Le livre de M. Edouard Richard: "l'Acadie-Reconstruction d'un chapitre perdu de l'histoire"

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1894
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0
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13
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Le livre de M. Edouard Richard: "l'Acadie-Reconstruction d'un chapitre perdu de l'histoire"
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2
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LE LIVRE DE M. EDOUARD RICHARD “L’ACADIE-RECONSTRUCTION D’UN CHAPITRE PERDU DE L’HISTOIRE” Il y a deux semaines, dans notre numéro du jeudi 30 août dernier, a paru un article intitulé “Une nouvelle histoire de l’Acadie” qui était en quelque sorte comme une préface du livre que Monsieur Edouard Richard vient d’écrire sur les Acadiens. Arthabaskaville, Pr. de Québec, 30 août 1894. L’Evangeline,— CHER MONSIEUR, J’ai écrit un ouvrage sur l’histoire des Acadiens, lequel renferme la matière de deux volumes d’environ 400 pages chacun. Acadien moi-même, petit-fils de ces infortunés qu’un édit cruel et barbare condamna à l’exil, à la séparation, à la misère, au chagrin et à la mort sur toutes les plages de ce continent, je me suis efforcé de pénétrer ce '‘Chapitre Perdu" de l’histoire. Je dis “Chapitre Perdu” en effet, les auteurs de ce forfait, honteux de la réprobation générale qu’ils avaient encourue, ont tout fait pour effacer les traces et le souvenir de leur crime. Ces noms de Grand-Pré, Beau-bassin, Port-Royal, si harmonieux, si connus au siècle dernier, et tant d’autres qui eussent rappelé l’histoire de ce peuple Acadien ont été effacés. Les documents qui pouvaient expliquer les causes de ce malheur ou les motifs de ses auteurs ont été détruits. Les coupables ont fait comme le criminel qui incendie sa maison pour faire disparaître toute trace de son crime. Pendant plus d’un siècle, en effet, le silence se faisant de plus en plus grand menaçait d’effacer tout-à-fait cette page d’histoire, mais là où l’historien ne peut pénétrer voici qu’entre le poète; et Longfellow, par son poème immortel d’Evangéline, a avivé le désir de reconstituer l’histoire de ce drame. Depuis, Rameau, Casgrin, ramassant les miettes échappées à la destruction, ont, par leurs travaux infatigables, jeté assez de lumière pour faire maître le soupçon que cette déportation avait-eu pour seule cause la convoitise de ses auteurs et que la disparition des documents devait être attribuée à la honte qu’ils en éprouvaient. Il restait cependant beaucoup à faire, et j’ai pensé qu’il appartenait à un Acadien d’entreprendre la tâche de recomposer d’une manière définitive, s’il était possible, ce « Chapitre Perdu. » Ai-je réussi? Je le crois. Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur le mérite purement littéraire de l’ouvrage que je vais livrer au public, mais, au point de vue historique, je me permettrai de dire que mes efforts ont été couronnés de plus de succès que je n’avais osé l’espérer. Voulant donner à mon ouvrage la plus grande portée possible, en même temps qu’atteindre les lecteurs de l’historien Parkman et ceux du compilateur des archives de la Nouvelle-Ecosse, tous deux coupables d’injustice et de mauvaise foi envers les Acadiens, j’ai cru devoir publier cet ouvrage dans la langue anglaise afin de rectifier plus efficacement les erreurs qu’ils avaient propagées. La traduction est maintenant terminée et avec d’autant plus de satisfaction pour moi qu’elle est l’œuvre d’un écrivain distingué et d’un érudit dont l’opinion éclairée m’est un précieux témoignage. Je ne puis douter du fructueux résultat de mes recherches; je ne puis douter que les faits nouveaux mis en lumière dans mon ouvrage ne soient toute une révélation. Cependant, comme il est plus convenable de laisser parler ceux qui ont été en état d’en juger, je me permets d’adjoindre ici leurs témoignages dans les extraits qui suivent. Mon traducteur, Rev. L. D.