Serait-ce une joie pour les Acadiens

Year
1892
Month
7
Day
28
Article Title
Serait-ce une joie pour les Acadiens
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
SERAIT-CE UNE JOIE POUR LES ACADIENS Plusieurs journaux, en donnant cours à la rumeur que M. K. F. Burns va être nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, disent que cette nomination serait bien vue de tous les catholiques de cette province. Nous osons dire que cette assertion ne peut être soutenue. Les Acadiens recevraient avec joie la nouvelle de l’élévation d’un catholique au poste de lieutenant-gouverneur; mais l’élévation d’un homme de la trempe de M. Burns qui a fait tout son possible pour empêcher l’arrivée d’un français au poste de juge, qui a abandonné les droits des catholiques du Nouveau-Brunswick et s’est joint aux protestants, pour mieux nuire à l’avancement de notre barque nationale, ne peut être une source de joie pour les Acadiens. Il nous est impossible de recommander la nomination de M. Burns; d’après sa conduite honteuse envers Acadiens, en particulier, et envers les catholiques en général dans l’affaire de la jugerie, nous ne pouvons croire qu’il soit un vrai représentant du sentiment de ceux qui sont attachés à l’Eglise romaine. Pas n’est besoin pour nous de dire que le temps est arrivé où les catholiques doivent insister pour leurs droits. Nos efforts pour faire nommer un juge furent notre premier pas dans cette direction; il était du devoir de nos députés catholiques de faire valoir leur influence et combattre pour les droits de leurs coreligionnaires. Nous n’avons pas réussi dans cette œuvre de justice, parce que nos représentants manquèrent à leur devoir. Plusieurs d’entre eux ont refusé d’appuyer notre cause pour la simple raison que l’aspirant le plus en vue avait eu le malheur d’être né de parents acadiens. C’est M. Burns qui a livré l’opposition la plus acharnée à la nomination d’un français et maintenant peut-on dire qu’il est digne du notre support pour le poste honorable de lieutenant-gouverneur? Peut-on dire avec raison que son élévation augmentera l’influence de ses coreligionnaires? Certes non, son abandon de leurs droits sera toujours une tâche noire dans l’histoire de sa vie publique et son nom un reproche à ceux qui aiment la justice entre les hommes. Mais à part ces considérations, nous ne pouvons voir d’un bon œil l’élévation de M. Burns à une position des plus honorables. Le bruit causé en Angleterre par le chemin de fer de Caraquet, le fait que la Cour de Londres doit envoyer une commission en Canada prendre son témoignage touchant l’accusation de fraude portée contre la Banque Impériale de Londres qui a placé sur le marché anglais les bons de la Compagnie dont M. Burns est le gérant, ne doit pas, selon nous, ajouter beaucoup à ses qualifications pour la position de lieutenant-gouverneur de la province. Il est absolument nécessaire, pour le bien-être du pays, et pour garder intactes nos institutions civiles, que chaque aspirant aux postes d’honneur et de responsabilité, soit claire de tout soupçon et que ses transactions ne donnent aucun droit à la critique du monde entier. Nous ne voulons pas faire d’accusations contre M. Burns dans l’affaire du chemin de fer de Caraquet, il se peut qu’il n’y ait rien contre lui personellement, mais avant de donner notre appui à un candidat quelconque, nous aimerions avoir des explications d’une transaction qui paraît très louche et qui donne lieu à des soupçons qui ne peuvent que nuire au succès de qui que ce soit.