Correspondance

Year
1890
Month
7
Day
29
Article Title
Correspondance
Author
---------
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
Correspondance. M. le Rédacteur du Moniteur Acadien, Des personnes dignes de foi m’apprennent que, pour la seconde fois, du haut de la chaire, un curé du comté de Kent a dénoncé tous les hommes publics acadiens, afin qu’on n’en élise plus. La magistrature même n’a pas été respectée, et l’honorable juge Landry, sans être positivement nommé, a été traîné dans le ruisseau. Quant à moi on a tout simplement insinué que je trompais les gens du comté de Kent, et que j’étais l’adversaire des entreprises publiques projetées en leur faveur, notamment le chemin de fer de Bouctouche au Cap-Richibouctou, et le ferry. S’il ne s’agissait que de moi je laisserais faire, préférant tout supporter que de répondre à un curé m’attaquant du haut de la chaire. Mais l’évangile nouveau qui est prêché a pour but de nuire à la candidature du Dr. Léger. Je ne puis permettre qu’on se serve plus longtemps de mon nom pour détruire le candidat de la convention de Bouctouche. Au reste s’il y a scandale ce n’est pas moi qui l’aurai voulu–quelqu’un d’intéressé a immédiatement envoyé la nouvelle aux journaux de St-Jean. Ne voulant me justifier qu’en juste autant qu’il est nécessaire, je vous prierai de publier la lettre suivante. Votre tout dévoué PASCAL POIRIER. Lettre du Dr DeBertram Hôtel Dufferin, St-Jean, N.B., 22 juillet 1890. Mon cher Sénateur, Mon attention a été appelée sur un article qui a paru dans un des journaux de St-Jean et dans lequel il est dit que vous avez été attaqué même en chaire pour vous être montré plus qu’indifférent au projet de chemin de fer de Bouctouche et du Ferry. Cela m’a vivement surpris, et c’est tellement contraire à la vérité que je vous en écris immédiatement, et que je vous demande : est-il vrai que le fait signalé ait eu lieu? D’abord en vertu d’une correspondance plus ou moins privée avec un prêtre que vous connaissez, je ne puis admettre qu’une telle attaque ait été faite en chaire. Ensuite les faits qui établissent votre concours pour l’obtention de la charte concernant le Ferry et le chemin de fer de Richibouctou sont tellement notoires et publics que je ne puis m’expliquer qu’il puisse exister un doute à cet égard. Je vous autorise donc à affirmer et j’affirme que personne plus que vous ne m’a aidé à obtenir le résultat que j’ai eu. C’est vous qui avez rédigé les papiers et demandes nécessaires ; c’est vous qui avez, seul, dans le but de faciliter l’obtention de la charte, obtenu les signatures des demandeurs, y compris celles de M. McInerney que je connais peu, mais assez pour savoir qu’il ne peut nier le fait. C’est vous qui avez empêché toute opposition au sénat, même celle de l’honorable M. Howlan. Vous ne m’avez pas quitté un seul instant pendant mes démarches ; vous m’avez aidé de vos relations dans la chambre des communes, et elles sont nombreuses en raison de votre position et surtout de votre long séjour à Ottawa. L’honorable juge Landry connaît tous ces faits ; et il m’a grandement aidé aussi et vous m’avez aidé tous les deux. Peut-être aussi calomniateur viendra-t-il dire que vous avez eu quelque compensation pour votre temps et votre travail ; ce qui certes, en tout cas, n’eut été que juste. Mais j’affirme positivement que vous n’avez jamais voulu recevoir de moi un sou, en plus des dépenses nécessaires requises par la loi ; je veux dire argent obligatoirement déposé entre les mains du gouvernement par quiconque veut obtenir une charte, et argent dépensé en publications nécessaires. J’ajouterai même que dans tous les cas vous m’avez donné les reçus des différentes parties, reçues que j’ai encore entre les mains. Ma lettre est peut-être un peu longue, mais j’ai été tellement indigné de ces attaques mensongères que je n’ai pu me taire. J’admets une discussion plus ou moins violente entre parties, mais je n’admets dans aucun cas ni la calomnie ni le mensonge. J’espère que ce qui se passe ne vous dégoûtera pas de me continuer votre concours absolument nécessaire au succès définitif de l’entreprise. Si je n’avais été revenu par des affaires importantes, compliquées d’une indisposition, je serais déjà rendu à Bouctouche ; et j’espère pouvoir y aller avant l’élection. Agréez, mon cher sénateur, la nouvelle assurance des sentiments distingués de votre dévoué L. G. DE BERTRAM A l’hon. P. Poirier, séneteur. ---- M. LE RÉDACTEUR, Dans l’intérêt de la cause acadienne, et sans préjudice à la cause commune, j’ai épousé la candidature du candidat choisi à la convention de Bouctouche. Si le choix eût tombé sur un