Les Ecoles Françaises

Year
1884
Month
4
Day
3
Article Title
Les Ecoles Françaises
Author
------
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Les Ecoles Françaises Il est évident que les autorités commencent à reconnaître que le système actuel n’est pas de nature à rendre pleine et entière justice aux Français, et qu’il reste beaucoup à faire pour mettre les Acadiens sur le même pied que leurs voisins en matière d’instruction. Nous sommes heureux de constater que la nécessité de porter remède aux lacunes dont l’existence n’est que trop palpable s’impose facilement à l’esprit des fonctionnaires chargés de mettre le système scolaire en exécution. Les inspecteurs d’école sont naturellement les premiers à constater les points faibles du système; il y a longtemps que M. V. A. Landry, inspecteur du district No. 2, attire l’attention sur les perfectionnements à opérer et les changements à faire pour que les Acadiens puissent retirer tous les avantages possibles du système en vigueur. Peu à peu la justesse de ses représentations s’est imposée à ses collègues, et déjà plusieurs inspecteurs se sont prononcés dans le sens que nous venons d’indiquer. L’une des lacunes les plus déplorables de notre système est l’absence de livres de classe française. Les seuls livres français qui soient autorisés dans les écoles sont au nombre de six : abécédaire, livres de lecture anglais-français 1, 2 et 3, une arithmétique et une petite grammaire élémentaire. Avec ce maigre bagage, il est impossible que nos écoles puissent rendre les services qu’on serait en droit d’en attendre. M. l’inspecteur Landry a, croyons-nous, signalé cette lacune à plusieurs reprises dans sa correspondance avec le bureau de l’éducation, et en consultant le rapport annuel des écoles, nous voyons que M. l’inspecteur Philip Cox, du District No. 1, qui renferme les localités françaises de Restigouche, la paroisse de Petit-Rocher, dans celui de Gloucester, et la paroisse française de Nigaouac dans le comté de Northumberland consacre à cette question un paragraphe que nous mettons de suite sous les yeux de nos lecteurs : Ecoles Françaises.–Comme d’habitude les écoles françaises ont été bien supportées pendant l’année et ont fait des progrès louables, si l’on considère que bon nombre des instituteurs n’ont pas eu l’avantage de l’instruction Normale. La qualité du travail qui s’y fait se perfectionne d’année en année, et quelques sujets nouveaux tels que la Forme et le Dessin, y sont introduits. On y étudie l’arithmétique élémentaire et la géographie avec assez de succès, l’écriture y est bonne les élèves épellent correctement, mais la lecture y est généralement médiocre. Je suggérais encore la désirabilité de faire imprimer les Wad-Cardo en français; car leur absence impose beaucoup de travail aux instituteurs et les met sur un pied d’infériorité à leurs confrères anglais. Dans les écoles plus avancées, de nouvelles ordonnances seraient nécessaires pour rencontrer les besoins d’une population qui fait preuve de beaucoup de zèle et de dévouement pour maintenir ses écoles et instruire ses enfants. A l’exception d’une arithmétique et d’une grammaire, d’un abécédaire et de livres de lecture anglais-français 1, 2 et 3, il n’y a pas de livres français d’autorisés par ces écoles. L’Histoire, la géographie, la physique, la botanique et la chimie doivent maintenant être étudiées dans une langue fort médiocrement comprise, ce qui aggrave beaucoup de difficultés inhérentes à l’étude de ces sujets. En outre, quelque opinion que l’on puisse avoir touchant la connaissance de la langue que l’on peut obtenir des livres de lecture en question, tout le monde doit convenir qu’arrêter là serait fermer les portes contre les élèves dans l’acquisition de connaissances sur la beauté classique de leur langue maternelle. Pour ces raisons et d’autres encore, il serait désirable d’augmenter la liste des livres français prescrits. Il est à espérer que le plaidoyer, tout à fait désintéressé, de M. l’inspecteur Cox sera bien accueilli du bureau de l’éducation et que la lacune qu’il signale avec tant d’à propos disparaîtra bientôt du domaine de la réalité. Un autre point du système qui semble ne pas donner entière satisfaction est l’école normale, en ce qui concerne les français. L’inspecteur Landry et le surintendant s’expriment là-dessus d’une manière non-équivoque. Mais l’espace et le temps nous manquent pour aujourd’hui. Nous y reviendrons dans un prochain numéro. Nous nous efforcerons de traduire prochainement le rapport complet de M. l’inspecteur Landry.