussi en sommes nous réjouis avec lui et vous souhaitons nous, à sa suite, une cordiale bienvenue. Nous garderons, Honorables Messieurs, un heureux souvenir de votre passage au milieu de nous : ce sera un des faits mémorables inscrits dans nos chroniques collégiales. Maintenant, en retour de votre sympathique intérêt, nous, jeunes élèves qui sommes politiquement désintéressés, nous vous demandons une faveur spéciale. C’est que– l’occasion s’en présentant,–vous daigniez user, à titre de descendants acadiens, de votre puissant crédit pour accroître les avantages de 1’institution de Memramcook dont les travaux et les succès ont été si utiles à l’Eglise et à l’Etat dans les provinces maritimes. LES ELEVES DU COLLEGE ST JOSEPH.