l'Acadie a ses enfants

Year
1884
Month
8
Day
7
Article Title
l'Acadie a ses enfants
Author
Acadie
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
L’ACADIE A SES ENFANTS Il m’est bien doux et bien consolant de pouvoir encore une fois vous inviter à prendre part à une fête de famille qui doit avoir lieu le 15 d’août à Miscouche, sur l’Ile Saint Jean. Depuis un siècle je vivais dans l’isolement et la tristesse; et mon cœur était navré de douleur en voyant mes enfants dispersés aux quatre vents du ciel, vivant au milieu d’étrangers, servant les intérêts de leurs ennemis et privés des avantages communs aux autres peuples. Dieu a permis qu’un si long martyre fût récompensé, et pour la deuxième fois je puis convoquer librement et sans embuches mes chers enfants à une réunion de famille pour me consoler et leur donner les conseils pratiques dont ils ont besoin pour les conserver dans les sentiments qui font le vrai chrétien et le bon citoyen. Mon cœur a tressailli de joie en apprenant que, à l’occasion de votre première convention nationale, vous aviez revendiqué les droits de votre vieille mère et défendu votre droit d’aînesse. Vous avez voulu que le nom de votre mère fût conservé dans l’histoire et que le souvenir des sacrifices et du sang de vos ayeux, qui ont arrosé le sol acadien, fût religieusement conservé. Vous n’avez pas eu honte de mes infortunes et de mes faiblesses; et vous avez refusé de prendre un drapeau glorieux et triomphant pour adopter celui de vos ancêtres. Je vous en remercie. Je vous bénis pour cet acte de reconnaissance et de pitié filiale. Je vous félicite d’avoir adopté la bannière de Marie de préférence à toute autre, puisque par là vous avez reconnu que Marie est l’étoile qui vous a guidés et soutenus à travers les écueils de votre existence comme peuple; vous avez montré que vous êtes français par le sang et que vous êtes enfants de l’Eglise puisque le choix de votre patronne coïncide heureusement et providentiellement avec celui fait par vos vénérables prélats. Je profite de l’occasion pour offrir mes humbles mais sincères remerciements aux évêques de cette province ecclésiastique, chargés de vos intérêts spirituels, pour leur bienveillance à bénir, à approuver, et à sanctionner votre choix ; ce qui me permet de vous dire que vos célébrations nationales sont légitimes et bénies du ciel. Vous êtes donc invités à vous réunir cette année sur l’île St Jean dont le nom vous est si familier, et qui vous rappelle de si grands souvenirs. Venez-y en aussi grand nombre que possible. Il ne s’agit pas dans cette convention de planer secrètement contre les droits de l’Eglise et de l’Etat; de soulever les préjugés de races et de fomenter des divisions. Ceci est réservé aux sociétés secrètes, à la franc-maçonnerie, que nous connaissons que de nom. Il s’agit au contraire de fomenter l’attachement à la religion, à l’Eglise, et à vos traditions qui sont toutes catholiques. Venez donc, enfants chéris, enfants exilés, enfants infortunés, venez de toutes les parties de mon patrimoine pour faire une profession publique, de votre foi, de votre existence et de votre attachement à tout ce qui est noble et digne d’un peuple chrétien et catholique. Comme cette fête est une occasion de joie commune, j’ose même y inviter tous les amis de notre race et de nos intérêts : afin que nous puissions leur montrer que nous ne sommes pas leurs ennemis, mais au contraire leurs véritables alliés dans la grande cause de la religion, de l’Eglise et de la patrie. ACADIE.