Correspondances

Newspaper
Year
1891
Month
2
Day
19
Article Title
Correspondances
Author
A. P. Landry
Page Number
1
Article Type
Language
Article Contents
CORRESPONDANCES Lucifer fut l’intrus dans le confessionnal M. l’Editeur, Nous lisons dans la Légende Dorée que Lucifer voulant tromper le Prince Henri, se revêtit de l’habit de moine et prenant l’attitude de prélat confesseur, s’introduisit dans le confessionnal où il prétendit entendre la confession du Prince et lui donner l'absolution. Mais avant que l’absolution diabolique eut été prononcée in eztenso, les anges vinrent au secours du Prince et le sauvèrent. Nous lisons aussi dans L’EVANGÉLINE du 20 janvier, que celui qui signe “Un Acadien d’Argyle,” voulant imiter le Lucifer de la Légende, ou en prendre la place, s’est fait l’agent de sa magesté satanique, et, à l’instar de son prototype, s’est couvert du pallium et titre de Prélatus ; puis qu’il s’est faufilé, faisant l’intrus, dans le confessionnal, où il nous dit avoir entendu la confession de son prétendu apostasié et l’avoir exonoré... en prononçant sur sa caboche une absolution à pur et à plein. Cet infime usurpateur de la dignité sacerdotale, lui-même, nous en annonce le fait en latin, disant: “Audivi in confessione mense januarii”... Acadiensis Argyleus... “Prelatus". C’est-à-dire : “Je l’ai entendu en confession dans le mois de janvier”... Un Acadien d’Argyle,... “Prélat.” Comme la formule d’absolution adoptée par le confesseur Prélatus, doit être celle du Lucifer de la Légende, le saint pénitent de l’apostasie doit être rendu chez Pluton par le temps qui court ; car les anges n’ayant probablement pas porté secours à la victime, nous pensons bien que l'absolution aura pris son cours in perpetuum. Je vous l’avais bien dit, M. l’Editeur, que cet individu peut se métamorphoser en toutes sortes de figures. Mais tout dangereux qu’il est, il ne faut pas le faire connaître encore à cette heure. Comme il en a, sans doute, encore d’autres du même parti à entendre en confession, laissons-le, l'insigne Prelatus! dans son confessionnal ; et retournons à la tête de son galimatias déplacé, voir à quoi il s’occupait avant la promotion satanique au siège du confessionnal. Ah! voici, il faisait la classe, car il nous annonce que “la réouverture de ses classes a eu lieu depuis la publication de ma lettre sans queue ni tête du 13 courant..... et, qu'il la lue à ses élèves." Ce n’est pas encore trop mal pour un vieux pédagogue hypocrite! Après avoir lu la réouverture de ses classes à ses élèves, il s’aperçoit que ma lettre est sans queue ni tête du 13 courant. Sans queue ni tête! Certes, c’est bien clair, puisque je n’en avais pas mis dans ma lettre : je n’y avais mis que du corps et de l’âme. Voilà ce qui l’embête et le brouille, notre homme à deux faces, lui qui a coutume de faire ses correspondances et ses articles de fantaisie avec des queues et des têtes. En effet dans sa dernière nous n’y voyons que des queues et des têtes, et une pair d’oreilles d’âne dont il se sert pour mieux s’entendre, afin de juger et corriger les prétendues erreurs que son ignorance crasse et son égoïsme éhonté lui font citer à tort et à travers. Il n’est pas étonnant que les diablotins l’aient pris pour l’un des leurs lorsqu'ils lui ont vu ses longues oreilles si frappantes de ressemblance avec leurs cornes, et qu’il l’ont de suite envoyé au confessionnal faire l’intrus confesseur. A force d’accumulations de queues et de têtes et de citations violemment arrachées à différents auteurs, victimes de ses mutilations, il est venu à bout de surcharger une colonne de L’EVANGÉLINE qui en gémit sous le poids. Le pauvre évaporé! il a tellement la berlue qu’il voit des fautes là où il n’y en a pas, et il n’en voit point là où il y en a. Pour se donner de l’importance, comme il fait toujours, il essaie de faire croire au monde qu’il a une assez parfaite connaissance de la langue française pour corriger qui que ce soit, et même trouver 36 mille barbarismes (ce qui est plus qu’il n’y a de phrases) dans la grammaire de M. Chapsal. Arrivé au comble de la présomption, il mutile et découpe ma correspondance en main morceaux, dont il se sert pour habiller et orner la sienne. Quelle suave supercherie! En effet, les corrections et les critiques qu’il prétend faire