Nouvelles de Bouctouche

Newspaper
Year
1891
Month
11
Day
26
Article Title
Nouvelles de Bouctouche
Author
A. B. C.
Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
NOUVELLES DE BOUCTOUCHE. King Frost nous est arrivé, cette année, by the back door, et les habitants, pris à l’improviste, ont eu à se souffler dans les doigts pour sauver une partie de leur cueillette. Une quantité de patates ont été emprisonnées dans le sillon sous un pont de glace, et, conséquence naturelle, des pertes considérables. D’ailleurs les patates ne commandent aucun prix cette année sur notre côte, à cause de la grande récolte de tubercule aux Etats-Unis, notre unique marché, que nos patriotes conservateurs ont réussi à faire fermer contre nous. Aussi les gens commencent ils à comprendre comment les choses se tripottent à la capitale fédérale, et ils attendent. By the way, pourquoi Sir Hector Langevin qui a résigné par délicatesse de conscience, n’établirait-il pas une agence à Ottawa, par exemple, pour l’écoulement de nos produits agricoles dans les Provinces d’en haut. McGreevy qui a aussi fait preuve de modestie par sa résignation ferait un smart commis. Et l’engagère de Haggart pourrait, au besoin, faire bouillir les carottes pour ses maîtres. La chose ne mérite-t-elle pas d’être prise en sérieuse considération par ces bienfaiteurs du pays! Abbott pourrait y mettre quelques millions qu’il s’est fait payer par le Pacifique. Chapleau qui grinche les dents pour un portefeuille : voilà, mettez le à la tête de ce département. Ah ! si j’étais Premier, les affaires s’arrangeraient si bien. Le Dr Hilarion LeBlanc, qui a pratiqué avec succès depuis presqu’un an dans la Paroisse, est sur son départ pour son pays natal où l’on demande ses services auprès du Collège de la Baie Ste-Marie. Les nombreux amis qu’il a su se faire ici le regrettent beaucoup. Le Dr LeBlanc pendant son séjour au milieu de nous, s’est conduit d’une manière très édifiante et sa clientelle augmentait toujours. Il fera honneur à ses compatriotes là bas et nous lui souhaitons bonheur et prospérité. Auprès du Collège, il sera un vrai modèle de l’Acadien profondément catholique pour ceux qui se destinent à l’importante profession médicale. Le Revd Père Michaud est de retour d’un voyage de plaisir et de repos à son Alma Mater, le Collège de Ste-Anne, et à son pays natal, le beau et florissant Madawaska. Il est enchanté de dire ce qu’il a vu, et s’est remis à l’ouvrage avec la vigueur et le courage qu’on lui connait pour faire avancer dans les voies du progrès son cher Bouctouche qui devient en effet une localité importante dans notre grand comté de Kent. La dernière élection municipale à Ste-Marie a attiré, l’attentif des journaux. Il paraît que les meneurs politiques ont voulu en faire une question de partis, et le correspondant coutumier du Moniteur, annonçait à son de trompe que le parti libéral guidé par 1’hon O. J. LeBlanc était anéanti pour toujours. Quelle fiche de consolation pour le Dr Léger qui doit avoir télégraphié la nouvelle à son chef Abbott, ajoutant, sans doute, que les 763 voix enregistrées contre sa visite pastorale pour sauver le comté à la dernière élection locale, n’étaient qu’un mistake passager et sans signification. Et Abbott et les siens doivent avoir jubilé en perspective de nouvelles dépouilles. Mais le fait est que LeBlanc n’a pris aucun stock dans la toute petite élection municipale de Ste-Marie et que la boîte de l’un des polls sur laquelle on avait enfourché un certain Paulin, étranger et sans voix, contenait deux fois plus de billets qu’il n’y avait d’électeurs dans le district. Comme de raison les soi-disants conservateurs de Ste Marie appellent cela une victoire, et les honnêtes gens leur en laissent toute la gloire. Y sont smart les conservateurs de Ste-Marie, et y savent prêcher leurs mérites. L’élection de Ste-Marie doit avoir un effet terrible sur la politique de la nation quand les correspondances de l’écrivain d’en haut seront lues par le peuple du Canada. En attendant tout cela n’empêche pas que les habitants de Ste-Marie comme ceux de Bouctouche sont ruinés par la mauvaise administration de la chose publique. A. B. C.