—dans une lettre qu’il m’adressait le 9 juin dernier, dit : “On reading your work I felt that I was communing with a real thinker, one who goes deep down into the most secret motives of the chief actors in a great tragedy. You have done what no other historian of Acadia has hitherto done, you have analyzed with singular skill and completeness the character of the various governors of Acadia... “But what impresses me most favorably in your book is its serene and utter impartiality, coupled with its calm exposure of that most partial and untrustworthy of writers, Francis Parkman. . . . . For all men of keen independent perceptions and fearless sincerity your book will mark an epoch in the annals of this continent. You have settled for all time the vexed question as to Lawrence’s motives for the deportation. We now know that a hungry hankering after the homesteads and herds of the Acadians was the real cause of this unparalleled crime.” Mgr Taché, qui a lu une partie considérable do mon ouvrage, m'adressait, quelques jours avant la maladie qui l’a emporté, une lettre qui a été publiée dans Le Courrier du Canada, Le Monde et autres journaux. En voici la teneur : St. Boniface, 26 mai, 1894. Mon cher M. Richard, “Je vous ai promis de prendre en considération les difficultés que vous m’avez soumises au sujet de la publication de votre ouvrage : “ACADIA—Missing links of a Lost Chapter—in American History." “ Etant inconnu comme auteur, je comprends, comme vous me la disiez, qu’il vous serait difficile de trouver un éditeur qui voulut se charger de la publication de votre ouvrage, sans exiger comptant les frais de cette publication. Et, si vous y réussissiez, ce serait en sacrifiant à son profit la récompense qui est légitimement due à votre travail. Vous ne voulez pas faire ce sacrifice et vous avec raison. Je vous l’ai dit et je me plais à vous le répéter, votre ouvrage est un trésor historique qui ne peut être apprécié que par ceux qui, comme moi, ont eu l’avantage de le lire. J’ai été agréablement surpris de tout ce que j’y ai vu, et je ne puis douter que le reste ne soit a l’unisson. Pour trouver tant de choses et démasquer Parkman avec autant de succès que vous l’avez fait, il fallait être Acadien, être mu par un patriotisme peu ordinaire et un grand sentiment de justice; car, tout en vengeant noblement vos pères du crime odieux dont ils furent les victimes, vous ne paraissez pas vous être écarté de l’impartialité qui convient a l’histoire; justice est rendue aux Anglais, et loin de leur causer de l’irritation votre ouvrage devra rencontrer leurs sympathies et leur approbation. “Votre idée de le publier en anglais et aux Etats-Unis est excellente; c’est le moyen de faire réaction contre les écrits de Parkman, si injustes envers vos ancêtres et le clergé catholique. En le faisant connaître sous ses vraies couleurs vous rendez à la religion, à la nationalité et à l’histoire un service signalé. “Il faut le publier et au plus tôt, et si les difficultés sont grandes elles ne sont pas insurmontables. Ainsi, je sais que les gouvernements assistent souvent les auteurs. Pourquoi ne vous adresseriez-vous pas aux gouvernement de Québec et d’Ottawa, et même, je pourrais dire, à ceux de la Nouvelle-Ecosse et du Nouveau-Brunswick qui se trouvent particulièrement intéressés. puisque c’est l’histoire de leurs provinces? Toute la question, je le crois, est de convaincre les ministres de la valeur de votre ouvrage, car, si un auteur mérite encouragement de leur part, c'est bien celui qui comme vous ouvre à l’histoire de son pays un champ nouveau et met en lumière tant de faits ignorés ou incompris. Je fais des vœux pour votre succès et j’attends cette publication avec impatience, car je me fais vieux et je tiens à jouir de l'heureux résultat que votre ouvrage ne peut manquer de produire. Agréez, avec mes meilleurs souhaits, l’assurance de ma haute considération. “ AI.EX. arch. de St-Boniface.” Plusieurs chapitres ont été lus à une réunion d’hommes de lettres à laquelle assistaient MM. Sulte, Montpetit, Garneau, Achille Fréchette, l’honorable Pascal Poirier, Marmette. Ce dernier, quelques jours après, dans une lettré qu’il m’adressait, faisait allusion à cette rencontre dans les termes suivants : Tu te rappelles je l'espère, la vive impression que tu as produite aux "Dix" quand tu nous as lu ton travail manuscrit sur l’histoire des Acadiens. Eh bien, cette impression dure encore, et nous sommes tous convaincus que ton livre écrit par un Acadien, est appelé à un grand succès. Ecrit avec une grande clarté et beaucoup de chaleur, rempli de renseignements nouveaux, cet ouvrage qui traite du sujet si dramatique de la déportation des Acadiens va certainement attirer l’attention de tous ceux qui s’occupent d’histoire au Canada et aux Etats-Unis. Je cite les lecteurs de ce dernier pays parceque, dans ton livre, tu réfutes glorieusement Parkman. Un autre élément de succès pour ton œuvre c’est qu’elle ne contient rien qui puisse froisser les susceptibilités nationales ou religieuses