Quelques inexactitudes de MM. Rameau et Sulte

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Year
1891
Month
4
Day
2
Article Title
Quelques inexactitudes de MM. Rameau et Sulte
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3
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QUELQUES INEXACTITUDES DE MM. RAMEAU ET SULTE. IV Dans notre dernier article nous avons cité les lois pénales passées à la chambre d’assemblée à Halifax en l’automne de 1758 contre les catholiques. Ces lois comme nous l’avons dit avaient pour but de faire disparaître à jamais la religion catholique en Acadie et d’enlever à ceux qui professaient cette religion de droit de posséder des terres dans la Nouvelle-Ecosse. On voulait faire du pays une colonie entièrement protestante. Les terres fertiles et défrichées qui avaient appartenu aux Acadiens furent offertes à des colons anglais. Toute la Nouvelle Ecosse proprement dite et le territoire qui forme aujourd’hui le Nouveau-Brunswick furent divisés en cantons (townships) de 100,000 acres chacun. Plusieurs de ces townships furent concédés par lettres patentes à des soldats licenciés et à des émigrés venus des colonies anglaises formant aujourd’hui les Etats-Unis. D’autres furent donnés aux principaux fonctionnaires de l’autorité britannique à Halifax, à des ministres du culte protestant et à des officiers de l’armée anglaise, C’est ainsi par exemple que le 30 avril 1765, un nommé Alexander McNutt, agissant au nom de marchands et autres, principalement de Philadelphie, parmi lesquels se trouvait le Dr Franklin, demanda au gouvernement des blocs de terre formant en tout 2,000,000 acres. En juin et juillet de la même année le conseil consentit à accorder des titres de terre à Alexander McNutt et à ses associés. A part de ces concessions il leur fut réservé de grands blocs de terre dans différentes localités, mais pour posséder ces terres il leur fallait remplir certaines conditions. Ainsi on lit dans le procès verbal d’une séance du conseil tenue à Halifax le 2 juillet 1765 : “Sur la requête d’Alexander McNutt, ecr., en son nom et en celui d’autres, pour 1,600,000 acres de terre pour être établis en townships, il est résolu qu’il soit réservé à Alexander McNutt et à ses associés 100, 000 acres à Miramichi, 100,000 acres à Pictou, 100,000 acres à la rivière Ste Marie, 100,000 acres à la baie Sainte Marie, 100, 000 acres à Petitcoudiac et 1100, 000 acres à la rivière St-Jean, à condition qu’on établisse 50 familles par année sur chaque 100,000 acres jusqu’à ce que le tout soit établi. Le premier établissement doit se faire dans une année à partir de la date de la réserve, et chaque famille aura droit à 500 acres de terre; dans le cas que le premier établissement n’ait pas lieu dans la première année alors toute la réserve sera nulle.” Plusieurs de ces réserves furent échues à la conronne par droit de confiscation vû que les conditions suséoncées ne furent pas remplies. Le township de Clare fut de ce nombre. Dès novembre 1761, un nommé John Frost, de Kittery, Me, et autres étaient établis dans le township d’Argyle où ils reçurent des titres de terre quelques années plus tard. Cependant toute la partie sud des terres sises entre les rivières de Tousquet et d’Aduptic était déjà concédée. Le bloc de terre, contenant environ 5,000 arpents, sis entre le village actuel de Tousquet et la mer y compris les îles de Surette et de Wilson avait été concédé en 1763, ou peut-être auparavant au gouverneur Montagne Wilmot. Le titre de ces terres a dû échoir à la couronne, car en juin 1801 il fut concédé à Joseph Moulaison et a vingt-sept autres Acadiens. Avoisinant la concession de Wilmot, à l’est de