Correspondance

Year
1900
Month
11
Day
15
Article Title
Correspondance
Author
D. D. D.
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
CORRESPONDANCE M. LE RÉDACTEUR, En parcourant les colonnes de votre journal la semaine dernière, j’ai aperçu quelques mots concernant la récente réunion des instituteurs de trois comtés, tenue à Bathurst. Ce qui a attiré le plus mon attention est la conférence donnée par notre jeune et vaillant instituteur, M. P. P. Murray. M. Murray vient de nous donner une preuve éclatante de son attachement à notre langue maternelle; il mérité la reconnaissance de tous les Acadiens, car ce sont des hommes de cette énergie que nous voulons pour faire entrer la langue française dans nos écoles sur un même pied que les autres langues. Je crois que la Convention Acadienne produit de salutaires effets; nos instituteurs s’aperçoivent qu’il est temps d’exposer au Bureau d’Education les difficultés rencontrées en enseignant le français sous la loi actuelle. Ils constatent l’injustice faite à notre langue maternelle; -- langue en laquelle nous avons balbutié nos premières paroles, langue qui est parlée dans le pays des héros, ce nid des beaux-arts, la France. Qu’il est triste et déplorable de voir combien nous abandonnons notre langue! Nous sommes rendus à un point où le plus grand nombre de nos instituteurs français ne peuvent parler et écrire le français que bien misérablement. Mais pouvons-nous leur faire aucun reproche? Comment peut-on apprendre la langue française lorsqu’on n’a pas la chance d’étre collégien? Comment peut-on apprendre le Français si on ne nous permet pas d’y consacrer le temps nécessaire? Donc pour faire progresser notre langue, il faut que nos instituteurs se donnent la main et, en réitérant leurs demandes à chaque Institut, ils arriveraient au succès. Tâchons de nous réveiller de ce sommeil qui dure depuis si longtemps; sachons aimer notre langue, apprécions sa beauté et sa pureté! Voilà comment nous pourrons acquérir l’énergie et le dévouement nécessaire pour défendre et faire valoir les droits de notre langue maternelle. Je remercie donc, encore une fois, M. Murray d’avoir donné aux instituteurs français un exemple si noble. Je puis aussi l’assurer qu’il recevra l’encouragement et la co opération de la majorité des instituteurs français. Vous remerciant, M. le Rédacteur, pour l’espace accordé, J’ai l’honneur d’étre, Votre tout dévoué D. D. D. Fredericton, Ecole Normale. Novembre 5, 1900.