Pas de reponse

Year
1892
Month
6
Day
30
Article Title
Pas de reponse
Author
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Page Number
2
Article Type
Language
Article Contents
PAS DE REPONSE Un mois s’est écoulé depuis que nous avons demandé à nos coreligionnaires irlandais de nous faire connaître leur manière de penser touchant l’attitude de MM. Burns et Adams vis-à-vis les Acadiens dans la question de la nomination d’un juge catholique à la cour suprême. Nous n’avons pas reçu une seule réponse. Nous avons veillé de près tous les journaux -- anglais et français -- et nous n’avons pu trouver une seule parole touchant la question. Il n’y a-t-il personne qui puisse nous dire si nos frères approuvent ou non, la conduite de ces deux députés ingrats? Ce silence est insupportable et ne fait que rendre encore plus sombres les nuées de soupçons qui semblent prendre une force gigantesque parmi nos compatriotes. Faut-il conclure que ce silence est une approbation à la conduite des MM. Burns et Adams? Pour nous, il nous est très difficile d’arriver à une telle conclusion. Nous ne pouvons croire que les Irlandais catholiques du Nouveau-Brunswick soient assez dépourvus de tout sens de gratitude, pour permettre, sans mot dire, que les Acadiens soient ainsi traités par des députés de leur nationalité. Ce ne sont pas seulement les Acadiens qui doivent souffrir dans cette affaire. MM. Burns et Adams ont par leur opposition acharnée à l’élévation d’un Acadien, empêché l’arrivée d’un catholique au banc de la cour suprême. Ils ont préféré appuyer un protestant plutôt qu’un catholique et cela dans le seul but de nuire à une nationalité qui a donné aux catholiques du Nouveau-Brunswick l’influence et le prestige qu’ils possèdent aujourd’hui. En admettant pour un instant que les Irlandais nient plein droit à donner leur approbation à la conduite de ces deux députés, vis-à-vis de la nationalité française, il faut en même temps admettre qu’ils ont le droit d’abandonner les réclamations des catholiques de la province entière, car l’élévation d’un français à la cour suprême ne veut dire ni plus ni moins que l’obtention des droits catholiques. Nous ne voulons pas, par nos écrits, causer la désunion parmi les différents éléments qui composent notre population catholique, et tout en donnant les faits tels qu’ils existent nous ne voulons condamner la nationalité irlandaise à cause de la conduite de deux de ses députés, mais nous refusons, en même temps, de voir sans protestation énergique se dérouler devant nos yeux des évènements qui ne manqueront pas d’amener un état de choses si peu désirable et qui diminuera beaucoup l’influence dont jouissent les catholiques aujourd’hui dans la puissance du Canada. L’union des catholiques est désirable, nécessaire, et il faut éviter les causes qui peuvent conduire à la désunion. Ce n’est pas par l’oppression, l’ingratitude ou en faisant valoir des intérêts personnels que nous réussirons à sauvegarder cette union, ce n’est pas en réfusant aux Acadiens ce qui leur appartient de droit, que nous pouvons conserver intacts les liens qui nous ont unis par le passé. Ce n’est pas en supportant – comme l’ont fait MM. Burns et Adams – un protestant pour empêcher l’arrivée d’un Français que nous réussirons à maintenir une bonne entente entre les deux nationalités qui composent la population catholique de la province.