celle-ci, un bloc de 3,838 acres fut accordé en octobre 1763 au Rev. John Breynton, recteur de l’église Saint Paul, de Halifax, et chapelain de la Chambre d’assemblée. Ces terres s’étendaient vers l’est jusqu’au Ruisseau-de-l’Anguille. Venait ensuite un bloc de 1,000 arpents concédé à Ranald MacKinnon, s'étendant du Ruisseau-de-l’Anguille jusqu’à la rivière Abuptic. Au nord des terres de Breynton, le Rev. William Doyle, de Halifax avait obtenu un lot de 500 arpents. Ce lot semble avoir été ensuite confisqué par la couronne, car en 1791 il fut concédé à Jean Bourque et autres. En 1773 le Rev. M. Breynton donna un bail pour 999 aus à Pierre Le Blanc, Pierre Mius et Louis Mius de 1,193 acres de terre, qui comprennent les terres à partir du Ruisseau-de l’Anguille et du Lac-de-l’Anguille à l’ouest du marais, la péninsule où se trouve l’église actuelle de Sainte Anne jusqu’à la Pointe Roco, et autres terres. Le 7 avril 1795 Ranald MacKinnon donne un titre de terre de 236 arpents à Dominique Pothier, Jean Bourque, Paul Surette, Pierre Surette et Joseph Babin. Il leur avait déjà renté ces terres le 16 août 1775 moyennant le prix de huit piastres espagnoles par années. Le 5 octobre 1765, dix-huit familles acadiennes revenues de l’exil au Cap Sable présentèrent une requête au gouvernement demandant des terres pour former un établissement. Le conseil fut d’avis que sur leur prestation de serment d’allégeance on leur accorde des terres dans les environs de Barrington et de Yarmouth. Ces terres furent arpentées et concédées quatre ans plus tard. Cependant ces Acadiens reçurent du gouvernement en date du 8 octobre 1767 un permis d’occuper des terres à Pubnico, mais ils n’en obtinrent le titre foncier qu’en 1771. En 1784 d’autres concessions furent accordées à Béloni D’Entremont, Pierre Mius, et autres, dans le township d’Argyle. Le 23 décembre 1767 plusieurs familles acadiennes demeurant, à la baie Ste-Marie et à Windsor, envoyèrent une pétition au gouvernement offrant de prêter serment d’allégeance et demandant des terres pour s’y établir. Michael Franklin, lientenant gouverneur de la Nouvelle-Ecosse, écrivit à cet effet, en date du 20 févirier 1768, à lord Shelburne, secrétaire d’état, lui disant que le conseil de Sa Majesté à Halifax, avait décidé d’accorder 80 arpents de terre à chaque chef de famille acadien et 40 arpents à chaque autre membre. Il désire des instructions pour procéder vû que les terres qu’on peut leur donner sont en bois de bout, et plusieurs d’entre eux sont des tenanciers utiles sur des terres où il y a des marais. Il demande aussi qu’un délai de dix ans leur soit accordé sur l’acquittement de leurs rentes perpétuelles (quit rente) afin de leur permettre de se procurer les ressources nécessaires pour payer les frais de leur concession. La cour d’Angleterre consentit à accorder des terres aux Acadiens et en conséquence tous les Acadiens prêtèrent le serment d’allégeance à Sa Majesté britannique. Nous n’avons pas sous la main la formule du serment qu’on exigea d’eux, mais le document suivant n’est pas intérêt: “Ceci certifie que Pierre Belliveau (II), un Acadien, a comparu personnellement aujourd’hui, devant la cour des sessions générales de la paix de Sa Majesté, pour le comté de Kings, et a prêté le serment d’allégeance et de fidélité à Sa Majesté, selon la formule prescrite par le gouvernement de cette province. Donné sous mon sceing ce 31ième jour de mai 1768. (Signé) Js. Deschamps, gardien des rôles en l’absence du greffier de la paix.” En conséquence de la prestation de ce serment par les Acadiens de Clare ceux-ci reçurent du gouvernement l'autorisation, en 1768, d’occuper des terres dans le township de Clare.