Digby et Clare

Newspaper
Year
1894
Month
1
Day
11
Article Title
Digby et Clare
Author
--------
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
DIGBY ET CLARE. Les électeurs de la municipalité de Digby, c’est-à-dire du district de ce nom, ont eu leur convention distincte le deux du courant, à la maison de Cour de la ville de Digby. Le président de la convention, M. Burnham, était au fauteuil, et les officiers de l’exécutif occupaient leurs sièges spéciaux. Les délégués des différentes sections municipales étaient présents en grand nombre. Maintenant, disons que l’intention de forcer les acadiens de Clare à annuler leur assemblée particulière du 22 décembre à cause d’un manque de confiance, ou par crainte d’un manque de force dans l’autre partie, n’est pas raisonnable. Les acadiens de Clare ont fait noblement leur devoir. Voulant choisir pour eux-mêmes—étant donné que deux candidats sont élus pour l’Assemblée législative—celui des candidats qu’ils peuvent appeler leur candidat à eux, ils ont tenu une assemblée spéciale et choisi unanimement ce candidat, M. Comeau, leur député actuel. Ils n’avaient pas à choisir pour le district de Digby et ils ne prétendent pas imposer leurs préférences aux électeurs de ce district; par contre, ils sont fort de l’opinion, et ils ont droit d’opiner ainsi, que les électeurs de Digby n’ont pas et ne peuvent se prétendre le droit de choisir pour Clare. Au reste, les acadiens de Clare ne veulent point accommoder les différends qui pourraient surgir parmi les électeurs de la municipalité voisine—Digby—et pour des raisons suffisantes. Ici il y a un précédent. En 1890, les acadiens de Clare s’étaient adressés par la voix de délégués spéciaux à Digby pour obtenir leur intervention dans une affaire d’accommodement. Mais, comme ils pouvaient d’ailleurs s’y attendre, ou leur répondit par la suggestion très sage que le mieux à faire pour les acadiens, c’était de régler eux-mêmes ce qu’ils avaient à régler, étant donné qu’il s’agissait de questions les concernant surtout et particulièrement. Et les différends furent réglés parmi les acadiens. Donc, les acadiens peuvent aujourd’hui, et ils pourraient même sans ce précédent, refuser de participer dans les affaires de leurs voisins ou d’abdiquer un privilège à cause d’eux. Car les deux municipalités ont des droits égaux et une municipalité à autant de droit que l'autre sans que l’une ait la priorité sur l’autre ou le droit de dicter avec autorité. L’union est nécessaire, mais sa place et son utilité sont surtout dans l’intervalle qui sépare la proclamation de la votation. C'est simple, c’est alors qu’il est raisonnable de s’unir. Les électeurs sont distincts dans leurs rapports municipaux et, pour la même raison, ils sont distincts dans leurs relations politiques. C’est le principe seul qui est le même; dans ce qui concerne les droits et privilèges, c’est tout autre chanson. Maintenant si les électeurs de Digby nous veulent de leur Convention, très bien; mais qu’alors les parts soient égales. Ils ont plus de sections que nous et par conséquent un plus grand nombre de délégués. Dans un cas où les voix seraient demandées sur un point quelconque, les acadiens qui voteraient à Digby ne pourraient jamais avoir gain de cause, étant donné le fait de leur infériorité numérique dans la délégation. Qu’on nous accorde un nombre égal de délégués, et alors nous serons avec eux. Car les chances étant proportionnelles, la justice serait moins exposée aux préférences qui ne font que l’affaire d’une partie. Puisque nous sommes une municipalité distincte, les choses sont bien telles qu’elles sont. Comme I’EVANGÉLINE a toujours voulu le bien des Acadiens et qu'elle cherche à rehausser par tous les moyens honnêtes dans les différentes sphères sociales, en présence des événements qui ont eu lieu à Digby et eu égard à la confiance que nous avons dans leur compétence pour ce qui concerne leurs affaires particulières, nous nous permettrons de leur donner un bon conseil : n’allez point à Digby; ne sourcillez point. Vous avez fait votre devoir; maintenant tenez bon. Pour ce qui vous concerne, point de faiblesse : soyez fermes — inébranlables comme des roches. On ne vous respectera que plus dans l’avenir. Vu nos institutions—nous avons à nous enorgueillir sous ce rapport—et l’intelligence qu’on nous concède généralement quand les chances sont égales, il est grand temps que nous commencions à nous distinguer. Soyons disposés comme il faut à l’égard de nos voisins, mais réclamons deux qu'ils soient également bien disposé à notre égard. Soyons des égaux, des frères au besoin, mais gardons-nous bien de nous asservir; ne soyons pas les escabauds du pays.