autre que le docteur Légère, je me serais fait un devoir de suivre la même ligne de conduite et de respecter le choix de la délégation. Lorsque les citoyens de Bouctouche, dans une assemblée autorisée et publique, ont convoqués une réunion acadienne pour réunir nos forces sur un seul candidat, je ne pensais guère qu’il s’agissait de se moquer de l’électorat de Kent et des Acadiens en particulier–comme l’a suite l’a démontré. Toutefois, malgré les efforts [illisible] [illisible], les démarches scandaleuses, les abus impardonnables, et les insultes flagrantes que l’on se [illisible] pour préjudicier la candidature acadienne, j’ai encore trop de confiance dans la vieille patriotique paroisse de Bouctouche pour croire qu’elle ait eu posé à courber le front dans la [illisible] et [illisible], et démentir son glorieux passé. Cette paroisse a montré son patriotisme et son dévouement à la cause acadienne longtemps avant la naissance et la venue dans cette [illisible] acadienne, de ces patriotes [illisible] qui ne rougissent pas d’insulter les cendres des fondateurs de Bouctouche et leurs descendants, afin de servir des fins égoïstes pour ne pas dire criminelles. Non, Bouctouche, le vrai Bouctouche, le Bouctouche agricole, le Bouctouche français, le Bouctouche acadien, ne saurait fouler à x pieds le drapeau de la patrie pour clouer celui de ses adversaires constants [illisible] [illisible]. Quoi! on voudrait récompenser par des faveurs politiques, des hommes ou un parti, qui a opposé les Renaud, les Johnson, les Girouard, les Landry, et qui n’a supporté l’hon. Olivier LeBlanc que parce que ce dernier était revêtu de l’appui des Acadiens du comté et qui, par conséquent, pouvait servir d’échelon pour monter au pouvoir. Aujourd’hui, on voudrait se servir de cet appui pour humilier et détruire l’influence acadienne à Ottawa. Quelle indignité! Ce projet de détruire notre influence est tellement évident et déterminé, que l’on voit le représentant de Gloucester, qui s’est engraissé aux dépens de notre population et qui jouit d’honneurs politiques qu’il n’aurait jamais obtenu ailleurs, user de son influence pour étouffer la seule voix acadienne aux Communes. On voit l’hon. M. Adams, poussé sans doute par le même courant électrique, laisser son comté où il jouissait d’une popularité enviable parmi ses électeurs acadiens, et venir passer des jours et des nuits à exciter la population anglaise et irlandaise contre la candidature de notre choix. On vient même dire que l’on est menacé de la visite de l’hon. Tweedie, le fameux déserteur de son parti (digne émule de son protégé M. McInerney sous ce rapport), dans le comté, pour punir les Acadiens de Kent à cause de l’appui qu’il a reçu de leurs compatriotes dans le comté de Northumberland. Tous ces efforts ne sont pas surprenants : Depuis deux siècles que l’on veut empêcher les Acadiens d’avancer dans la voix du progrès, et c’est simplement les mêmes idées que l’on veut faire valoir aujourd’hui. Kent était le seul fort Acadien jusqu’ici. Il s’agit de le prendre d’assaut et par la force. La corruption, le mensonge, les calomnies, les menaces et toutes les indignités possibles sont les armes dont on se sert pour atteindre son but…………………………..C’est dur, c’est pénible à voir ; mais, électeurs de Kent, rappelez-vous que de tels efforts, de tels abus ne peuvent être inspirés par l’amour et le dévouement à la cause acadienne et nationale. Les Acadiens ont trop fait pour l’Eglise et le pays et le maintien du clergé pour être humiliés impunément par ces pédagogues politiques. …………………………………………………………………………………………………………………….. Puisque l’on fait tant d’efforts pour empêcher l’élection d’un Acadien, c’est la preuve la plus évidente que l’on redoute cette élection. Ce n’est pas l’amour des Acadiens et l’intérêt pour leur avancement qui portent Kennedy F. Burns Michael Adams, M. Tweedie, &c., &c., &c., à adopter un néophyte politique qui voudrait sucer les mamelles de la vache conservatrice, vu que la vache libérale est restée stérile. Ainsi, amis et compatriotes, point de répit. Appuyez de toutes vos forces la candidature acadienne. Vous avez déjà affronté les pierres, les pistolets et les balles dans la défense légitime de vos droits. Vous n’êtes pas dégénérés, je l’espère, et vous montrerez le 31 juillet, que les Acadiens ont de l’honneur, du courage et du patriotisme! Il s’agit d’une convention acadienne dans la vieille Acadie. Où est le patriote acadien qui oserait protester en cette occasion, si le beau comté de Kent, le plus acadien de l’Acadie, allait défigurer ignoblement cette page de notre histoire! mais non, il n’en sera pas ainsi. ELECTEUR.