Correspondances

Year
1884
Month
9
Day
11
Article Title
Correspondances
Author
Olivier J. Leblanc
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
Correspondances M. le rédacteur, Connaissant d’avance l’intérêt que vous portez à la colonisation de notre peuple acadien, je me permets de solliciter un petit espace dans votre estimable journal, afin de faire connaître au public le montant que j’ai reçu des donneurs favorisant la « colonisation acadienne. » Il y a une clause dans le règlement de la dite société qui demande que le trésorier fournisse au comité un rapport semestriel des recettes et des dépenses. Mais voyant que ces recettes ne m’arrivaient que d’un cercle très restreint, je me suis abstenu de le publier jusqu’à présent, selon avis que m’en a donné M. le président. Maintenant, vu le changement des officiers qui a eu lieu lors de notre dernière convention sur l’Ile St Jean, je crois qu’il est de mon devoir, avant de remettre entre les mains de mon successeur la balance qui me reste, de rendre un compte exact de mon administration : c’est un acte de justice à faire à ceux qui ont si généreusement contribué à cette œuvre si éminemment patriotique, la colonisation. Je n’ai qu’un désir, c’est que chacun comprenne bien l’importance majeure qu’il y a de faire coloniser, et à cette fin, employer tous les moyens possibles. Un jeune pays comme le nôtre n’a pas de ressources plus pratiques pour son avancement vers des jours moins sombres que le présent. La colonisation! la colonisation! voilà le cri de la patrie. Allons-nous demeurer sourd à sa voix? Oh non, ne payons pas de tant d’ingratitude celle que nos ancêtres ont si héroïquement défendue. Répondons à son appel, car son but est noble et digne des enfants qu’elle abrite maintenant dans les plis de son drapeau national. Rendons-nous aux vives sollicitations de notre vénérable clergé à la tête duquel ont bien voulu figurer nos cinq vénérés évêques. Nos bons curés sont tout zèle, tout courage pour diriger puissamment le mouvement colonisateur que nous aurons d’abord ébranlé. Souvenons-nous que nous leur devons jusqu’ici ce que nous sommes comme peuple, et nous n’hésiterons pas de leur fournir les moyens qui devront assurer leurs efforts pour l’avenir. Ces moyens ne sont autres que des moyens pratiques, et qu’il me soit permis d’ajouter que l’exécution en devient naturellement facile, par l’intermédiaire de notre belle société de colonisation, fondée par la patrie elle-même, et attendant les dons généreux qui devront rendre cette dernière prospère et florissante. Nous avons dans la liste ici donnée un exemple qu’il serait bon d’imiter. L’on s’étonne peut-être de voir l’abbé E. R. Biron apporter tant de zèle et de générosité pour soulager les colons de notre chère Acadie. Ah! c’est qu’il a vu de près nos infortunes; il a vécu au milieu de nous et il a compris que nos malheurs n’auraient un terme que lorsque nous nous serions emparé du sol qui est la grande clef de notre nationalité; il a vu enfin que pour nous Acadiens, il n’y avait point d’autre ambition louable que celle de vivre et mourir sous le ciel qui nous a vu naître, et que coloniser constituerait les bases solides d’un avenir que nous devons tous ambitionner. J’ai l’honneur de me souscrire, monsieur, votre obéissant serviteur. OLIVIER J. LEBLANC ex trésorier