n’ont pas leur raison d’être. De plus il n’y a pas d’autre autorité que son savoir qui est bien limité, si nous en jugeons pas ses écrits, surtout sa dernière correspondance. Affirmer qu’on ne peut pas dire : Les attributs de la grammaire,—en agir ainsi,— coiffer le même bonnet que son confrère, &c, &c., et enfin que j’ai masculinisé le mot tête, ne peut être que l’effet de l’ignorance et d’une pédanterie cultivée. Qui ne sait pas qu’attribut est est un terme de grammaire, &c.? Attribut est ce qui est propre à chaque sujet et est la qualité assignée à chaque objet. Donc que tout objet ou sujet a ses attributs. Attributum est singularum rerum singula proprietas. Quant au galimatias déplacés, je conviens qu'ils sont toujours déplacés ; mais quand ils sont la propriété d’Un Acadien d’Argyle, Prélatus, ils sont à leur place ; et quand il les met dans la presse, ils sont doublement déplacés. Coiffer le même bonnet que son confrère, est parfaitement grammatical. Conséquemment, je n’ai point besoin d'aller à confesse au Prélatus, pour avoir péché contre les règles établies en n’écrivant point : coiffer le bonnet de son confrère. Mais à quoi bon de s’arrêter à réfuter les fausses critiques d’un détraqué étourdi? Sa propre composition prouve assez clairement qu’il n’est pas capable de faire le discernement d’une phrase grammaticale d’avec un solicisme, et ni de discerner un terme français d’avec un barbarisme. Jetons un coup d’œil sur sa correspondance dans laquelle il a du déployer toutes les forces de son intelligence et de son savoir, vu qu’il voulait montrer qu’il prétend au Da Magistrum de St. Cyprien. La première phrase de son essai est sans doute selon lui un modèle de construction grammaticale. Vous l’avez lue, M. l’Editeur, et vous avouerez qu’elle est un modèle, un rare modèle de solécisme et de contre-sens.—“ S’est permis une licence sans le vouloir,” n’est pas logique ni vraisemblable. On ne peut pas se permettre une chose sans le vouloir. Il n’y a qu’un Prelatus confesseur qui puisse faire cela, à ce qu’il paraît. “ Une phrase aussi entortillée pourrait peut-être avoir &c. C’est imparfait. Il faut dire: “aussi entortillée que cela, pourrait, &c. Un soldat de plume. Quel gibier! Nous n’en avons jamais vu. Ca doit ressembler à “ Un Acadien d’Argyle. — à accusé à tort et à travers les libéraux de Yarmouth “de faire flèche, &c. S’il le font encore, c’est bien, si non, il faut : “ d’avoir fait flèche.”—Apostasie religieuse et nationale : C’est un barbarisme multiple.—Le paragraphe commençant par “ Lear n’a pas reconnu le comté de Kent qui le suivait sur un chariot...&c, jusqu’à lignée directe, n’est qu’un entortillement de galimatias, de barbarismes et de solicismes. Le Docteur se sert de termes du cru. Tenues du cru, c’est un barbarisme. Il dit cela de son propre cru, il en est l’auteur. M. l’Editeur, je conseillerais à Prelatus de tenir fort à son confessionnal, car voici une élection qui s’annonce et il aura le diable à confesser dans les rangs de son parti. Vous remerciant de l’espace accordé, je demeure votre serviteur, A. P. LANDRY. P. S. “Un Acadien d’Argyle,” alias “Prélatus, qui confesse et exonore de l’apostasie religieuse et nationale, montre plus de sympathie pour les Anglais que pour les Acadiens, comme si les Anglais n’étaient pas capables de prendre leur part et de se défendre sans le secours d’Un Acadien d’Argyle.” Je me suis bien justement plaint de l’influence indue de son parti dans mon élection ; et quoi que les Anglais soient ceux qui auraient dû ressentir le plus amèrement mes remarques, cependant, pas un d’entre eux n’a osé réfuter mes accusations. C’est qu’ils sont certains que je dis la vérité qui est là vraiment palpable. Il fallait un Prélatus acadien “pour faire ce que les Anglais ne veulent pas faire.” Un Acadien d’Argyle, qui n’appartient pas au comté de Yarmouth n’a jamais ressenti les injures faites à la religion catholique et à la nationalité acadienne, comme il paraît ressentir la déclaration que j’ai faite des sourdes menées de son parti contre moi. Car depuis l’élection il n’a pas cessé de crier à l'injustice dont il m’accuse de faire aux libéraux de Yarmouth, et dans sa douleur il se tord de désespoir et braille publiquement en répandant d’abondantes larmes de crocodile. Votre &c. A. P. L.