Fête Nationale

Newspaper
Year
1891
Month
7
Day
9
Article Title
Fête Nationale
Author
Le Moine
Page Number
02
Article Type
Language
Article Contents
FÊTE NATIONALE Le 15 d’août, fête nationale des Acadiens, approche. Il est grandement temps dans nos paroisses acadiennes des provinces maritimes de songer à prendre des mesures pour célébrer dignement notre fête nationale. Déjà Ste-Marie s’est mise à l’œuvre et tout promet que le 15 d’août sera chômé avec éclat. La fête durera deux jours, le 14 et le 15. Lorsque les Acadiens en convention générale, tenue à Memramcook en juillet 1881, adoptèrent pour fête nationale le jour de l’Assomption, ils furent heureusement inspirés, car le 15 août est la fête nationale de la France, notre mère patrie. Une amie de la vieille France, très sympathique à L’EVANGÉLINE : Mlle Joséphine Carias, receveuse des postes au Port St-Louis du Rhône, nous envoyait l’automne dernier le joli article suivant découpé d’un journal français. On le lira avec intérêt. * * * C’est la Fête nationale de la France, le royaume de Marie. Regnum Gallia, Reynum Maria. Un vœu a donné notre pays à Marie et les processions du 15 août sont la marque extérieure de cette alliance, ainsi que l’église votive élevée à Paris par Louis XIII, sous le vocable de N.-D. des Victoires. * * * Napoléon, qui était né le 15 août (1769), et qui trouva la France habituée à illuminer en ce jour de sa fête nationale, décréta que c’était sa propre fête, et il hérita de la tradition de célébrer cette grande journée. Du reste, il eût pu la choisir pour sa fête à un autre titre : c’est le 15 août 1804 que le culte fut repris en France, après la Révolution, et ce culte fut inauguré par la procession du vœu de Louis XIII. * * * Quand la sainte Vierge, après la tourmente révolutionnaire, manifesta sa miséricorde sur la France, ce fut dans l’Eglise votive de Louis XIII, à Notre Dame des Victoires, qu’elle opéra les conversions et qu’elle attira les foules. * * * Nous ne devons point déserter la Fête nationale à cause de l’indifférence officielle, car les sans-Dieu ne comptent pas. La seule France, c’est celle qui vit avec le Christ pour accomplir ses gestes; c’est celle qui cherche le salut auprès de Marie, sa Reine et sa Mère. Cette France-là comptera seule dans l’histoire; ne la désertons pas. Quelques indifférents sont trop plongés dans l’oisiveté de la villégiature et du bien-être pour célébrer la Fête nationale; plaignons-les et ne les imitons pas. * * * Les peuples voués à Marie ne sauraient être donnés au diable par ceux qui les gouvernent. Jacques de Voragine, en la légende dorée, raconte le pacte que fit un certain mécréant avec Satan de lui livrer sa femme. Satan détestait cette pauvre femme à cause de son amour pour Marie et exigeait ce sacrifice de son serviteur. Au jour convenu, le mécréant invite sa femme a l’accompagner pour une visite éloignée au sujet de laquelle il ne veut pas expliquer. Il allait la conduire au lieu maudit de ses entrevues avec l’esprit mauvais. Sur la route, la femme obéissante, mais inquiète, demanda à entrer en un oratoire de Marie, et le mari consentit à l’attendre quelques instants, puis elle sortit pleine de force et de grâce. En arrivant au lieu maudit, Satan, d’abord joyeux, recula vite d’horreur. —Qu’as-tu fait ? au lieu de celle que tu m’as promise, tu amènes ma cruelle ennemie. En effet, dit la pieuse légende, Marie était là et le transperçait de son regard. Elle avait endormi la femme en une extase devant son autel, et avait pris sa ressemblance pour accompagner le mécréant. —Misérable, comment oses-tu persécuter ceux qui me sont consacrés ! Je te le déclare, désormais tu n’auras jamais plus aucun pouvoir sur eux. “Et depuis ce temps, dit Voragine, les dévots à Marie ne peuvent être livrés à Satan.” * * * Le fond de cette légende est certainement vrai, et la France vouée à Marie ne peut être donnée au diable par les mécréants qui ont autorité sur elle et qui lui ordonnent de les suivre jusqu’aux écoles du démon. Allons prier aux autels de la Vierge Immaculée; unissons-nous à ceux qui se prosternent à Lourdres, et Marie se chargera de nous remplacer pour repoussser les suppôts du diable qui croient déjà nous posséder. LE MOINE.