la Colonisation

Year
1891
Month
3
Day
9
Article Title
la Colonisation
Author
Batiste
Page Number
3
Article Type
Language
Article Contents
LA COLONISATION. SUITE M. LE REDACTEUR, Un certain nombre de vos lecteurs connaissent plus ou moins la grande somme de bien faite à la paroisse de Rustico par le Rév. Messire Belcourt, curé de cette paroisse. En 1859, ce digne prêtre récemment arrivé à Rustico, et si dévoué au bien-être de ses paroissiens, conçut, et mit plus tard à exécution, le projet d’établir sur d’autres terres le surplus de population de sa paroisse et comme il n’y avait pas à obtenir de terrains sur l’Ile d’une tendue suffisante pour former une paroisse de la moindre importance, il a choisi le comté de Bonaventure, dans la province de Québec, pour nouvelle patrie de ceux auxquels il s’intéressait si vivement. Il envoya donc deux personnes bien informées en fait de terrains propre à l’agriculture visiter la localité. Leur rapport lui ayant paru assez favorable il se mit sérieusement à l’œuvre. Il convoqua une assemblée de ses paroissiens pour s’assurer s’il y en avait d’entre eux qui voulait s’émigrer. Etant satisfait sur ce point, il fut décidé que chacun contribuerait selon son bon plaisir pour venir en aide à ceux des moins à l’aise qui voudraient jeter les fondements de cette nouvelle paroisse. En l’automne de 1860, MM. Fabien Doiron et Maurice Blacquière, avec leurs familles et deux jeunes hommes MM. Thomas Doiron et Pierre Doucet, s’embarquèrent à bord d’une goélette faisant voile pour la Baie des Chaleurs; débarqués sur la grande terre, ils se rendirent péniblement à leur destination. Il va sans dire que l’aventure paraissait pour le moins assez hasardeuse et que la perspective n’était pas des plus riantes. Le premier hiver passé au milieu des bois, éloigné de toute habitation, par ces courageux pionniers, fut long et ennuyeux, et bien des fois il fut très difficile pour eux de se procurer les choses nécessaires à la vie, vu la longueur et la difficulté de la route qu’ils avaient à faire pour obtenir ce dont ils manquaient. Mais comme c’est toujours le cas, après le brouillard le soleil nous apparait plus brillant, il en a été ainsi avec ces braves colons. J’invite ces vaillants compatriotes qui ont fait la paroisse de St. Alexis de Metapédiac ce quelle est à répondre si, une fois les premières épreuves passées ils ont regretté les sacrifices qu’ils s’étaient imposés pour acquérir chacun son petit domaine et être seigneur chez-lui. Cette route ainsi ouverte, plusieurs détachements de douze à quinze familles accompagnés de nombreux jeunes gens se succédèrent dans un court espace de temps. Dès que l’avenir de la paroisse fut assuré l’unique ambition des colons fut d’élever un temple à la gloire de Dieu et bien vite ils eurent la consolation d’avoir un prêtre résidant parmi eux. Cet élan donné à l’émigration saine se fait encore sentir. Rustico est une des plus anciennes paroisses de l’île et la plus populeuse en proportion de son étendue, il en est sorti plus de monde que d’aucune autre paroisse. Mais vous en trouverez moins aux Etats-Unis, moins dans les villes, moins dans les usines; par contre vous les trouverez à Bloomfield et à Nouvelle-Acadie, (Rolo-Bay) sur l’île; à Rogersville et Acadieville, au Nouveau-Brunswick et à Metapédiac, et de cette dernière on est à en fonder une nouvelle dont on a déjà choisi le site de l’église qui sera, dit on, connue sous le nom de Saint-Charles. Tout ce petit monde s’occupe d’agriculture […] de la vie de famille et […] beauté. Au lieu de […] sa […] de leurs familles […] autres, et perdus pour ainsi dire, pour ceux qui ont leurs intérêts spirituels et temporels à cœur, ils ont la consolation, avec de rares exceptions, de les voir s’établir autour d’eux, s’attachant au sol où ils ont épuisé leurs forces, avec la presque certitude que leurs petits-enfants suivront la bonne route qu’ils leur ont tracée. Ce qui a été fait par et pour la paroisse de Rustico, peut se faire et mérite de s’imiter par toute autre paroisse dont la population se trouve dans le même embarras. Mais pour assurer le succès de l’entreprise, il faut nécéssairement que le curé en dirige plus ou moins l’exécution. Le peuple Acadien a peut-être plus besoin d’être guidé et encouragé, que ses voisins d’autres nationalités; s’il en est ainsi, il est aussi plus dociles aux conseils, et met la plus grande confiance dans les encouragements de leurs pasteurs. Plus j’étudie cette question M. le Rédacteur plus je suis convaincu qu’il serait beaucoup plus avantageux pour nos acadiens qui se trouvent dans la nécessité de laisser l’île, d’aller s’établir sur les belles terres du Nouveau-Brunswick et des autres provinces du Canada, avec l’espoir qu’après quelques années de labeur et d’économie, ils pourront couler une vieillesse paisible et heureuse entourés de leurs enfants et amis que d’aller aux Etats-Unis se mêler à une population hétérogène avec le douleur quand vient la maladie, l’affliction ou peut-être la misère de savoir leurs enfants, ou du moins le plus grand nombre, dispersés aux quatre vents du pays, comme c’est trop souvent le cas. Comme je ne veux pas ennuyer vos lecteurs à les faire bâiller, j’arrête, avec l’intention de continuer plus tard. Votre, etc., BATISTE.