la recente election

Year
1881
Month
11
Day
10
Article Title
la recente election
Author
------
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
LA RECENTE ELECTION. A notre courte honte, nous devons avouer que nous n’avions pas lu les correspondances du Telegraph à propos de la récente élection de Shédiac quand nous avons promis, dans notre dernière feuille, de payer notre tribut à leurs auteurs cette semaine. Nos adversaires nous les avaient représentées comme très piquantes et pleines de sel. Elles sont couchées, au contraire, dans le style ordinaire de l’officine d’où elles [illisible]. On ne nous y prendra plus. Le premier, qui signe Fair Play, se plaint amèrement de ce que M. Smith n’ait pu se rendre aux polls. L’indignation qu’il annonce s’être manifestée contre le président de l’assemblée, à l’occasion de sa décision, n’existe que dans l’imagination de l’écrivain. Tout le monde est convaincu ici, que le président de l’élection, qui était sous serment, a fait pour le mieux et agi selon sa conscience. S’il a erré, et cela n’est pas prouvé, ça été de bonne foi. Le président des élections principales, que l’on choisit parmi les contribuables de la paroisse, n’est pas tenu, n’est pas censé être un avocat, un juge. Au lieu de se plaindre comme ils le font, M. Smith, qui a été législateur, et qui à ce titre devrait être versé dans la loi, surtout en ce qui concerne les affaires municipales dans lesquelles il a été mêlé depuis plusieurs années, au lieu de larmoyer, disons-nous, M. Smith et ses amis auraient dû se tenir au poll le matin de l’élection et voir à ce que la loi fût suivie et interprétée fidèlement. Comme candidat, comme homme versé dans les affaires municipales, comme il prétend l’être, c’était son devoir particulier de surveiller toutes les étapes de l’élection. S’il ne l’a pas fait, il ne devrait pas rejeter sur d’autres le blâme qui retombe sur lui seul. Le second correspondant, qui signe Westmorland, s’évertue à représenter les MM. Smith comme en butte à la malice, à la persécution de l’hon. P. A. Landry, de son frère M. N. A. Landry, du Moniteur et de son propriétaire. Il risque plusieurs assertions audacieuses et mensongères, mais c’est tout naturel sous de pareilles plumes. Il remonte jusqu’à la dernière élection fédérale pour mieux attendrir son monde sur le sort douloureux des victimes qu’il exhibe aux regards de la foule. Nous aurons de nous occuper de cela plus tard. Pour le moment, nous bornerons nos remarques à ce qui se rapporte à l’élection municipale. Westmorland, intéressé à tenir la vérité sous le boisseau et à étaler devant le public le fruit de son imagination faussée, dit que M. Landry, M. Robidoux et leurs amis ont distribué à la porte de l’église des circulaires où l’on reprochait à M. Smith sa conduite sur la question des écoles et sur le bill des orangistes; et il donne à entendre, de la manière la plus innocente et la plus naturelle du monde que ces messieurs ont été les agresseurs. Tout le monde sait, à Shédiac, à quoi s’en tenir là-dessus. Tout le monde sait que, poussé au pied du mur, incapable de se disculper d’une manière rationnelle, aux yeux du public intelligent et consciencieux, des accusations portées contre M. Smith, conseillé; ne pouvant réfuter les chiffres écrasants tirés des documents officiels de la municipalité, lesquels prouvent que dans les quelques dernières années l’assessement des MM. Smith a été réduit, diminué de l’énorme somme de plus de vingt cinq mille dollars, tandis que celui du reste des habitants de la paroisse est ou reste stationnaire ou a été augmenté; impuissant à rallier autour de sa candidature d’appui des contribuables soucieux de leurs intérêts et pas le moins du monde enclins à payer les taxes de leurs voisins, M. Smith voulut faire un coup de théâtre et recourir à un truc, à une ruse dont il avait souvent, trop souvent, hélas! constaté l’efficacité dans sa carrière passée. Alors, se faisant moine, et s’adressant aux Acadiens qui forment plus que les deux tiers de la paroisse de Shédiac, d’une voix tremblante de cette émotion qu’il a le don d’emprunter à l’occasion, il leur raconte les avanies que lui valent son dévouement et sa fidélité aux Français. Pourquoi m’oppose-t-on? dit-il. Quels sont ceux qui me font la lutte? C’est parce que je vous aime trop; ce sont un tel, un tel et un tel qui, vous vous en souvenez, ont tant travaillé contre vous dans la question des écoles, qui ………, qui ……… etc. Et M. Smith de continuer sur ce ton, d’invoquer les passions et les préjugés, parce que, parmi ses adversaires, il se trouvait des hommes qui, par conviction et par principe, eux, ont pris part contre nous, les Acadiens et les catholiques, dans les questions brûlantes qui ont si vivement agité l’opinion il n’y a que quelques années encore. Nous le demandons aux nombreux témoins de l’assemblée du Haut de l’Aboujagane, nous le demandons à tous ceux que M. Smith a pu rejoindre dans sa cabale privée, n’est-ce pas là un exposé fidèle de ce qui a eu lieu pendant la récente campagne municipale? Alors, et alors seulement, quand on vit que M. Smith voulait conduire son élection, non sur ses mérites et ses démérites comme conseiller, mais sur des questions tout à fait étrangères aux affaires municipales, en s’appuyant uniquement sur les préjugés qu’il pourrait soulever, M. l’avocat N. A. Landry et M. Robidoux, invités à prendre la parole, exposèrent aux électeurs le revers de la médaille, qui, malheureusement pour M. Smith, ne lui était pas du tout, mais pas du tout, mais pas du tout favorable. Bien à regret, ils se virent obligés par les maladroites tirades de M. Smith, de démontrer aux assemblées que si la conduite de M. Smith comme conseiller ne lui donnait pas de titres à la confiance publique, celle qu’il avait tenue sur la question des écoles, aux élections de 1874, sur le bill des orangistes pour lequel il avait voté à deux mains, n’était pas plus propre à lui valoir l’appui des Acadiens. Voilà la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, comme peuvent l’attester les douze cent électeurs de Shédiac. En nous offrons l’usage de nos colonnes à nos adversaires pour nous contredire si le cœur leur en dit. Les attaques lancées contre l’hon. M. Landry par le correspondant, sont d’un sublime ridicule. Dans vingt minutes l’hon. ministre, dont les talents, le dévouements, l’intégrité, la gentilhommerie, et la haute position agacent tant les nerfs de cette engeance qui ne peut lui pardonner d’avoir secoué le joug qu’elle aurait voulu lui imposer, et d’avoir été assez indépendant pour penser et agir selon son jugement et son intelligence, peut démolir, à la satisfaction de tout auditoire intelligent de Westmorland, l’échafaudage de ruses et de mensonges que ses ennemis peuvent élever contre lui. Ses compatriotes, avant de lui préférer ses accusateurs, attendront qu’il ait employé son influence et ses capacités autrement qu’à l’avantage général et pour leur bien commun; et du train qu’il y va, ils ne l’abandonneront pas de sitôt, vous pouvez en prendre votre parti, messieurs les correspondants à gage qui ne réussirez jamais, à en juger par votre coup d’essai, à ébranler la confiance que les acadiens de Westmorland reposent en leur jeune mais brillant chef.