des Anglais ou des Français, et que les uns et les autres aimeront à la lire dès qu’elle sera connue. ” Le Monde du 19, 20, et 21 de juillet dernier a publié en entier le chapitre XYI, lequel donne une excellente idée de la mauvaise foi et des procédés de Parkman. Le Montreal Herald du 28 juillet a publié également en entier l’introduction de cet ouvrage avec un éditorial consacré à l’appréciation de ce chapitre. Je donne la traduction que La Patrie en a faite dans son No du 30 en l’accompagnant de nouvelles observations : “UN CHAPITRE PERDU” “ Le Herald de samedi a publié dans ses colonnes l’introduction de l’ouvrage de M. Edouard Richard sur l’Histoire de l’Acadie. C’est une page éloquente qui donne une excellente idée du mérite de l’ouvrage. On se sent en présence d’un homme que l’élévation d’idées, la délicatesse des sentiments et la chaleur des convictions rendent éminemment propre au rôle d’historien. “ Le chapitre qu’a publié le Monde et qui concerne particulièrement Parkman, fait preuve d’une pénétration et d’un esprit d’analyse peu ordinaires. Sans en connaître d’avantage, nous croyons en savoir suffisamment pour ne pas nous méprendre sur la haute portée de l’ouvrage et pour croire, comme le dit d’ailleurs l'homme éminent qui en a fait la traduction anglaise, qu’il fera époque dans les annales de l’histoire de ce continent. “Il appartenait à un Acadien d’être l’historien de son pays et de venger l’histoire du crime odieux dont ses pères furent les victimes. On comprend l’intérêt tout particulier que devait éprouver M. Richard à pénétrer ce “ Chapitre Perdu”; et comme il nous paraît doué des qualités requises pour cela, nous ne doutons pas que son œuvre ne soit tout ce que le titre qu’il lui a donné nous laisse espérer. “ Cet ouvrage, formant la matière de deux volumes, a été, nous dit-on, terminé dans le texte français l’automne dernier, juste au moment où Parkman s’éteignait au faîte de la renommée. Il restait encore à le traduire en anglais afin d’atteindre les lecteurs de Parkman. Cette traduction est maintenant terminée. Parkman a donc échappé de son vivant à l'orage qui le menaçait, mais l’Histoire est impitoyable, et ceux qui la faussent sciemment et malicieusement ne sauraient jouir de l’impunité finale. “ Nous offrons à nos lecteurs une traduction de l’article élogieux que le Herald consacre à M. Richard, en colonne éditoriale : ” “Nous publions aujourd’hui l’introduc- “tion d’un nouvel ouvrage historique qui “sera bientôt publié en deux volumes par “M. Richard. Ce livre redira, sous un “aspect nouveau, l’émouvante tragédie de “la déportation des Acadiens au siècle der- “nier. L’auteur entreprendra d’assigner “les vraies causes de cette déportation en “réfutant la version que Parkman a don- “née au public. Il exonérera, d’un côté, “le gouvernement de la métropole de toute “responsabilité dans cet acte atroce; de “l’autre, il prouvera que les Acadiens “n’ont rien fait pour justifier cet acte, ou “même tonte sévérité à leur égard. Il ac “cusera le gouverneur Lawrence d’avoir “ordonné la déportation pour satisfaire ses “convoitises sur le bétail des Acadiens. “Ceci est si nouveau et si contraire aux “idées reçues, que le livre de M. Richard “ne pourra manquer de produire une “grande sensation parmi ceux qui s’inté- “ressent aux choses de l’histoire. “L’auteur, M. Edouard Richard, est un “des fils de l’hon. Louis Richard, autre- “fois conseiller législatif pour la division “de Kennebec. Pendant sept ans il fut, “comme avocat l’associé de l’hon. M. Lau- “rier, et il représenta aux Communes le “comté de Mégantic dans l’intérêt du par- “ti libéral, durant deux parlements. Sa “santé s’étant altérée, il laissa la province “en 1878 pour aller au Nord-Ouest, où, “pour quelques années, il remplit la charge “de shérif. Depuis, il a généralement ré- “sidé à Winnipeg. “M. Richard est arrière-petit fils de dé- “portés Acadiens. On peut comprendre “par là qu’il a dû apporter à son travail “plus que l’enthousiasme ordinaire de ceux “qui se livrent à ces travaux par pur zèle “littéraire. L’introduction que nous re “produisons est écrite avec une fraîcheur “et un charme de style qui donnent les “plus grandes espérances que l’ouvrage “entier sera une précieuse addition à la “littérature canadienne.” “ Nous ne savons au juste sur quoi s’appuient les accusations que M. Richard porte contre Lawrence. On nous dit cependant, qu’à part une preuve de circonstances d’une force extrême, il s’appuie également sur plusieurs requêtes des