Des enseignements pratiques.

Year
1891
Month
11
Day
5
Article Title
Des enseignements pratiques.
Author
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Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
Des enseignements pratiques. Ici dans les provinces maritimes, on craint à soulever la voix pour défendre nos droits; on nous taxe de fanatisme et pour cette raison un bon nombre d’Acadiens aiment mieux demeurer inactives que d’avoir à lutter contre ceux qui nous tiennent en arrière dans la marche du progrès. Il est vrai que la population française du Canada est en minorité, mais ce fait ne devrait pas nous empêcher de remplir les devoirs que chaque homme doit à sa patrie ou à lui-même; ce fait n’empêche que les journaux de Québec fassent une guerre ouverte mais constitutionnelle à ceux qui veulent renier à la province sœur le droit de nommer les ministres qui doivent la représenter dans le cabinet fédéral. Citons le Canadien : Le Witness a raison : ne déshonorons pas les hommes publics qui ne méritent pas de l’être. La violence des luttes des partis ne semble vouloir épargner personne. Par malheur, ce sont les Canadiens-français qui sont en ce moment sur la claie, et la presse anglaise prend un malin plaisir à appeler sur eux l’attention du grand public de ce continent et de l’Europe. Ceux qui ne sont pas coupables, ne souffriront que temporairement des injures dont ils sont l’objet. C’est une question de patience et de temps. La conduite de certains des journaux anglais est un enseignement : il nous faut tout d’abord se fortifier chez nous. La politique de Cartier était de s’assurer une majorité dans sa province et ensuite exiger que justice lui fut rendue, à lieu et aux siens. A cette heure, on dirait que la presse anglo-saxonne a résolu d’abattre toutes les têtes françaises. Le Globe, le Mail, l’Empire, la Gazette rivalisent de violence. Mettant de côté les liens de parti, les traditions, ils frappent à l’aveugle, pour ainsi dire. Le sentiment qui se crée dans cette province à ce sujet pourrait n’être pas sans conséquence sur l’avenir du pays. Nous sommes, il est vrai, la minorité. Mais nous ne sommes pas une quantité négligeable. Les partis politiques dans les autres provinces font à cette heure la lutte sur notre dos; c’est à qui nous débinera le plus. Tirons des enseignements pratiques de cet esprit de mépris à notre endroit. Soyons plus prudents, plus purs, plus industrieux. Mettons à notre tête nos meilleurs hommes. De la confusion actuelle vont surgir un nouvel état de choses, une société régénérée.