citoyens d’Halifax dans lesquelles on entre dans les particularités des transactions de Lawrence sur le bétail des Acadiens. Mais, comme M. Richard prouve également, ce qui est facile à vérifier, que les conseillers de Lawrence se votèrent 20,000 acres chacun des terres des Acadiens, on peut comprendre qu’un homme de la perversité de Lawrence n’eût pas laissé emporter tout le gâteau sans en prendre sa part. Cette part, c’était le bétail des Acadiens; et, comme il opérait sur environ 100,000 têtes, il avait la part du lion. Lawrence mourut subitement peu d’années après et pendant que la guerre entre la France et l’Angleterre se poursuivait encore avec acharnement. Voilà ce qui explique, et son impunité et le mystère qui pendant si longtemps a enveloppé cette question. “Ajoutons, nous basant sur ce que nous connaissons do l’ouvrage de M. Richard, que les complices de Lawrence, tous gens composant la bureaucratie d’alors, enrichis et affermis dans les hautes situations par les dépouilles des Acadiens, ne se firent pas faute de faire disparaître les documents qui pouvaient éclairer le public sur leurs turpitudes. “C’est ainsi que tout s’enchaîne; et voilà pourquoi cet épisode douloureux est resté un “Chapitre perdu.” Il appartenait à un Acadien de le reconstruire, et c’est ce que vient de faire M. Richard. Le titre qu’il donne à son ouvrage : ‘'L’Acadie— Reconstruction d’un Chapitre Perdu de l’Histoire,” est donc fort approprié. “Nous attendons cet ouvrage avec beaucoup d’impatience, et nous prédisons à l’auteur un grand succès. En effet, comment pourraît-il en être autrement, puisque cet ouvrage renferme tant de nouveau et de si haute importance? Publié en anglais, il intéressera vivement les Anglais même, et agréablement, puisqu’il efface en grande partie la tache qui défigurait leur écusson. “La faute reste, il est vrai, mais au moins, elle ne pèsera plus sur la métropole. Il intéressera les Américains, car depuis le beau poème de leur compatriote, Longfellow, tout Américain instruit connait et ce poème d'Evangeline et les malheurs immérités des Acadiens. Parkman, il est vrai, a pu réagir contre ce sentiment, mais comme il s’est fait une grande popularité par son style enchanteur, on sera curieux de connaître les subterfuges dont il s’est servi pour fausser l’Histoire. On ne demandera pas mieux que de retourner au sentiment que Longfellow avait inspiré. Quand aux Acadiens, Canadiens et Français, ils auront la satisfaction que leurs “pressentiments se trouvent pressentiments réalisés et que la lumière s’est définitivement faite pour l’instruction de tous. “Nous souhaitons à l’auteur tout le succès qu’il nous paraît mériter.— La Patrie." Etant inconnu comme auteur, et sans les ressources nécessaires pour défrayer le coût de la publication de cet ouvrage, je ne puis espérer qu’un éditeur veuille s’en charger sans être payé au comptant ou sans avoir devant lui un nombre suffisant de souscripteurs pour l’assurer du remboursement de ses avances. Voilà pourquoi j’ai adopté le moyen de solliciter des souscriptions, et je vous adresse un bulletin espérant que vous voudrez le signer et me le renvoyer sans retard à Arthabaskaville P. Q., attendu que je n’attends que cela pour entrer en négociations avec un éditeur. En même temps, vous me seriez agréable et utile si vous me donniez les noms de quelques personnes qui seraient désireuses de souscrire. L’ouvrage ne sera publié qu’en anglais. Le prix est de $2.00 pour les souscripteurs et sera de $2.50 ou $3.00 pour les non-souscripteurs. J’ai l’honneur d’être Votre dévoué serviteur, EDOUARD RICHARD. Aujourd’hui, nous recevons une lettre circulaire de M. E. Richard, laquelle lettre nous publions ci-après, dans laquelle l’auteur de la nouvelle histoire de l’Acadie sollicite notre souscription en faveur de son livre. Notre souscription nous la donnons des deux mains, et nous espérons que notre exemple sera suivi par beaucoup. Peut-être qu’en lisant ces lignes, certains lecteurs se demanderont pourquoi M. Richard sollicite ainsi des souscriptions pour un livre dont notre article du 30 août dernier faisait un article si élogieux. Hélas, la réponse n’est que trop facile, et maint un laboureurs dont le front ruisselle de sueur sous un brûlant soleil d’été, ne se doute pas des déboires, des ennuies et des tracasseries de toute sortes qui attendent l’écrivains après qu’il a terminé son livre. Il n’a fait alors que la moitié du chemin, et ce qui lui reste à parcourir est certes plus pénible, plus semé de ronces et d’épines que la première partie. Ce peut être un dur travail que d’écrire un livre, et surtout quand ce livre a rapport à l’histoire d’un pays, mais quelques grandes que soient les difficultés que présente une telle tâche, elles ne sont qu’un jeu d’enfant pour un écrivain de la valeur de M. E. Richard quand on les compare avec celles que tout débutant ou tout auteur inconnu a à surmonter pour que son livre voie le jour. En effet, après que le livre est écrit, il faut le faire éditer, et l’éditeur ne considérant dans l’édition d’un livre, qu’une affaire commerciale ne voudra généralement jamais éditer un livre dont le succès n’est pas assuré à moins qu’il ne soit payé d’avance. Nous disons généralement parce que les éditeurs qui voudraient se charger de la publication d’un livre gratis sont extrêmement rares. Et cependant, s’il y a jamais eu un livre sur le succès duquel il y a eu le moins de doute, c’est bien celui écrit par le courageux Acadien, M. Richard. Ceux qui en ont eu la primeur en ont été tout à la fois ravis et heureux, et s’accordent tous à lui prédire un immense succès. Malheureusement un éditeur tout comme n’importe quel autre homme de commerce ne peut se payer de mots et d’espérance, et c’est pourquoi M. Richard sollicite un nombre de souscriptions suffisant pour que son livre trouve un éditeur. Nous le répétons ici, nous souscrivons des deux mains au livre de M. Richard, et nous engageons tous les Français, qu’ils soient Canadiens ou Acadiens, à faire de même. Que tous les lecteurs de L’EVANGÉLINE souscrivent au livre où sont peints tous les malheurs qui frappèrent leurs ancêtres. Canadiens et Acadiens doivent lire cet ouvrage qui leur dira pourquoi et comment les habitants de la terre de l’Evangéline furent enlevés de leurs foyers et emmenés en exil. Au surplus, ce livre n’a pas été écrit pour soulever une question de race, l’auteur n’a pas eu en vue d’exciter les uns contre les autres les descendants des opprimés d’alors et ceux des oppresseurs; l'Acadie—Reconstruction d'un chapitre perdu de l’histoire ne veut que rectifier les erreurs qui de bonne ou de mauvaise foi se sont glissées dans les récits antérieurs, et en attribuant à chacun ce qui lui est dû, faire une réparation équitable et impartiale des responsabilités; c'est ainsi qu’une partie des Anglais habitant en Acadie à l'époque où ce terrible drame s’est produit, et le gouverneur Lawrence sont considérés comme responsables de cette spoliation sans nom. Canadiens et Acadiens souscriront à ce livre, où un Acadien, M. Edouard Richard, descendant de ces Acadiens exportés entreprend courageusement de raconter l’histoire de ceux qui furent les victimes de l’insatiable et impitoyable Lawrence et de ses complices. M. Richard n’a pas voulu que l’oublie se fît complètement sur ces faits odieux. Il a pensé que le poème de Longfellow était insuffisant et que l’histoire de Parkman contenait trop d’injustice et de faits faussement rapportés. Il veut que lumière pleine et entière soit faite sur ces faits ténébreux, et c’est avec un cœur de patriote et de chrétien qu’il a écrit l’histoire de l’Acadie. Ainsi tous les Canadiens et Acadiens de cœur doivent-ils l’aider dans cette œuvre qui est non seulement la sienne mais qui est une œuvre canadienne et acadienne par excellence; nous devons l’aider de toutes nos forces parce que son livre est nôtre; son œuvre est un œuvre de réhabilitation et de justice. Nous comprenons parfaitement que le prix de l’ouvrage n’est pas à la portée de toutes les bourses, aussi dans ce cas, nous ne voyons pas pourquoi ceux qui ne peuvent se permettre le luxe de paye ainsi deux dollars ne se syndiqueraient pas et ne compenseraient pas par le nombre leur manque d’argent. Le livre de Monsieur Richard va paraître en anglais, afin que tous les Canadiens de race anglaise et d’une façon générale tous ceux qui au Canada ou aux Etats-Unis ne connaissent que l’anglais puissent le lire et apprendre une fois pour toutes la vérité exacte de tout ce qui n’a malheureusement que trop été raconté faussement jusqu’ici. Toutefois comme il y a au Canada un nombre relativement assez considérable de François qui ne peuvent pas lire l’anglais, nous espérons que le livre de M. Richard paraîtra aussi un jour, et sous peu, dans la langue dans laquelle il a été écrit. Persuadé que notre appel trouvera un chaleureux écho parmi la population française du Canada, nous faisons des vœux pour les succès du livre de l’homme de cœur qui a nom Edouard Richard.